A la base, je ne voulais pas dire du mal du « code a changé ». Tout d’abord parce que c’est nettement moins nauséabond que Fauteuil d’Orchestre et vraiment mieux joué, notamment par Arditi, bon acteur quand il ne voix off pas pour la Poste. Mais là, Danielle Thompson, elle devient, si l’on en croit le journal off’, officier de la Légion d’Honneur, l’équivalent de la ceinture bleue au Judo. Mais n’importe quel judoka te dira qu’aller jusqu’à la bleue, déjà, c’est fortiche. Ca sent quand même la récompense « merci les copains ». Du coup, un peu remonté, quoi. Des amis lecteurs me diront peut-être « pourquoi regarder des films qui vont t’énerver ». Or, ce n’est pas du tout mon état d’esprit. Après tout, la Buche était vraiment regardable, donc on lui laisse sa chance.

Mais là, c’est vraiment pas possible.

Diner en ville. Chacun y vient avec sa bouteille de rouge, son bouquet et ses petits secrets, ses arrière-pensées. Les acteurs, alignés par morceaux, qui nous font un petit show en solo en duo, pourquoi pas. Le résultat fluctue (pas mal avec Arditi donc) mais coule avec Marina Foïs, qui a décidé de se faire une carrière à la Bacri, toujours un peu dans le même rôle de grincheuse. Karin Viard et Dany Boon sont supportables, mais Emmanuelle Seigner, au jeu « mi-drogué mi-saoul » de la fille lunaire fait passer sa sœur pour une actrice complète. Mais la palme, c’est Patrick Bruel, l’homme sans gray area, entier, qui nous joue, attention on se mord la lèvre, un cancérologue mais « qui en a raz le bol de son boulot puisqu’il voit des gens mourir tout le temps ». Des comme j’en ai jamais vu. A un moment, il rend visite à un mourant, on voit clairement qu’il n’en a pas pour longtemps, il ne parle plus. Il prend sa main, la tapote et lui dit « tout va bien » et en rajoute à sa femme, « tout ira bien ». Et après à minuit, sans doute un samedi soir en regardant Ruquier, il se dit « merde, je les ai pipoté, trop gentil que je suis ». Mais ! Enfin ! Patrick ! Quel type de Pokémon es-tu, là, franchement, pour jouer ça ainsi ?! En fait, même sans le propos arrogant de la comédie sur le « paraitre » et « la dictature des apparences » ne tient pas des masses. Faut voir le monde complètement détaché de la réalité que les personnages nous présentent. Ce formatage gagnant-gagnant sent le calibrage 20h50 TF1 quand y’a pas de séries de profiling.

En fait, j’étais parti pour dire que bon, le code a changé est un succès, réussissant à n’être que médiocre, mais le fait que Danièle Thompson a cosigné la tribune pro-Hadopi (avec notoirement JJAnnaud, le JJAbrams français, Coline Serreau, Nadine Trintignant, Pierre Jolivet et Jugnot, une flopée de gonz de cet acabit) m’énerve encore plus. Qui, grand dieu, voudrait perdre son temps à télécharger ça ? Je suis prêt à foutre mon billet que ça intéresse si peu de monde qu’on attendra un mois avant de trouver un seul torrent de ses précédentes croutes. Besson (Luc) a encore un peu de légitimité, car son patrimoine culturel (keums qui font des galipettes urbaines, courses poursuites) intéressera plus de monde. Et Arditi qui lance son appel solennel à la gauche, en compagnie de Gréco, Piccoli et Le Forestier, pleaaaaze. On pourra toujours souligner le fait qu’aucun de ces mecs n’est concerné par le piratage (T’as déjà pompé du Juliette Gréco ? Du… Le Forestier ?), on a quand même un peu pitié pour eux. Essayent-ils de se donner de la contenance, un peu comme Dutronc jr (un des plus gros vendeurs des dernières années, pas intéressé pas entendu) qui nous parle de génocide culturel. Pleeeeaze. Raah je m’énerve, avec des pulsions de ne plus jamais retourner au cinoche pour ça, de boycott etc. Mais voilà, le Code a changé est à jamais le film « Hadopi » par excellence, un peu parvenu, qui n’intéresse pas vraiment les gens car on l’a déjà vu des centaines de fois mais qui remue des bras pour faire son intéressant. Il te dit « ne me piratez pas » alors que tu n’en veux pas, même pas en rêve. Logiquement, c’est le film Némésis d’un cinéma dont on ne veut pas. Houste.