Les Coen Bros s’étaient vraiment paumés (ouh l’horrible Ladykillers). Ici, comme O’brother, l’histoire nous vient d’un bouquin : “Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme”. Lol hein. Il détaillait assez verbeusement, beaucoup plus dans le film, l’espèce de quête de l’absolue de Chiburgh, un serial killer incarné avec majesté par Javier Bardem qu’une improbable coupe Mireille Mathieu n’arrive pas à tourner en ridicule. Sanguinaire mais austère, il débarque dans le grand ouest caricatural des Coen, n’exprimant qu’une bizarrerie pantouflarde qui n’est pas sans rappeler le martien dans la Soupe aux choux, un peu comme s’il ne parlait pas le même langage. Ainsi pas de gun pour lui, il se balade avec une espèce de bouteille à air comprimé qui sert à tuer le bétail. Il tue comme ça, pour un oui, pour un non, pour un service à rendre ou pour un pile ou face. Une espèce d’assassin retro-bobo. Ce machin sans morale va retrouver sur sa route plusieurs personnages « atypiques » qui, justement, ne font pas trop « Coen » et leur galerie de gueules truculentes qui peuvent en agacer certains. Atypique, n’importe quel expert en immobilier vous le dira, ça veut dire que y’a le plancher de traviole ou un mur au milieu du salon. Josh Brolin, le « samouraï qui ne parle pas » est un nitro-clone de Nick Nolte jeune qui prend la poudre d’escampette car il a chopé une valise pleine d’argent, un deal de came qui a mal tourné. Il ne parle pas, mais il est rationnel et lisible. Mais ce n’est pas la pierre angulaire de l’histoire qu’il faut chercher ailleurs.

De l’autre côté de ce triforce un peu pathétique, il y a Tommy Lee Jones qui joue le même cowboy fatigué de “3 enterrements”, dans la droite ligne des westerns néo-dépressif post 90’s. A la foi énergie motrice du récit et pion à la dérive, il va essayer de retrouver le second avant qu’il ne soit tué par le premier. Retrouvera-t-il le Josh’ à temps ? Il se pose des questions sur son travail et finalement sur sa propre condition humaine. On notera un épilogue sublime qui prend la liberté d’éluder quelques verbiages inutiles du bouquin pour aller vraiment à l’essentiel, tout en ellipse. No spoiler here, mais c’est du Coen redevenu grand, comme on les aime. Pêchu et crâneur, No country for old men n’a rien à voir avec leurs dernières croutes et se permet le luxe d’être maitrisé, conscient de ce qu’il est. La classe totale et un ouf de soulagement.