Wolverine était un personnage important et intéressant dans les années 80, ce qui lui fait au moins un point commun avec Phil Collins, Sting et Michel Rocard. Puis les auteurs se succédant, sont venus se greffer des origines plus ou moins réussies ou farfelus. Un gosse qui ouvrirait aujourd’hui un comics du poilu canadien doit se manger 200 ans de backstory, savoir qu’il a été ninja, espion ouest allemand, dans un camp nazi, qu’il s’est battu contre Hitler, qu’il a un lien de parenté avec tout ce qui a des poils au monde, qu’il se bat avec un Muramasa quand il n’a pas aiguisé ses griffes. Bref, too much. A force d’étoffer ses origines, on en a fait une espèce de gloubi-boulga illisible alors que ce qui marchait précisément avec le perso, c’était le mystère. Il faut l’écrire straight forward : il a des griffes, il est balaise, un mauvais caractère et des phrases qui tuent. Et il ne se pose pas trop de question.

Hugh Jackman rentre dans la collection des gros miss-casting de l’histoire des super-héros, presque autant que Nicolas Cage qui a cru pouvoir jouer Superman. Il est grand, beau gosse, Wolverine est petit, sale, rien à voir. Logan est supposé être sauvage, mais ça, on ne le sent jamais. L’historie est un mix entre Weapon X, Origins, God Loves, Man Kills, un assemblage un peu indigeste qui essaye de respecter un cahier des charges de l’actionneur de base. On découvre qu’il est le frère de celui qui deviendra Sabertooth. Oui, l’un a des griffes et l’autre a des longs ongles, voyez-vous, le lien de parenté est évident. En plus ils ont des poils. Et aux chiottes, le côté unique de Wolverine. Ils vont passer une centaine d’année ensemble, jusqu’à ce que Wolvie en ait assez de tuer des gens. Soudainement. Il l’a supporté si longtemps, et paf, il en a raz le bol, dans un random village africain. On le retrouve des années plus tard, bucheron et amoureux, doux comme un agneau. Un fauve ? Non, jamais. Le film échoue encore une fois à nous le montrer bestial. Puis viennent se jeter les clins d’œil appuyés glané dans les trade paper back dispo sur Amazon et les infos wikipedia. Stryker ? White Queen ? Cyclops ? will.i.am des Black Eyed Peas ? TOO MUCH. Et trop mal utilisés, tous. Et Gambit, mon dieu, aussi useless, c’est impossible. Bref, ce fanfic imbuvable cherche à tout prix à avoir l’approbation des fans au lieu de développer une histoire cohérente.

X-Men Origins : Wolverine (bonjour le titre) aura enchainé les couilles comme personne, tout leaké sans CG qu’il est, nous offrant sans pudeur son cable work. En fait, le fait de sortir avec une si grosse faille dans son processus de production ne devait pas le gêner si c’était « un bon film ». Le bouche à oreilles, les mecs. On comprend tout à fait la gueule dépité de Hugh (co-prod aussi), affligé par une telle bévue ? Personne ne veut voir son boulot inachevé jeté en pâture à des mecs qui souvent n’en ont rien à foutre.

Pourtant ce côté blockbuster « petit bras » le fait rentrer dans la catégorie des actionneurs mou du genou. Les explosions font un peu toc et les CG fight, justement trop CG justement. Toute l’initiative sentait le grisou : une histoire trop mal écrite sur des idées vraiment pas terribles. Qui avait vraiment besoin de savoir que Logan avait des griffes en os avant, logé dans ses bras ? Une idée bien tarte à la base pour une histoire sans enjeu. On sait que Wolverine doit finir amnésique au bout des deux heures. On sait qu’il ne va pas crever, pas plus que Sabertooth. Then, who cares de ce qui peut leur arriver ? Ca n’intéresse personne et au cinéma, le résultat est encore plus radical que sur des centaines de pages de comics : ils ont tué un personnage parfaitement viable dont la principale qualité était d’être un mystérieux mec qui tue sans remord, un sauvage qui se contrôle. Ils l’ont ramolli, il est devenu un héros téléguidé pour Happy Meal, ils lui ont enlevé tout ce qui le rendait unique, en lui filant un grand frère UMP. Maintenant ils peuvent passer à une autre victime.

Logiquement, ce sera:

Cependant, malgré tout cela, à la fin. Il y’a une appartition. Un moment clef du cinéma moderne. A la fin débarque…

Oui, parfaitement. Je répète. A la fin débarque…

Il faudrait plus de films avec Supercopter dedans. Beaucoup de séries françaises nulles seraient sauvés. Autant dire que ce blog totalement Airwolf est réceptif à ça.

Devant autant de bonnes intentions, Wolverine est en fait un film cool, en fait. Mais ça s’est joué sur un seul plan.