Exercice type de fin d’année: grâce au calendrier d’allociné, on fait le bilan de ce qu’on a vu, de ce qu’on a oublié, des films du défi, de ceux qui ont merité l’impasse etc lesquels on a fait l’impasse et ceux qui restent à voir la dernière semaine. C’est assez consternant, car il y a vraiment pas mal de navets. Du genre, le premier qui vient, Sweeny Todd… Déjà, ça va me mettre de mauvaise humeur. Tim Burton n’a plus rien à dire à part nous vendre son esthétique loligoth archi revue en faisant des films de père de famille chiant. Alors ouais, on commence par un 1/5 Airwolf, un shot de vodka et on commence, par ordre d’apparition.

Rappel: Un film Airwolf, un film du “fuck yeah” 5 Airwolf: ultime, 1 seul Airwolf, frappe comme une fillette

ou

10000 BC m’aurait emballé, mais à 10 ans. C’est grosso modo l’histoire de Ka-Zar fusionné avec Rahan avec, inclus dans le pack, tout le savoir faire en fête foraine de Roland Emmerich, au détriment de toute cohérence. Mais le fait qu’il s’est largement fait incendier partout lui octroie par principe un 2/5 Airwolf, avec bonus points pour les acteurs inconnus. MR73, c’est le néo-polar à la française, celui qui veut être plus dark que les coréens eux-mêmes. Du coup, on voit un Daniel Auteuil aller au bout du tréfonds de la débauche et du pathétique. Gerbe, pluie stylisée, c’est Sin City en couleur, sans humour et à Marseille. Et sans Van Loc. Mention spéciale pour le commissariat qui ferait passer n’importe quel trou à rats pour le Hilton. 2 Airwolf, pour l’initiative. The Darjeeling Limited prend aussi la posture mais dans l’autre sens. Trois frangins voyagent à travers l’Inde pour bond together again. L’Inde, c’est bien joli, mais ça pourrait être n’importe quel coin du monde et tout sonne artificiel, improbable et rend leur conflit familial non-intéressant. Au début, Bill Murray court après le train sans le rattraper et j’aurai vraiment préféré voir ce film là que celui des 3 gus sur fond de musique d’ambiance « forcément » raccord avec les ambitions de coolitude de l’entreprise. Un film aussi authentique que Rachida Dati. Sans moi. 3H10 pour Yuma, en plus d’être un western znul comparé à cette production géniale de 2008, est un remake d’un classique, tout comme The Day Earth Stood Still. Et même si j’empath moins que le film de SF des années 50, on est devant un film d’aujourd’hui qui a complètement, mais alors COMPLETEMENT pas compris son original. Enfin le The Day Earth avec Keenu, j’ai pas osé, mais on va mettre ce jugement sur le compte de la conscience cosmique. Allez, un shot de vodka.

J’ai toujours rêvé d’être un gangster propose une scène vraiment réussie, une seule, et sans doute de l’impro alcoolisée. Le reste, c’est du film un peu wanagain qui fait des manières que de la manière, à l’image de l’affiche photoshopé. D’ailleurs, 8-9 mois, il ne reste RIEN de cette initiative curieuse. Deux jours à tuer, pareil. Dupontel joue encore une fois le mec au bord de la crise, son meilleur rôle (ce qui lui a permis de briller, même dans une merde comme Fauteuil d’orchestre). Mais bon, il est évident qu’il va mourir (spoiler, d’où le titre). Mais il le joue genre « après moi le déluge », d’une manière qui ne correspond pas vraiment à celle de quelqu’un qui va mourir. Assez ennuyeux donc. JCVD par contre, c’est 3 Airwolf; cash. Les deux bandes annonces étaient ébouriffantes, et finalement le film tient la route. Il te regarde dans les yeux, sans jamais te dire Aware et te vend sa sensibilité à fleur de peau. Alors qu’il galère dans sa banque, Grand Belge Malade se retrouve, comme d’autres, face à un braqueur. Une prise d’otage en Belgique ! Alors que les banques sont vides ! A d’autres ! Phénomènes est un Shamala un peu particulier. Pas aussi nul que le précédent, il repose sur une logique débile, du non-sens à l’état pur. Un mec regarde un trou dans une bâche, la séquence d’après, il s’ouvre les veines après un accident de bagnoles. Des mecs s’endorment sous une moissonneuse, youtube balance les images d’un lion bouffe live un humain, pendant que le héros est totalement impuissant. Le meilleur passage : le vent devient le Némésis ! Il se met à souffler derrière des persos à la ramasse qui font « attention ! ». Totalement absurde donc pas franchement mauvais. Souvenir, alias Cheonnyeonhak, est le dernier Im Kwon-taek, le génie aux 50 films (dont 5 sorti en France). Après le sublime « Ivre de femmes et de peinture » (un des meilleurs biopics du monde, j’y reviendrai un de ces quatre matin) et la Pègre, il se contente d’une histoire de chant traditionnel coréen et de tambourin, mâtinée d’un triangle amoureux. Très zen, très lent, un peu décevant. Passons à Wall-E, le film d’anim de l’année, vu que ceux autres studios sont à la limite du regardable. Wall-E, c’est mignon, surtout la première partie, sur Terre. Ca perd de son intérêt dans l’espace mais heureusement, ça retombe sur ses pieds pour une magnifique séquence de crédits finaux, naviguant à travers les courants artistiques de l’humanité. Mais. Cette unanimité m’oblige à réitérer ma passion pour Cars, que tout le monde a l’air de détester et qui est pour oim sans doute le plus néo-classique des Pixars, le film quin-ri par excellence. En plus, c’est le dernier (et brillant) rôle de Paul Newman, décédé cette année. Wall-E, c’est bien; Cars, c’est juste géééééénial. Allez, je trinque à la santé de Paul.

