Kamui : Aujourd’hui, je cède la main à un invité de marque qui va s’occuper de quelques critiques ciné de son choix. Je me permettrais juste d’intervenir de temps à autre, tel un Ruquier modérateur. Allez, Eric Zemmour, c’est à toi.

Eric Zemmour : Merci de me donner la parole car, je vais vous dire… Ce n’est pas gagné, de nos jours, de dire les choses face à la pensée dominante et à la bienpensance. On ne nous laisse plus nous exprimer ni critiquer, aujourd’hui, on ne peut plus dire que du bien dans cette médiacratie ambiante.

K: Et bien profite s’en, mec, Kamui Robotics t’offre une tribune. Chela Ouate.

EZ : Alors j’ai choisi de commencer par Les Mains en l’air, un film du gauchiste Romain Goupil. Rappelons en deux mots qu’il s’agit de gamins, en 2010, qui vont planquer leur amie tchétchène sans-papier qui va se faire expulser. Je dois préciser avant toute chose que je ne connais rien de rien au cinéma, moi je suis de l’école de Flaubert et Balzac, mais comme on me paye pour donner mon avis, je le fais avec application. Donc. Les élèves se mobilisent, motivés par une mère post-soixante-huitarde visiblement frustrée sexuellement et déprimé par l’impossibilité d’avoir d’autres enfants. On voit d’ailleurs son mec, joué par Goupil lui-même, qui nous la fait post-bobo sur le retour, révolté mais pas trop, juste à bonne hauteur de son 150m² du 5ème arrondissement.

K : Donc toi, ce qui t’as ennuyé, c’est l’idéologie, pas le fait parce que c’était un film de merde en fait ? Les acteurs qui font des sorties incantatoires binaires pour faire genre “tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir”. C’est ça la bonne conscience ?!” Non mais regarde moi ça ! Et puis surtout, c’est une règle au cinéma, quand tu fais jouer des momes au cinéma c’est toujours foireux.

EZ : Tout ça pour ça. Il y a un passage à la fin qui nous téléporte en 2067, où l’on voit le jeune garçon qui n’a jamais eu de nouvelles de sa petite copine tchétchène. Tout cela n’a servi à rien.

K : Ouais mais attends, Eric… Les momes en 2010, ils ont tous un email, un téléphone portable. Ils ont Twitter, fucking facebook. En 2067, si t’as perdu la trace d’un mec, c’est que tu l’as cherché.

EZ : Oh tu sais, moi et la technique. C’est pour cela que je m’exprime sur le fond idéologique, plus que sur la forme dont on se fout au final. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi de parler de la Rafle. Personnellement, j’ai toujours…

K : Attends je t’arrête. Des films qui te balancent des one-liners comme « Combattre Hitler, c’est combattre l’antéchrist », c’est juste pas possible. Et puis le film est juste atroce. Mettre toute la narration à hauteur d’enfant qui fait « dis, mon nounours, tu crois qu’il va s’en sortir » c’est infantiliser le sujet. Le pire c’est que le mioche que tout le monde croyait foutu (attention spoiler) va survivre. À la fin, un calin et on oublie tout, comme un vilain cauchermar. C’est nul. Sérieusement, si je n’avais pas déjà écrit mon article sur les pires films 2010, la Rafle gagnait haut la main.

EZ : Alors, pour ma part, j’ai quand même aimé la reconstitution de cette France occupée mais heureuse. Cette douceur de vie française * Mais j’ai apprécié la sortie du manichéisme de cet eternel devoir de mémoire. Ça nous sort bien du préchi-précha des années 70 et 80 ans, le dogme post-de Gaulle qui veut que tous les français ont été des collabos.

(* actual quote de Zemmour dans On n’est pas couché)

K : Et Gad Elmaleh qui te parle avec nostalgie des mines en Pologne, c’est rien par rapport à tes fixette. Bon sang, c’est le pire choix de casting de tous les temps.

EZ : En parlant de casting, j’ai choisi aussi Tête de Turc.

K : Ah tu me fais plaisir, Eric, un film avec Roschdy Zem, notre Toshiro Mifune national.

