La reconstitution de l’époque de Mesrine est vraiment hallucinante. On a le sentiment d’être à fond dans les années 60/70. Même le Time dropping n’est pas du tout énervant. On appréciera en guest, un Poivre d’Arvor d’époque. Adieu Vat ! Enfin, tout ça jusqu’à la scène d’intro ou plutôt de climax où l’on voit subrepticement une grosse ligne de piste cyclable ! Anachronisme de fou dans un film si méticuleux. Alors quoi, Mesrine gâché par l’improbable alliance Tibery+Delanöé ?

Mesrine 1-2 est tellement ambitieux qu’il aurait sans doute du être proposé en un seul film un poil mieux structuré. Même s’il ne veut pas (désir maintes fois avoué en interview) faire de Mesrine un héros, un chevalier des temps modernes comme Michaël Knight, il échoue sur ce point de manière flagrante, sans doute à cause de Vincent Cassel qui le joue avec über panache . Vraiment, son attitude, ses vannes, son côté gentleman cambrioleur, Robin des bois de pacotille, fait tellement rire qu’il en fait oublier qu’il abat des gardes chasses innocents, qu’il menace sa femme d’un gun dans la bouche etc. Non, ce qu’on retient, c’est les truculentes évasions, la nique au policier. Mesrine 1&2, c’est quand même le spectacle de « Guignol » live, avec le vilain gendarme, et la salle qui fait « attention Guignol, y a le gendarme », et qui applaudit à la fin du spectacle (en tout cas au Grand Rex).

Richet sait vraiment réaliser, il maitrise son sujet, il delivers. Il est tellement dedans qu’il se laisse parfois emporter par ses lubies proto-engagées comme la torture en prison de haute sécurité « parce que c’est mal, regardez, de la torture ». Mais tout en s’accaparant le sujet, il n’aborde que d’une manière artificielle toute la profondeur politique du sujet, se focalisant pas mal sur les meufs de Mesrine. Et là, rien à péter que ça n’enchante pas la dernière compagne (toujours vivante) de Jacques, ça nous permet de se rincer l’œil sur Ludivine Sagnier, totalement unleashed (et topless) dans l’équivalent d’un clip pour parfum. Et pourtant Richet évite assez les effets wannagain et arrive à rendre l’intensité des fusillades et des courses poursuites en bagnoles 70’s. Du coup, résultat bancal, surtout quand on pense aux seconds rôles : Depardieu « larger than life », Cecile de France mieux que d’habitude mais Amalric, seul acteur qui tente de mettre de la gravité dans le jeu guignolesque de Cassel en jouant avec les yeux écartés. L’entertainement brainless sera content d’avoir un actionneur un peu « gray area » qui fait genre. Oui, ce public bêtement ravi, c’est le même qui s’enterre dans la psychorigidité de « ne surtout pas parler politique » même via une figure historique. Ils ont leur Scarface light, leur christ qui saigne, c’est wesh et c’est tout. Les autres seront déçus que ça n’aille pas dans le fond du sujet. Il y a tellement de scènes biens (la fille dans le parloir par exemple) contrebalancé par un propos à la limite de Michaël Moore tout aussi simpliste, suivi un surlignage stabilo sur le meurtre du journaleux de Minute.

Alors que les deux parties balancent un texte « ce film d’après un être réel, n’a pas de prétention de restituer parfaitement le gus qu’il était » qui où, tel Pilate, Richet se lave les mains de toute velléité de faire un « roi du ghetto flick» . Le premier film se termine sur un texte « que sont ils devenu » typique des histoires vrais, alors que le deuxième, peau d’zobi. Alors, touchette ou pas ? Il reste quand même une bouffée d’ambition peu commune pour un film de genre, épaulé par un script en béton qui joue à fond la carte des vieux polars, celles des « gueules », des films de gangster d’avant. Et rien que pour ça, chapeau.