Le cinéma en Ying et Yang, il n’y a vraiment que les chinois qui arrivent à s’en sortir sur péloche sans sombrer dans un certain ridicule. Eux, ils y vont à fond, over the top, sans se poser de questions. Hollywood va essayer d’y donner de la cohérence, une espèce de logique interne, comme s’il fallait expliquer rationnellement pourquoi Columbo devient toujours le meilleur pote du coupable au début de chacune de ses enquêtes. Autre point important, faire le remake d’un film qui n’a pas 10 ans, c’est nul. Vraiment. Scors’ s’est donc creusé les méninges pour trouver donc un angle original pour cinéphiles: Jack Nicholson, qui nicholsonne à tout va. Il joue exactement comme dans Two Jakes (croute mineure de sa filmo à rallonge, mais où le bougre sortait des quotes de folies du type « écoute bébé, arrête de me faire chier avec tes conneries et montre-moi ton cul que je te baise ». C’est ce qu’on vient voir, un show d’un vieux roublard du cinoche de papa, cabotin comme un Clavier sous coke. L’histoire reste inchangée, à un détail près : pour rendre ce scénar ubuesque (la marque de fabrique des asiats, n’oublions pas l’invraisemblable Old Boy) un peu plus « plausible ». Rappel : un gus de la police, DiCaprio, tout en retenue et en froncement de sourcil, infiltre de la mafia pendant qu’un gars de la triade, ici Matt Damon, rejoint les keufs, on y croit. La version américaine parachute une psy dans l’histoire qui se trouve être la nana du dit Damon mais qui se fait des 5 à 7 avec Caprio, comme par hasard son ex-patient. Un hasard cosmique, voire Lelouchien ! Et le tout dans un sérieux hallucinant, traits tirés, entrecoupé par des morceaux d’actors’ studio sous exta (on est gêné pour Baldwin). La sauce a vraiment du mal à prendre et on se demande ce que Scorsese est allé foutre dans une histoire de mafia de plus, un sujet dont il a largement fait le tour tout au long de sa vie.

(2006)

Puis vinrent les oscars. On peut y voir comme la faillite d’une institution qui décerne un prix à un grand qui cachetonne en filmant un remake d’un film chinois vieux d’une poignée d’années. Mais voilà, fallait bien lui en filer un. A peine produit, hop, on réadapte. A quoi ça rime ? Il y aura un 2. On est triste pour le vieux.

(2007)