Alors qu’Hulk a disparu de son comics pour laisser la place à Hercules

Premier bon point : gros tacle à Ang Lee dont le Hulk est tout simplement limogé en une intro kitsch et ultra rapide. Trop affreux, trop “out-of-character”, trop Oedipe là où il n’y que du Jekyll & Hyde, Ang Lee était un très mauvais casting (pourtant dieu seul sait qu’il est doué). Il poussa même le vice à utiliser sa propre gueule pour la motion capture de Hulk, lui offrant un visage de poupon asiatique. Heureusement, l’ Incredible Hulk de ce coup ci ayant été motion-capturé d’après le visage de David Douillet, il est bien plus monstrueux.

L’autre changement de taille : Ed Norton à la place d’Eric Bana. Ed, c’est la classe incarnée, tout comme Robert Downey jr, il donne l’impression que c’est super simple à jouer. Il incarne le freluquet Banner, dans un de ces moments intéressants où il tente de se contrôler. Attention ça va devenir spécifique : Incredible Hulk puise dans le meilleur du run de Jenkins et Bruce Jones où Bruce s’était rasé la tête, et se contrôlait en s’auto-hypnotisant au métronome. Il était aidé par un mec inconnu à l’autre bout de MSN –genre « conspiration ». Toujours traqué, il a désormais un step ahead sur ses adversaires. Heureusement que ce run a pris fin, c’était devenu assez pathétique malgré un super début. « Incredible » lui file le même Némésis que dans cet arc, Abomination, complètement réécris. Il est désormais motivé par la soif de pouvoir et surtout, il est accro au gamma comme d’autres à Koh Lanta, un vrai narcomane en manque. On va dire que c’est un peu moins subtil que la bédé, mais au moins Tim Roth le joue léger, à l’engliche. Passe encore. Malheureusement, il est traité aussi comme un doppelganger du héros, ce moyen d’économiser en histoire pour vite présenter un vilain, à la Iron Monger / Venom et cie. Mouaiff. Mais à part Ed, c’est un peu la cata. Betty (Liv Tyler, un ex fantasme mondial pour ado) est assez pathétique. Ross est difficilement crédible (les opérations débiles sur le terrain et son « envie de disséquer Banner ». Seul Norton surnage au dessus de ses personnages.

Leterrier s’est conformé à la charte du blockbuster alimentaire, tout en plaçant des dizaines d’easter eggs, une extravaganza de gros clins d’œil, de références cryptiques. Ce n’est pas le film de genre parfait, loin de là, mais il rend énormément hommage à la série (avec Bill Bixby et Lou Ferrigno) pour s’en sortir relativement intelligent. Enfin, il utilise habillement le passif bancal de la version ciné/série (Banner se fait sa gama-thérapie par accident et non par un acte de bravoure, en sauvant un môme qui trainait pas loin d’un essai nucléaire, ah les années 60…) pour en refaire un héros, ce qu’Ang Lee avait totalement sabré. Fini Frulk (Freud+Hulk), au moins on revient à “Hulk Smash” !

Pour la peine, c’est un sur 5, avec l’indulgence du jury. Du kiff généreux.