On doit se préparer psychologiquement pour aller à Téhéran. Plus qu’à Djerba ou Marrakech en tout cas. On regarde Wikipedia, on apprend quelques mots essentiels, on vérifie sur google earth les pays qu’on survole en poussant un ouf de soulagement… Mais en y réfléchissant, une promenade dans les rues de Téhéran ne peut pas être plus déplaisante qu’une excursion dans Rue Montgallet. Et pourtant, il y a les regards perplexes des gens à qui l’on dit qu’on va passer quelques jours en Iran, ce petit rictus gêné de la personne qui s’imagine que vous allez vous baignez dans les rives du Styx lui-même. Vient ensuite une réflexion step by step sur tout ce que l’on sait, un listing de tous les clichés. On trie les anecdotes et les récits de l’époque du Shah, de la corruption, de ces comas au psychotrope qui ont laissé la place à celui tout aussi flippant du fanatisme religieux. Et il y a le vieil ami Nikita qui a travaillé là-bas qui vous a certifié que « c’était pire que la Russie stalinienne », sujet qu’il maitrise pas mal pour avoir passé un certain temps en geôle communiste. Et finalement, un petit matin, on vous annonce « qu’on y va plus ». Ahmadinejad et ses copains ont eu raison de toute cette préparation méthodique. Il a fallu redevenir russe un certain temps.