Le problème des blockbusters, c’est que ce n’est pas un floppy comics de 24 pages chaque mois. On parle d’une machine qui prend deux années à se mettre en place. Rien à voir non plus pour le budget. Un block ne peut pas se permettre d’être moyen, mal écrit ou moins rythmé. Malheureusement ça se sent vraiment sur Iron Man, partant avec le capital sympathie bien puissant du précédent épisode. C’est que ça nous paraitrait presque facile, de voir Robert Downey cabotiner aussi bien en armure qu’il ne le fait dans Sherlock Holmes. Mais même ses quotes et ses répliques snipés ne peuvent contenir le train en marche qui va dérailler, juste après la (superbe) scène de la course de F1.

D’où vient cette impression désagréable que procure Iron Man 2 en parachutant ses personnages ?  Samuel Jackson a l’air aussi à sa place que dans Star Wars les préquelles. Tu sais, en Jedi plein de sagesse. Scarlett Johansson remplit brillamment sa tâche de secrétaire sexy à la jupe serrée-et-un-peu-fendue, mais son uniforme de Black Widow rend moins bien que les photos photoshopées des couv’ de magazine. C’est à ce moment que j’ai compris ce qui me tracassait. Ces deux personnages trop peu développés, mal exploités, c’est du Spam, de la publicité clandestine pour le film suivant, Avengers. Au lieu de se contenter de faire un bon Iron Man, ils ont décidé d’aller au delà des easter eggs qui n’intéressent que les fanboys, balancés après les crédits des films sans que ça n’emmerde personne. Samuel Jackson arrivant dans ton film tel un pop-up pour te prévenir qu’un autre va débarquer dans deux ans, c’est comme Marcel Desailly qui te rappelle de parier sur internet. Merci les mecs, mais non, ça ira.

Dans le peu de temps restant, t’aurais voulu voir un peu plus de Pepper / Stark, la dynamique qui fonctionnait pas mal plutôt que des vannes avec Happy Hogan, toujours joué par Jon Favreau lui-même. Développer peut-être plus le rôle de Mickey Rourke (qui joue le russe aussi bien que les flics français, un désastre, ces mecs) ? Lui trouver un autre design un peu moins ridicule ? A la place, ça sera Tony Stark qui mange un doughnut. Affalé sur un doughnut géant, façon Simpsons. Ca sera une séquence où il urine dans son armure. Really, les mecs ? Vous n’avez pas lu d’Iron Man en deux ans ou quoi ? Et puis l’intrusion de War Machine dans le monde de Tony Stark fait perdre à Iron Man tout son côté unique, dans son propre film. Même les bastons ne sont pas géniales (la fin, ouch). Stark passe même pour un créateur de second ordre devant Howard, son père, présenté comme le vrai visionnaire dont il ne fait que récupérer le taf. N’en jetez plus. Trop souvent out-of-character, pas assez concentré ni appliqué, Iron Man 2 se contente mollement de singer le premier en alignant les erreurs bêtes servies avec paresse. Comme quoi Robert Downey Jr ne peut pas tout faire tout seul. Alors si même Scarlett Johansson en combi moulante n’y peut rien, ce sera…