La fluidité d’un coup de pied dans la face d’un ennemi pas casher.

J’adore X-Factor. C’est du Peter David pur sucre à son meilleur, un combo d’amour des super-héros low-key, de sitcom et de drama intelligent. C’est régulièrement la valeur sûre des X-tiles. Mais là… Là… c’est une des couvs les plus anxiogènes ever.

Lui, un bisexuel qui entretient une relation homo avec un gus typique des années 90, avec des poches plein la ceinture et des épées. Elle, une femme qui se transforme en loup (Wolfsbane) qui fait croire à son coup d’un soir qu’elle est enceinte de son enfant alors qu’elle a couché avec un Prince Loup Asgardien. Plus creepy, tu meurs. Mais je te préviens, quelques paragraphes au dessous, c’est encore plus creepy.

J’aurai voulu ne parler que de trucs biens cette semaine, mais deux nouveaux produits Millar en même temps, l’occasion est trop bonne.

Kick Ass 2 reprend où le comics (et pas le film, hein) s’était arrêté. Oui, cette même série qui essayait de nous faire croire qu’un mec qui se fait poignarder puis broyer tous les os du corps revient plus fort qu’avant pour tabasser et tuer deux gangs, portoricains et blacks, égalité parmi les majorités délinquantes, bah c’est COMME DANS LE MONDE RéEL. Le high-concept de Kick Ass. Dave revient donc et continue de tabasser des délinquants, plus fort encore puisqu’il s’est fait entrainer par Hitgirl. Qui se moque de lui parce que, hé, mon con, tu deviens pas fort en lustrant les bagnoles pendant un mois, “ici c’est la vie réelle”. Mais par le biais d’une ellipse, on voit que le monde de Dave va se péter la gueule jusqu’à ce que son identité se fasse outer au grand public.

Pas de surprise, Kick Ass 2 est tout aussi irréaliste que le premier. Il est un chouia moins bien dessiné aussi, Romita se contentant de breakdowns pour laisser Tom Palmer (bon choix) de terminer le boulot et d’encrer le tout. Et puis c’est Millar, sans surprise : dans tous ces “2”, il se contente de casser ses jouets. Moyennement recommandé.

Vaguement évoqué la semaine dernière, Superior est le nouveau Millar associé à Leinil Yu qui nous ressort là son trait le plus pâteux depuis Birthright ou Secret Invasion. Il y a des cases où tu demandes ce qu’étaient vraiment les vraies intentions des personnages. Mais en tout cas, il dessine bien les singes de l’espace, un truc que Millar a choppé chez Morrison. Ce singe de l’espace arrive dans la chambre de Simon, petit gamin sclérosé. Il va le transformer en super-héros, celui-là même dont il rêve jour et nuit. C’est un peu comme si tu te retrouvais les jambes brisés et qu’on te proposait de te transformer du jour au lendemain en Yamcha. Qui est quand même l’être humain à cheveux le plus fort de la Terre. Think about it. Et c’est à peu près tout ce qu’il se passe.

Pendant des années, avant de devenir un chouia mégalo, Millar a écrit (avec plutôt du succès) Superman Adventures, la série for kids de DC. Il essaye ici de refaire le même trip d’un récit simple, moins sombre. Je rappellerai juste que le dernier truc que j’ai lu de lui, le méchant kidnappait un frère et une sœur et inséminait la fille avec le sperme de son frère (gay au passage) en bidouillant l’ovule pour faire en sorte que s’il y a avortement, elle ne puisse plus avoir de gosses. I kid you not. On pourrait croire que les histoires plus simples à la Superior lui permettrait d’être plus léger. Pour l’instant, ça l’est. Pas difficile. Mais ce n’est pas intéressant. On a vu la même chose des dizaines de fois, que ce soit Captain Marvel, Donald Blake dans Thor etc… Le problème de Millar, c’est qu’il essaye de faire des histoires déjà faites mais avec franchement moins de talent. Je ne parierais pas ma chemise sur Superior. Allez, something else.

