Ca avait plutôt mal commencé. Dans un anime, il n’y a rien de plus horripilant qu’un gamin. Ah si, un gamin avec un chien. Et Sword of Stranger commence justement par un gamin qui prend la fuite avec son clebs. Il va trouver un rônin comme garde du corps (scénario numéro 3 dans la bible du jidaigeki posée sur l’étagère). En plus, son design me rappelle bizarrement celui du mioche qui accompagne D’Artagnan version japanim’ (sous le signe des mousquetaires), celui-là même qui découvre qu’en fait, Aramis est une fille. Et rien que de le taper, ça me fout de l’urticaire. Et pourtant, Sword of Stranger surnage, esquivant pas mal de tics et de schéma planplan de japanimation. Mieux, le film essaye de rester fidèle au jidaigeki tout en y collant cette arrogance typiquement Ghibli (genre « nous, on l’a fait entièrement à la main »). L’histoire respecte vraiment tous les protocoles du genre, va puiser son inspi’ dans les classiques du western, tout en restant réaliste. Attention, réaliste en japanim, ça veut simplement dire « qui ne fait pas intervenir la magie ». Pour le reste, ça défie les lois de la gravité aussi surement que dans les films avec « des chinois qui volent » L’originalité, la seule, dans cet exercice de style, c’est des bad guys robustes, en fait des chinois (justement !) armées de sabres. Remballé, les ninjas, les scrolls, ce chambara post-Brice Hortefeux essaye de se la jouer tradi.

Il y a vraiment un côté très relaxant à voir des amateurs tenter de restituer un genre qui n’existe plus vraiment. Comme Appaloosa l’année dernière, il établit forcément un degré de connivence avec le spectateur. Et dans le cas de Sword of Stranger, ça fonctionne, il n’a qu’à se contenter de dérouler les promesses de combats « dans les dents » pour séduire. Des lames, des coups dans la gueule, des chinois, plus un vrai plaisir de faire un bon film de genre, ça peut bien me faire oublier tous les combos mômes+clébard du monde.

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