Inception
Dans la collection “les blockbusters 2010“, Nolan essaye et expérimente sans toutefois aller aussi loin que Film Socialisme de Godard. Victoire pour la Suisse.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre pour un site qui se dédie corps et âme à l’amour de Batman qui défonce le crâne des punks la nuit, Dark Knight le film n’a jamais été ma came. Scènes d’action filmés avec la qualité d’une webcam, persos beaucoup plus caricaturaux qu’ils ne devraient, histoire tirée par les cheveux qui se croyait maligne, DK essayait trop, trop difficilement et trop longtemps. Rien que de repenser au voyage alambiqué de Batman à Hong Kong me file des frissons et justifie le changement de plage instantané sur le DVD que je n’ai pas. Flashback sur l’histoire : les méchants, au lieu de répartir leur fric dans différents paradis fiscaux, avaient décidé de foutre tout le pactole, la totalité de leur motherf*cking capital sans exception, dans une banque de HK. Dude, pas besoin d’être la femme d’Eric Woerth pour te dire que c’est une connerie. Ah mais j’oubliais, depuis l’année dernière, les paradis fiscaux n’existent plus. Merci le gouvernement qui essaye aussi de tuer les storylines des films de Chris Nolan.
Because Inception, il s’agit encore de ça, comme si Nolan était connecté 24/24sur boursorama.com. En fait, un japonais (Ken Watanabe, l’asiat cinquantenaire à Hollywood 2010) va demander à Cobb (Caprio, encore Shutter Islandisé) d’implanter une idée dans la tête de son concurrent en business, pour qu’il démantèle l’empire financier de son père dont il va hériter sous peu… wha… whut ?
Là, c’est Dark Knight à HK all over again, là. Overthinking à mort… Normalement, dans les affaires, on fait ça à la russe, tu kidnappes, tu laisses marcher dans la toundra coursé par un tigre jusqu’à ce que le mec accepte ton deal. De toute manière on se perd facilement dans la toundra.
Inception va passer une bonne moitié de son temps à expliquer sa propre mécanique. Cobb rentre dans les rêves. De plus en plus profondément, jusqu’à construire différentes strates, le rêve dans le rêve etc. Ok.
Sidenote : il y a longtemps, j’ai enfin lu Death Note. Genre “bon, bah voyons ce que c’est finalement…”. Le pitch, rapido : c’est l’histoire d’un mec qui se retrouve avec un cahier qui lui permet de tuer les gens. Et puis il est accompagné d’un Dieu, histoire que ce ne soit pas un manga-monologue. Car quasiment sur toutes les fucking pages, ça blablate sur comment tuer les gens, comment ça marche et ce qui fait que parfois, ça ne marche pas. C’est l’essentiel du bouquin, des dialogues : “Alors si j’écris que je vais le tuer dans 10 h, mais qu’il prend l’avion et que le décalage horaire fait que… sa belle-mère…. rasoir… Nadine Morano… un vélib…. et bien dans ce cas, ça ne le tuera pas.” Des règles par kilo-tonnes, à rendre jaloux un étudiant du Talmud. Et si je te parle de Death Note, ce n’est pas simplement parce que c’est encore tout frais, mais aussi parce qu’Inception va un peu te monologuer la gueule pour t’expliquer comment plonger dans un rêve ça marche dans le monde de Nolan. Tout en allant nier complètement ce fonctionnement dans l’autre moitié du film ! Alors à quoi bon passer autant de temps sur un mode d’emploi à nous expliquer de ne pas brancher son transformateur sur 110v sur du 220 alors que ça marche…
Retour à Inception. Tout le monde ne peut pas avoir un mécanisme bien raconté. En quelques conversations casuelles, menotté dans un commissariat, Kyle Reese t’explique que le futur est niqué. Qu’un robot meurtrier arrive. Qu’il ne pouvait pas venir avec des armes, seuls les organismes résistent au voyage dans le temps. Matrix te fait un tuto aussi, pas aussi bien amené, mais avec du kung fu au milieu. Inception, il faut être prêt à se farcir du blabla dans la gueule. Heureusement, tu auras Ellen Page, une architecte de rêve qui ne sert qu’à te rincer l’œil, en vrai.
Heureusement, il y a une scène d’action, LA scène du film, quelque part, à un moment. Avec Joseph Gordon-Levitt, qui fait oublier sa prestation dans l’horripilant 500 days qui te passait du Carla Bruni (et Gi Joe si t’as pas pu test). Malheureusement, elle sera intercalée, strate de rêve oblige, avec une des scènes d’action les plus facepalm de tous les temps, une fusillade dans la neige, filmée comme dans Living Daylight – tuer n’est pas jouer avec Timothy “The Man” Dalton. Voilà qui donne un peu toute l’ampleur du problème. Nolan, il n’a pas feuilleté les books des grands. Cameron, McTiernan, tout ça, il connait pas. On dirait qu’il filme ça au pif. Mauvais choix. Y’a un truc qui ne colle pas en termes de cadrages, d’énergie. On s’imagine le dilemme en scène de montage, vu qu’il ne peut rien modifier sans flinguer ses couches et ses sous-couches de rêve. Ironiquement, c’est quand les mecs ne bougent pas qu’ils sont mieux, façon bégé à la Tom Ford. Comme des gravures de mode.