Je vais finir par croire que Straz, JMS aka Straczynski le fait exprès. Chaque mois, c’est son comics qui a le droit à ma noix d’honneur. On avait vu Superman pédant qui marche. Superman qui regrette que Castro soit en vie. Superman qui se la joue Hortefeux et qui fait la morale à des extra-terrestres pas aussi intégrés que lui… J’avais quand même réussi à en dire du bien cette semaine en me souvenant de Ninja Assassin. Sans déconner. Mais là ça dépasse tout. Superman rencontre Batman. Ah il est loin le temps où ces deux-là étaient heureux de se retrouver.

Petit comparo comme on dit dans le jargon du jeu vidéo. Prenons un autre héros DC écrit par quelqu’un d’autre. Au hasard.

Dans the Return of Bruce Wayne du mois (signé Grant Morrison et ici numéro 5, brillamment demi-dessiné par Ryan Sook, sans doute n’a-t-il pas eu le temps), Batman se retrouve dans les années 20-30ish. C’est dark et moody. Mais toute la série repose sur un Wayne qui ricoche dans le temps et les générations en redécouvrant instinctivement ce qu’est être Batman. En gros, il se bat contre l’amnésie et, marchant sur le pas de ses ancêtres, il lutte contre l’Histoire lui-même. How cool is that ?! Mais regardez-le. Il est classe. Il cogne dur. N’aime pas les armes à feu. Et se permet un peu d’ironie devant la jolie dame. 80 années d’écart avec nous, mais un personnage cohérent, bien écrit. En 2 panels, même sans son uniforme, tu comprends qui il est. C’est mon Batman.

Téléportation.

2010, Superman arrive à pied à Cincinnati. Il y rencontre Batman qui s’inquiète un peu pour lui. Superman est-il déprimé ? Pourtant, dans la première page, Superman a l’air d’avoir la pêche : il force un criminel repenti à l’obéir. C’est le Superman que tout le monde aime, celui qui humilie. Il est tellement en forme que, “given how out of touch you and Bruce became over the years” il fait la morale à Batman car celui-ci vienne plus en aide aux gens “de tous les jours”. Ouais, Batman est pas suffisamment ghetto à son goût. Fuck. Castro, Superman de droite républicaine, passe encore, mais Superman qui vient faire la morale à Batman car il est pas assez “cité”, c’est comme un mec de Chronopost qui apprend à un conducteur de train japonais à être à l’heure. De la science fiction ! Je ne peux pas croire qu’on autorise des merdes de ce genre.

Le problème est que Superman aide les gens. C’est ce qu’il fait.  Le concept du personnage. Le simple fait qu’il ait à marcher des bornes pour se dire si c’est ce qu’il doit faire, surtout pour faire la morale de façon pédante, c’est juste pathétique. Lame. C’est à regretter les team up un peu gay-ish du début du silver age. Non, soyons clair, personnellement, j’aimerai plutôt avoir du silver-age mais à la sauce d’aujourd’hui que cette merde post-tout.

Knigh and Squire 1 sont un assemblage bizarre de personnages à la fois crée dans les années 80, 90 et euuu 50 puis ils ont été remis à la mode par Grant Morrison au cours de ses runs de JLA et Batman. Ils peuvent être vu comme un spinoff de Batman mais aucun besoin de lire les bat-titles pour comprendre. En fait, ce comics, c’est comme une soirée passée en pub anglais et en vocabulaire pure-brit qui est requise. Tu vois ce moment bizarre quand un écossais te parle, te parle, toi tu sens l’alcool monter, puis vient un irlandais, il te parle, te parle et toi tu comprends de moins en moins ce qu’ils te disent. Puis une fille anglaise qui voulait coucher avec te gerbe sur le pied, un classique des pubs. Ce pur moment d’imagination, cette image de bizarrerie qu’on en a tous, c’est un peu ça, Knight & Squire. Ils trainent dans un pub remplis de clones du Joker et d’autres héros ricains. Je ne suis pas certain que le concept tienne la longueur mais le premier était vraiment rigolo.

Et puis l’ultime pick of the week, le choix dans les dents de la semaines, c’est Batman & Robin 15. Difficile de faire plus puissant et en même temps d’en parler sans spoiler. Mais fait moi juste confiance, tu vas sur amazon, et tu te prends le premier volume. Et le deuxième.

A noter que la croix a été sabrée dans la version finale de la couv'

Allez, même bat-chaîne, même bat-heure.