Archive for January, 2010

Agora

Agora est une expérience intéressante en soit. Check ça : un péplum intello, sans gros fight, féministe, bon sentimenteux et en plus il renverse les codes. Alors que le brave Ben Hur se convertissait au Christ roi, ici c’est les Chrétiens qui tiennent le mauvais rôle, saccageant la bibliothèque d’Alexandrie. De persécuté, ils basculent en persécuteur. Le dernier des mohicans au pays des philosophes de la Rome Antique.

Based on a true story avec l’exactitude historique d’une page Wikipédia, Raquel Weisz transcende le film. C’est une de ces actrices muses qui concentrent les fantasmes des réalisateurs. On veut la voir dans tous les rôles, sous toutes ses coutures. Ca tombe bien, elle est en toge. C’est Hypatie, philo-astro-mathématicienne, premier véritable martyr athée de l’Histoire. Elle a donc toute ma sympathie. Elle pose même une démo des lois de Kepler un millénaire en avance. Sans doute vierge, elle est prise dans un triangle amoureux impossible entre son esclave et celui qui deviendra préfet. Jamais de mauvais bougres, tous en gray area, pas mal. Mais elle, elle est vraiment belle, donc on lui permet tout.

Le plus relou, c’est le kit lourdingue (importé de Mar Aldentro) à base de Google Earth, de cette immensité cosmique qui s’abat sur le ridicule de la situation qui condamne ses martyrs. “On est peu de choses hein”. Amenabar veut tellement bien faire, avec tellement de générosité voire de naïveté qu’on voit clair dans son jeu. Humain, pataud, coincé entre des enjeux énormes, par moment, on sent que ça mouline. Mais au moins, on lui accordera l’ambition de changer drastiquement les codes. Et puis faut le courage de faire un film avec des mecs en toges et en jupe qui ne se battent pas, ce qui fait généralement bien ridicule. Are you not entertained ? Ouais, un peu. La même en plus modeste.

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Invictus

Invictus, c’est le poème que Mandela file aux Springboks, juste avant la coupe du monde de rugby que son pays organise en 95. En gros, c’est un trophée que le pays s’est acheté, un peu comme la France en 1998.
En réalité, il n’a pas filé ce poème mais un bout de discours de T.Roosevelt. Le spectateur doit donc fermer les yeux sur cette inexactitude toute Wikipédia sinon tout le propos du film tombe à l’eau. Un message martelé avec Le courage, l’abnégation, malgré les souffrances, les humiliations, les Nadine Morano, la prison, la douleur, il ne faut pas baisser la tête. Tu es le maitre de ta destinée. Même en zonzon.

Vous n’avez jamais remarqué que les biopics sortent massivement au début d’année ? Normal, les statuettes sont balancées entre février et mars.
Et rien de tel que du bon gros morceau d’acteur pour choper une statuette. Bonus supplémentaire s’il s’agit d’une star Rise & Fall, “du succès à la drogue à la renaissance” dira la voix off caverneuse. Ah, on aime ça, mais là, non, on a un président méga classe. Mitterand en noir. Et sans cynisme.

Tu sais ce qui est bien avec Mandela, c’est qu’on a l’impression qu’il a vécu toute sa vie pour être incarné par Morgan Freeman, et pas l’inverse. Ce mec est fantastique. Morgan, hein, Mandela lui, est littéralement déifié via Invictus. Il est si puissant, si pur, qu’il n’a jamais téléchargé de musique illégale ni même voté Bayrou. Mais Morgan, putain. Ca doit être son douze millième film à fond d’antiracisme, le mec, on ne s’en lasse pas. Profitons de lui pendant qu’il est là. 72 ans, l’âge où on devient gaga, que l’on s’engage à la NRA ou pire, qu’on décide de vivre en Suisse. Morgan, lui, droit dans ses pompes.

Filmeur de sports des 90’s, Eastwood ? One Million Dollar Baby jouait la même carte, la tragédie en plus. Je regrette vraiment le côté stabilobossé de la démonstration. Que ce soit par la famille abjecte de la boxeuse parachuté au final pour bien montrer que ceux qui vivent des allocs sont des connards ou bien des séquences “United Colors” monté avec musique si sirupeuse… Même Addidas n’aurait pas osé faire aussi cheezy au temps où le charismatique Zidane faisait le porte-manteau. Aucune explication sur le power up mystique de l’Afrique du Sud. The Hand of God, ptet ? Et pas un mot sur le mythique match contre la France et ses fautes sifflées par dizaine. Il faut rester capitaine de ton âme, mec, et tu feras des coups de pied sautés à la gueule. C’est tout.

Eastwood fait de la démo. Il pouvait se le permettre à fond la caisse sur Gran Torino, c’était sa confession à lui. Là, c’est juste un film à oscars, de la métaphore lourdingo, du bon sentiment qui fait mal aux dents. Avec des morceaux d’acteurs dedans.

Mais seulement parce que j’aime le rugby.