Attention, sur ma liste apparait un dytique de Wayne Wang. La princesse du nebraska devait être si anecdotique que j’en ai aucun souvenir. A moins que ça soit l’alcool. Par contre, un millier d’année de bonnes prières nous raconte l’histoire d’un vieil homme venu rejoindre sa fille immigrée aux USA. Incommunicabilité des générations, nos parents ou nos grands parents qu’on n’écoute pas assez, décalage des générations, Wayne Wang fait ça vraiment très bien, nous faisant bien ressentir ce moment douloureux de la vie avant la mort de nos parents, de cet instant où l’on devient les parents de nos parents.. Emouvant comme une histoire de Smoke prise à part, ce qui met la barre très haut. Star Wars The Clone Wars. Oui, parfaitement, mon neveu a préféré voir ça plutôt que Babylon A.D et il a sans doute bien choisi. Seulement, en plus d’être assez chiant (random épisode sur 2 h, bienvenue dans les années 80), la nouvelle héroïne Ahsouka m’a complètement fait sortir du film. Souka, en russe, c’est Salope. Oui, d’accord. La fille de Monaco est à peu près aussi bon que le pire du pire de Woody Allen, enfin juste le cran au dessous. Dans ce film joli comme une carte postale qu’on trouve dans le tiroir d’un hôtel 2 étoiles de la cote d’azur, seul Luchini fait ce qu’il fait de mieux et fait exister les autres personnages, Roschdy Zem fait le minimum (et pourtant qu’est-ce qu’il est bon, lui, d’habitude) et la fille de la météo fait la random bimbo average. Mais zéro ambition de film, tout en se la jouant. Seul la presse française essayera de vous vendre ça comme un truc sensuello-érotique alors qu’au final, Walou. Pareil pour Intrusions d’Emmanuel Bourdieu, sauf que là, ça se la pète niveau acteur, avec Amira Casar (non, mais ce n’est pas possible, là) et Denis Podalydès (insérer logo sociétaire de la Comédie-Française). Ca non plus, pas possible. Je fais un saut rapide sur Vicky Christina Barcelona Whatevera, lui aussi qui n’arrive pas à grand-chose. On est dans le low tier d’Allen sur fond de dialogues fantômes. Dommage.

logo demandé :

Autant s’arrêter sur la Possibilité d’une île. Oui, je suis allé le voir en salle. Cela fait partie d’un cycle « Bushidô », qui consiste à affronter le pire du film médiatico-bullshiteux du moment avec un ami, brave parmi les braves. Depuis, j’ai essayé d’en parler, de communiquer à ce sujet, mais rien ne peut résumer le spectacle absurde ce qui défile à l’écran. Une secte, Magimel, une secte, des raëlliens, ca marche à côté d’un volcan. Ah et Arielle Dombales, un label qualité de plus. Indescriptible, à la fois émouvant comme un exposé loupé par un élève de CM1 et ronflant d’ambition d’un vidéo-event le plus loupé d’art moderne (VHS dispo pour 18000 €). Rien ne peut expliquer rationnellement cette daube et en même temps, il me reste une dizaine de films et c’est pas fondamentalement celui avec lequel j’ai le moins pris de plaisir. A la rigueur, via une mise en abime du triple prisme “Arte regarde Arte qui regarde France 3 Region”, on peut y prendre son pied. Plus c’est nul, mieux c’est, mais ça n’arrive pas à être complètement de la daube. Un film “François Hollande”: on s’en moque.

Un shot de vodka de plus.