EZ : Je résume pour ceux qui n’ont pas vu : un médecin en intervention en banlieue se prend un cocktail Molotov sur sa bagnole. Il est sauvé in extrémis par le même jeune de banlieue qui lui a lancé. Un arménien sauvé par un petit turc, douce ironie. Le  frère du médecin, un flic, va tout faire pour retrouver qui a fait le coup.

K : Oww je te vois venir. Tu vas dire du bien de la pire scène, au milieu du film, où les deux frères sortent un gros laïus très manichéen sur le fait que l’un soigne ceux que son frère dégomme et vice versa, c’est ça ?

EZ : Tout à fait, c’est un exemple du modèle d’intégration français qui ne fonctionne plus qui est parfaitement illustré ici. Et où tout les gens veulent quitter les banlieues devenues invivables, où les gens sont obligés de faire des kilomètres pour trouver une boucherie pas halal. Et après ils fuient pour trouver du travail, comme Kad Mérad dans “L’italien“, où il joue un arabe qui se fait passer pour un italien parce qu’il croit qu’il va garder son job comme ça.

(actual quote aussi, hop)

K : Si j’avais su qu’un film aussi vide que tu utiliserais un film comme L’Italien pour tes idées… Ah mais au fait, minute papillon. Sur quelle observation statistique te bases-tu ? Et puis plus généralement, je ne connais personne à avoir fait 500 mètres de plus pour trouver une autre boucherie non-halal.

EZ : Oh non, d’ailleurs, c’est très bien montré dans “Tout ce qui brille”.

K : Allons bon, la comédie avec deux jeunes&jolies nanas, plus bécassines que pamphlétaires ?

EZ : Mais oui ! Elles n’aspirent qu’à une chose, c’est quitter leur banlieue, aussi sympathique soit-elle. En gros, elles n’ont d’autre choix de devenir féministe pour survivre ou alors c’est la burka.

K : Mec, tu deviens caricatural, à jongler entre tes différentes lubies. Tu sais, j’ai les miennes aussi. Goldorak…

EZ : Ah non mais les mangas, c’est des merdes infâmes. Avec 3 mots de vocabulaire. Car c’est quand même ça les mangas, 1) une violence incroyable et 2) 3 mots de vocabulaire. “Djuuuum Joooouum Vooooup”.

(Vraie citation aussi tiré cet extrait culte)

K : Ow j’crois que j’ai envie de m’arrêter, là.

EZ : Attends, je voudrais encore ajouter quelque chose sur “Arnacoeur”, l’histoire d’un séducteur qui se retrouve à essayer d’empêcher Vanessa Paradis de se marier. En la séduisant bien sûr.

K : Quoi, t’as pas aimé ? C’était harmless quand même… Et puis il y avait ce second rôle vraiment rigolo du belge, là, qui imite le polonais, vraiment réussi. C’est ce qui manque aux comédies françaises, des vrais seconds rôles réussis.

EZ : Oui, mais le problème, c’est que c’est la femme qui choisit l’homme selon les nouveaux critères dont nous saoule la presse féminine. L’homme n’est plus qu’un objet, un vague enjeu. La castration de l’homme moderne que j’évoquais dans mon livre “Le premier sexe”.

K : Bon alors, dis-moi, qu’on en finisse, cette année, il n’y avait pas de film suffisamment  Airwolf à ton goût ?

EZ : Airwolf ?

K : C’est ce que je dis pour dire que quelque chose est bon. Voire bonnard. C’est le nom d’une série qui s’appelait Supercopter en français. Deux mecs qui possèdent un hélicoptère ultra-perfectionné planqué dans le désert américain et qui canarde des milices communistes un épisode sur deux. Le top de la série des années 80. D’ailleurs, c’était la série préférée de Françoise Dolto qui aimait avoir son petit moment de détente quotidien…

EZ : Ah Françoise Dolto, celle qui a introduit la permissivité dans l’éducation des enfants et contre laquelle tous les pédiatres sont obligés de lutter aujoud’h…