En 1997, Arsenik (oui, je ne quote pas que Lionel Jospin) prophétisait que “l’amour, ça tue, la haine ça maintient en vie“. Et Cobb, pour lui c’est la mort, tellement il est trauma, hanté par sa femme qui l’a quitté. Jouant dans le même registre hystérique qu’Adjani (journée de la jupe, never forget), Cottillard est sans doute à elle toute seule l’idée la plus intéressante du film. Entre l’amour perdu et la magouille des premiers du Cac 40, c’est elle qui donne une consistance un peu humaine (rappelons que le seul enjeu du film, c’est de rendre un mec immensément riche encore plus riche). La victoire des outsiders, même celle de Hans Zimmer dont on croyait le compte réglé..
Quelques bonnes idées noyées dans un océan de failles, ça te plomberait même un actionneur. Il lui faut une motivation et celle de Cobb est tout simplement absurde. Car à part enrichir Monsieur Nakatomi Plaza, il rêve de retourner élever ses enfants malgré son interdiction de rentrer sur le territoire US. Hé, mec. Qu’est-ce qui t’empêche de les faire venir à l’étranger ? Y’a pas d’école à Paris ? Allez, soyons fou, même à Genève ? A moins que le point le plus crucial de l’opération, c’est qu’ils grandissent dans une baraque du Wisconsin ? Tout miser sur une pseudo-complexité qui flattera l’égo de ceux qui adhèrent au détriment d’une logique interne (hey, who watches the Watchmen !), c’est le mauvais pari résumé par un twist final digne du Nouveau Centre.
Ce qui est pas mal pour ce qui va être le futur Love⁄Hate movie de l’Internet.
edit : Ow man, le jour d’Inception Robitics, je trouve ça qui résume fucking tout. Même pas spoiler.
Print article | This entry was posted by Kamui on 12/08/2010 at 09:24, and is filed under Cinématographe. Follow any responses to this post through RSS 2.0. You can leave a response or trackback from your own site. |
about 13 years ago
Houra. En tant qu’autre gros fan de Batman, ça me fait plaisir de voir briser la belle unanimité autour de DARK KNIGHT (qui m’a vraiment beaucoup énervé). Pour le reste, j’ai plutôt aprécié l’aventure INCEPTION notamment pour son exposition qui n’en finit jamais et ses règles du jeu qui s’éternisent. Il y a un moment j’ai complètement cessé de suivre la logique du flm mais ça ne m’a pas empêché de continuer à aprécier les images. Beaucoup de trop de coups de feu cela dit.
PS : Classe la référence à Lino.
about 13 years ago
J’ai rien compris à la critique (et j’ai pas vu le film mais on m’a résumé le pitch).
Puis en fait…
Le délire sur Death Note et tous les trucs pas captés… C’est pareil, un assemblage de strates qui nous perdent… J’ai vu juste ou bien j’dois oublier mes années de L?
about 13 years ago
@Yacine : “tchitchi, une saison blanche et sèche”. Dark Knight aussi, même problème, un film qui te flatte. Et des accroches toutes trouvées pour la presse généraliste : “des super héros enfin adultes”.
@Josh: avec le film c’est “plus clair”. En fait Death Note, c’est surtout l’accumulation de règles. Inception fait pareil mais avec une petite étoile X sauf exceptions. Comme les assurances.
about 13 years ago
Nan nan x_x
J’parlais de ta revue qui était postée en “strates” d’idées, comme pour nous dire “Voila ce qu’on ressent en matant Inception: On sait plus où on en est”.
about 13 years ago
HAAAA!
J’avais zappé c’te review mais j’ai enfin vu le film…
Et en fait, tu as zappé l’idée principale du film, sans même aborder le fameux plot twist final v_v
Bon d’façons je connais le vrai sens du film. Et j’doute que tu veuilles en discuter vu que tu n’as pas aimé et que le “Toupie or not toupie” ne semble pas t’intéresser XD
about 13 years ago
Alors il ne m’en reste pas tant que ça en fait… J’ai failli le revoir dans l’avion, histoire de voir à partir du moment où ça devient un peu bandant. Mais à la place… j’ai revu Toy Story 3. Airwolf, mec.
La toupie, non, m’interessait pas trop dans le sens où ça n’a pas vraiment d’importance pour que le film existe ou pas,
so what’s le vrai sens alors ?
about 13 years ago
La toupie tombe (même si ça prouve “rien”) mais l’équipe du film a réussi à te mener dans une sous-strate d’une sous-strate d’une sous-strate de ton subconscient et a fait une…Inception sur le spectateur. En réalité chacun des personnages de l’intrigue joue le rôle d’un membre d’une équipe de cinéma (du réalisateur à l’acteur) pour démontrer le travail qu’effectue une équipe de cinéma (et donc un film) sur notre subconscient.
Mais bon je comprends. Ca manquait de contexte politique. Un bon petit “Mon subconscient tu l’aimes ou tu le quittes” et de suite, ça l’aurait fait.
Et je t’en veux, t’as TOUJOURS rien écrit sur l’annual de Batman Inc. en France (avec “Lily Urbana J’sais-plus-quoi”, la copie à peine pas masquée de Keny Arkana, plus les bat-embrouilles entre Carla et Batman…).
about 13 years ago
sinon dans l’avion retour j’ai vu tout le passage que j’ai manqué en m’endormant dans inception.
Man, je reviens juste de vacances, je finis de me rerelire Next Men et ma pile de comics et je m’y mets. Et puis tu verras masse de truc à venir en fait, fin d’année oblige.
about 13 years ago
Bon bon ok j’te fais confiance x_x
about 13 years ago
Alors, heureuse ?^^
about 13 years ago
Franchement ouais, j’m’y attendais et “Anonymous Delivers”.
Suite sur l’autre page.