Cliente de Balasko était le nouveau défi de la collection Bushidô (après Injû). Dans toute les interview, Josiane nous disait que le sujet de son bouquin était tabou, qu’on voulait l’empêcher de faire son film sur l’histoire d’une femme qui appelle des gigolos pour prendre son pied et vivre pleinement sa vie de militante à 20€ du parti socialiste (ce qui me choque bien plus que de recourir à un escort boy, mais bon, avis perso). Mais voilà, tabou, on veut faire taire Balasko. Et là je dis : mais non, Josiane, tu le fais ton film, d’ailleurs il est sorti, et en fait on s’en fout. On se contre-fout de son histoire de gigolo, tout comme la propre histoire d’amour de Balasko, véritable fil conducteur du film joué par son propre mec à la ville, m’a glissé mon compagnon Bushidô. Oui, en fait, « on s’en bat les couilles » comme le chante Morsay.

Parlez-moi de la pluie. Jaoui Mk III. Moins fondamentalement laid que Comme une image, mais aussi moins délicat que Le goût des autres, on est dans l’entre-deux du film concept avec Djamel qui se tape des laïus sur l’acceptation des arabes. A part le fait qu’on entend arriver ça comme une locomotive rhétorique d’un Eric Zemmour, ça reste pas si mal, parfois. C’est déjà tellement plus acceptable que la laideur froide de Comme une image. Ca va mieux pour Jaoui. Tropic Thunder. 3 Airwolf. Ouais, que 3, et simplement parce que Tom Cruise m’agace à jouer le « fuck fuck” en décalage avec son image, une figure si classique de l’acteur standard. Sinon, tout le reste, et j’inclue Jack Black dans le reste, passe vraiment bien. Surtout Robert Downey qui survole tellement haut que sa perf est aussi classieuse que son Tony Stark. Encore un verre.

Tokyo ! est la seule dose de Joon-ho Bong (dans la poignée des meilleurs réa au monde) de l’année et ce n’est paaaaas exceptionnel. Un hikkikomori qui tombe amoureux d’une livreuse de pizza va devoir affronter le monde. Plein de bons sentiments, mais what else ? Bah Gondry qui nous la joue « la disparition » dans Tokyovilledugrandnimportequoi.jpg. Plus personnel que Bong et nettement mieux que son Rembobinage de cette année, mais boooon, nothing much. Leos Carax, par contre, on a quelque chose. « Merde », ça s’appelle, et vu un rapide sondage, il divise radicalement le public. Son streum qui sort des égouts et son procès sont une violence assez radicale pour les mecs qui sont venus quémander du cliché Néon-Tokyo, écran-géant-à-Shibuya. Beaucoup plus proche de la littérature russe que du Japon, son moyen-métrage est plus une interrogation métaphysique où j’y trouve une résonance personnelle. Bilan : 4 airwolf, grâce à Carax. Le Dernier Maquis, autre film dérangeant signé Rabah Ameur-Zaimeche, nous invite à explorer le monde de la religion dans une entreprise de palettes, situé dans le no man’s land des zones industrielles à l’abandon. Mao (ça s’invente pas), le patron, décide d’y ouvrir une mosquée, du coup il désigne un imam sans parlementer avec ses ouvriers. Insérer logo Danger. Un film hautement politique et dérangeant sur un sujet qui à priori n’intéresse pas grand monde. Beaucoup moins socio-tendre que Djamel + Jaoui est un film anguleux qui nous rappelle à quel point le « Pas-de-politique » de posture est une grosse connerie. Du lourd chanterait le slammeur lambda un poil niais, mais c’est plus complexe que ça. Mensonge d’état, c’est Ridley Scott qui réalise les mêmes films de son frère, et surtout comme son frère. Et je n’aime pas du tout Tony le clippeur. Ridley, s’il te plait, reviens ! Parce que 1 Airwolf, c’est ce que ça mérite là ! Et pareil pour le duo Jet Li/Jacky Chan, me souviens plus du titre du film d’ailleurs, mais c’était à peine au dessus de Bulletproof Monk, déjà incarné à l’époque par “the man who will be Kamesennin”, Chow Yun Fat.

