Je crois que j’ai aimé Juno au moins autant que de voir Ségolène Royal investie à la course à la présidence par le PS. C’est dire le morceau de haine que je voue à cette sauce faussement Indé et putassièrement cool. Mais bon, donnons lui sa chance.

Peau d’zobi. Complètement superficiel, In the Air ne s’investit jamais, ne prend jamais position, enfin jamais plus que « le chômage, c’est mal». D’ailleurs j’ai appris après coup que les chômeurs qu’on ne voit que quelque seconde à l’écran se faire virer sont de “vrais précaires”, dans la vie. Seulement pour quelques secondes, hein, après on revient à des professionnels. “Pro”, l’habillage du film l’est parfois, façon smart clip sur musique cool que les gens s’envoient d’habitude, entre facebook et twitter. Ca sent encore l’indy des dessous de bras.

Virer les gens, c’est moche, alors on a pensé que le faire via George Clooney, c’est mieux. Casting exceptionnel, c’est la plus grande réussite du film: Clooney dans son meilleur rôle, lui-même, en vieux beau «toujours un peu dans l’adolescence ». Il nous joue son menu best of, la palette entière, du refus d’engagement au sourire en coin pince-sans-rire du mec qui boit un verre de whisky habillé d’une veste sans cravate. Vous le reconnaissez ? C’est Docteur Ross d’E.R à Nespresso en passant par Bruce Wayne en col roulé. Son perso passe sa vie dans les aéroports, en transit, allant de ville en ville pour virer les gens. Du coup double dose de cynisme : il vire des gus, ok, mais il y a aussi la mélancolie de la solitude. Il vit en chambre d’hôtel, tout seul et tout fier de sa propre vanité à griller la file d’enregistrement des bagages. Vu le dédoublement Clooney, le film va forcément se déjouer de lui et le remettre à sa place.

2 heures d’In The Air, c’est comme un podcast où t’écouterait Frédéric Lefebvre (ou Benoit Hamon, ça marche aussi) te récitant les discours en creux de la politique générale de son parti. Le fond politique d’un twitteur du vide. Ne reposant que sur le setting de ses personnages (deux jolies filles en bonus) le film ne prend jamais position. Zéro intention. Une sensation immense de vanité qu’In The Air entretient avec un certain cynisme. Le cinéma du vent.