Eva 1.0, c’était « filez des thunes, vous allez voir qu’on peut faire aussi génial avec un budget de ouf ». Un exercice de style pour bien dire « vous avez vu, c’était pas un hasard, cette série TV, on sait ce qu’on fait ». Evangelion a failli être condamné à vivre dans le reboot de lui-même, un peu comme les œuvres de Go Nagai où Kôji découvre toujours pour la première fois son Mazinger Z.

Shin Gekijôban : Ha. Ha comme destruction. Anno tient ses promesses, il casse Evangelion, à chaque fois différemment, comme pour marteler qu’Eva, c’est son jouet à lui, d’où ses démêlés juridiques avec la Gainax. Il veut son nom et les thunes qui vont avec. Du coup, ça détruit, ça tue, mais au fond, c’est Hideaki Anno, méga supervisor, qui fait pipi autour de son territoire pour rappeler que le boss, c’est papa. Sérieusement, entre le nouveau personnage parachuté de nulle part, les anges aussi transparent que dans nos souvenirs et la poignée de nouveaux Evas lancés dans l’arène, ça passe à toute berzingue. C’est tellement « dans les dents » qu’on ne retiendra que quelques grandes lignes de l’histoire et deux-trois détails pour otaku. Pure shock value.

Mais en fin de compte, Ultimate Eva, comme il aurait s’appeler en occident, brade toujours le même thème, celui d’un garçon qui essaye de se réaliser malgré sa famille, malgré les traumatismes de la vie. C’est toujours aussi bien. Mieux encore ! Avec ce film à grand spectacle mais tellement ambitieux, on arrive enfin à une espèce d’objet canonique du dessin animé des années 90-2000, si sûr de lui qu’il écrase tout autre sujet, comme une discussion politique lancée à la tablée familiale au moment du dessert. Comme film d’otaku mainstream, on va difficilement faire mieux.