Quand on a déjà prouvé qu’on a révolutionné un genre, pourquoi revenir aux sources à part, bien évidemment, pour la thune ? Evangelion, à la fois gigantesque hold-up créatif et vaste supercherie, n’a pas apporté toutes les réponses exigées par une horde de fans. Donc rebelote, des films résumés.

Flashback et tentative d’initiation pour néophytes. XXème siècle, Gainax pitche une série tout ce qu’il y a de plus classique aux TV japonaises. Des jeunes filles sexy, des robots géants qui donneront une ligne de toys, de quoi rassurer n’importe quel investisseur dans un pays qui produit, non sans classe, des séries de géants d’acier pour distraire les enfants dans les cours d’école et satisfaire les gus amateurs de maquettes, les doigts pleins de colle. Sega (à l’époque plein aux as) et TV Tokyo signent vite. Mais assez vite, la série va partir en sucette. Evangelion est un « bridge drama », expression perso’ désignant ce genre désormais abondamment copié, où la majorité des scènes ne montrent que les relations des personnages principaux entre eux, si possible à bord d’une passerelle de commandement, en restant dans le flou complet concernant les antagonistes). Le héros, Shinji, est mort de trouille et on le comprend : son père l’a foutu à bord d’un de ces Eva pour qu’il protège la Terre déjà passablement décimée. Malheureusement pour lui, son tendre papa est sans doute le géniteur le plus dégueulasse du cosmos, au coude à coude avec Fiodor Karamazov et Joseph Staline. Chaque personnage de ce faux huit-clôt a l’air frappé par le drame et la dépression, le tout généralement en non-dit. Les robots sont aussi tout en métaphores freudiennes super appuyés. Le pire, c’est la fin, comme une montée en épingle pour finir par un dégonflement, génie et grosse arnaque à la fois.

« WEvangelion », la nouvelle série de film est sensé re-raconter la même histoire une énième fois mais différemment. Exercice purement japonais (enfin, moins depuis l’avènement des « minisodes » youtubisés), il consiste à écrémer des tonnes de détails, sucrer tous les moments de latence, sabrer les plans à rallonge… Quel peut-être l’intérêt de démonter une série dont le principe même est de faire monter la pression en épingle, par morcif de 20 minutes, pour qu’elle finisse par exploser à la gueule du spectateur ? Le premier chapitre, « Jô », dit : « You are (Not) Alone », se débrouille pour se bricoler des pics dramatiques aux moments où il faut et des moments de béatitude, le tout en full animation magnifique. Mais 6 épisodes, totalement refait, ça passe à toute berzingue. L’amateur sera étonné du choix des couleurs, des logos refaits, de gros détails qui sautent (les children, au revoir), des images 3D pour les méchants (qui restent toujours volontairement non-charismatique), des Eva presque industrialisés… Cadeau bonux, 30 secondes vraiment inédites pour 2h bien tape-à-l’œil.

Mais les newbies, ceux qui n’ont jamais vu la série, ce qui est officiellement le cœur de cible de ces remakes, ils devront attendre des mois pour la suite ? Il y a de quoi lâcher un gros « mouif ». Evangelion a révolutionné l’animation japonaise et en attendant que quelqu’un se décide à venir déboulonner la statue du commandeur, Gainax et leurs sociétés écrans referont les mêmes tripatouillages (plus que 2 films de résumé et « peut-être » une fin inédite, on retient son souffle, mais longtemps). Un exercice qui ne sert pas à grand chose mais qui a le mérite de rappeler qui est le boss.