Le plaisir de chanter réunit Laurent Deutch, le seul gars pas à poil du film (dégonflé), Marino Foïs et d’autres gens aussi nus. Bon, c’est pas parce que je fatigue mais on va aller vite, je sais c’est moche, mais voilà : c’est sans doute une des plus grosses douleurs physiques de l’année pour moi en salle, pas si loin, toute proportion gardé, d’Astérix dans un tout autre genre. Passé complètement au travers, pour tellement de raisons, du jeu outrancier aux dialogues qui se croient drôles à la caméra tremblotante façon reportage momoche à la DV. Mais surtout pas drôle. Ah en parlant de drôle, Step Brothers et Pineapple Express sont les deux dernière livraisons Apatow de fin, faisant du coude dans dans une ou deux salles dans Paris. A chaque fois, la même passion pour les persos du fossé, les loosers, mais sans le pédant des Coen tardif (voir plus bas). Point commun, c’est long à démarrer et puis à un moment, ça explose, le film respire, les enjeux plus importants explosent et surtout, les héros comprennent leur raison d’être. Les courses-poursuites de Pineapple Express sont juste gééééniales. Dans l’ordre d’arrivée 2008, 1) Forgetting Sarah Marshall 2) Pineapple Express 3) Step Brothers 4) Don’t mess with Zohan. Tellement mieux que toutes les comédies françaises 2008. Sauf les randonneurs à saint-tropez, pas vu. Je reprends mon souffle pour The Yards director’s cut, au forum des images, génialissime, sans doute mon préféré de James Gray. 5 Airwolf. (oui ça bastonne un peu). Et la fin “pas nulle” des studios mais celle voulue de l’auteur, la grande classe. Agathe Clery, combo comédie+comédie musicale, ne vient que nous confirmer un truc qu’on savait déjà, que tout le génie d’Etienne Chatilliez est passé dans ses premiers films. Mais, là, on veut savoir : « qu’est-ce qui s’est passé ?! ». Agathe, une leucoderme raciste sur les bords devient toute noire (mal maquillée, on y croit pas une seule seconde) du jour au lendemain. Trop con, elle travaille dans une grosse boite de produit cosmétiques pour peau blanche (LOL). RIEN ne marche. Les choré sont engageante comme les meilleures perfs d’un Kamel Ouali (une bonne dizaine de séquences du genre Eram), tandis que le happy end deus ex machina nous fera regretter le génie croqueur de la Vie est un long fleuve tranquille. Comme disait mon camade Bushidiste, un film qui donne envie de se trancher les veines. Vite, je veux terminer sur une note positive ! Burn After Reading ? Ouais mais non. Joel et Ethan ont réalisent un des films de l’année, faut pas trop leur en demander. Ca cabotine un peu à vide et il n’y a que les scènes de la CIA qui assurent, ce qui ne fait pas bézef dans ce petit monde « aux gueules truculentes ». Ce n’est pas No Country, ce n’est même pas Big Lebow’, c’est une salade Ceasar sans poulet. A noter qu’ils adaptent en ce moment le dernier bouquin génial de Chabon, et là, je suis vraiment optimiste. Vivement ! Je trinque à la santé des Coen bros.

Bon, impasse sur 20th century boy, film live qui m’a donné envie de lire le manga, j’y reviendrais quand le film sortira vraiment. Passons de suite au bon, la brute et le cinglé qui vient boucler l’année pauvre que nous a offerte Séoul. Par le réalisateur de Bittersweet Life, un réalisateur « Hit & Miss » par excellence. Et là, pour Joheunnom nabbeunnom isanghannom, ça marche. Le pitch : un western en Mandchourie avec des coréens et où les japonais sont les méchants. Prends ça, Mitsuhirato ! C’est siii étrange comme ambiance, on y croit pas du tout et pourtant, l’amour du cinéma sous influence (check le titre) fonctionne quand même. Et pourtant, il n’y a pas l’ombre d’une idée perso, allant jusqu’à reprendre au king du remixeur occidental Tarentino, des extraits de la soundtrack de Kill Bill. Flemmard. Encore une fois, le méconnaissable Song Kang-Ho est fabuleux. Ca va à toute berzingue, ça ne se pose pas des masses de questions et quelque part dans cette bouillabaisse asiatique (ça parle souvent plusieurs langues à la fois), le miracle coréen se produit à nouveau. Ce sera un indulgent 4 Airwolf. Oh zut, failli ne pas parler de My Music, par Eric Khoo, que je tiens comme un des meilleurs réa du monde pour Be With Me, et qui mériterait mieux qu’un emballement alcoolisé de fin d’article. Mais OSEF. A Singapour, un magicien fakir élève seul son fils. Pas très bien puisque comme beaucoup d’opprimés par le système, il boit. Il le cogne même de temps en temps. Il se fait exploiter par des noi-chi qui le torturent même. Ca va vite et les brèves séquences doloristes de bouffage de verres et de clous paraissent interminables. Mais son fils est là. En une heure trente, ils s’émancipent, prennent la fuite comme Huck et Jim et se redécouvrent de manière déchirante. Certes, ce n’est pas Be With Me, mais c’est un magnifique vent d’espoir qui souffle dans la nuque, quand on voit le gamin, qui devrait pourtant haïr ce père amorphe et tailladé, faire la paix avec lui-même. D’une délicatesse rare, malgré cette violence on-screen inouïe et sans trucage.

Voilà, il m’en reste encore 2, 3 à voir, et bye bye 2008. Un peu plus tard, le meilleur, le best of the best. Ca va faire du bien de parler que de trucs biens. Karmiquement, c’est mieux.