Première surprise, le dernier Ghibli nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui va apprendre que-grandir-et-puis-plus-généralement-la-vie-c’est-pas-si-facile. Ca va, pas trop choqué ? Passé cette surprise, on découvrira une œuvre malade, avec un Miyazaki qui s’est juste contenté d’écrire le script. En espérant qu’il garde des forces pour l’hypothétique Porco Rosso of The End.

Le trailer :


“Arrietty la Chapardeuse” est une adaptation de plus d’un roman occidental d’easy fantasy (pas lu, pas intéressé non plus) de la part du studio qui envisage sérieusement de mettre la clef sous la porte. Ghibli n’existerait alors plus que comme une machine à licences, dealant les droits de peluches et les futurs caméos dans Toy Story 4, 5 et 6. Pas une histoire de pognon, ça, ils en ont. Le vrai problème tient à une histoire de succession  qui ne s’est pas faite. Personne pour reprendre la place du mentor alors du coup on colle à Arrietty un certain Hiromasa Yonebayashi de 37 ans qui nous fait déjà un film de vieux, lent, d’une nostalgie toute empruntée.

Ici il n’y a pas de mascotte rigolote, ils l’ont laissé à Ni no Kuni (le dernier vrai projet du studio?). A la place on a Arrietty, une jeune fille et sa famille nucléaire. Ils sont pas plus hauts que trois pommes et vivent dans les entrailles d’une maison de campagne japonaise, dans une baraque qu’ils ont bricolée un peu comme les Minipouss. Remember.


Dans le rôle d'”Eric le Grand”, Sho qui a malheureusement une maladie mais qui espère une opération prochaine. Une rencontre, un premier amour impossible. Mais une fille de 6 cm plus un garçon malade… Un indice sur ton écran, ce sera un huis clos minimaliste et l’action va se limiter à son strict minimum. En fait, non, il y a une scène d’action : quand Sho se lève avec la petite Arrietty sur son épaule. Après une heure et quelques. Wow, full achievement. Blague à part, c’est une scène absolument géniale, très à contre-courant des héros de la tradition Ghibli qui défient la pesanteur et l’endurance humaine. Mais c’est aussi la seule fuckn’ scène intéressante. Le reste du temps, on est dans l’exposition de la vie d’Arrietty et de sa famille, comment ils voyagent de meuble en meuble et qu’ils empruntent ça et là un morceau de sucre. C’est le propo simili-gauchiste de l’histoire : ils vivent en chapardant et en empruntant, sans jamais se faire voir par “les grands”.

Heureusement, il y a quelques petits bizarreries typiquement Miyazaquiennes que j’adore. Voici mes quelques observations. D’abord il y a le personnage d’un père solide, vaillant et brave, un mensch comme on en trouvait il y a longtemps chez Miya. A contrario, la mère est un véritable boulet : laide, moche, pleurnicharde, incapable, le fait qu’elle se fait capturer dans sa cuisine où elle passe sa journée résume bien ce qu’il y a à en penser. Et puis il y a un némesis savoureux, une vieille dame très proche du traditionnel Gargamel “Je vous aurai, mauuuuudits Schtroumpffffffffffs, gnéééééééééé”. Et puis une petite vieille en méchante, c’est pas vraiment dans l’air du temps de Tokyo qui cherche plutôt ses centenaires encore vivants. On n’atteint pas le bizarre au summum détenu par Ponyo qui rencontre une femme qui donne le sein à son gosse. A la place, on a Cécile Corbel en mode Joe Hisaishi celte. Des images song durant ton Ghibli, pas courant. Elles sont assez réussies et sans déconner, même sans paroles, c’est ce qui swingue le plus dans Arrietty. C’est couillu.

Un extrait : With you(あなたと共に)

Mais moralement, l’idée de trouver un héritier légitime à Miyazaki est un peu flippante. Voir une faction de copycats cuisiner à peu près la même sauce des années après sa mort, avec les mêmes jeunes filles découvrant la vie sur fond de paysages mélancoliques déjà vus, oauif. Dans Arrietty, Miya lui-même donne des instructions, clefs en main, comme aux derniers jours de Mitterrand. Arrietty, c’est un peu ça, de la ventriloquie, un exemple où la caricature de néo-nostalgie sent le film posthume avant l’heure. Please not.