L’heure approche… C’est le moment de sortir les logos :

Artistiquement parlant, Sucker Punch, c’est le mariage harmonieux de Sailor Moon et de Mein Kampf. “On se demande vraiment ce qui pouvait bien mal tourner.” Parce que l’histoire, elle, flirte plutôt avec “Vol au dessus d’un nid de ninja-nazi”.

Babydoll (dont le nom n’est mentionné qu’au milieu du film, go figure) se retrouve dans un asile tenu par Carla Gugino (ow, la pauvre) qui imite l’accent polonais de manière assez rigolote. L’endroit se transforme soudainement en bordel, une espèce de temple de la night qui n’est pas sans rappeler Burlesque avec Christina Aguilera que personne n’a vu. Heureusement.

Seul échappatoire à cet endroit glauque, les rêves dans lesquels Babydoll plonge alors qu’elle est supposée danser. Des rêves où elle et ses pine-co se transforment en combattantes de jeux de baston, combis cuir et bas résille soit la tenue idéale pour affronter des ennemis, enfin selon Internet. Dans ma vie pro, généralement, ce genre d’exactitudes se résume généralement à des bonasses à gros seins armées de la Seconde Guerre Mondiale réinventées par le Japon, dans une harmonie toute kawai-choupi. Ici, le mélange est tout aussi absurde si l’on considère que l’histoire a l’air de se passer circa les années 60 mais les rêves sont des fantasmes nerdy Steampunk estampillés convention de japanim’ des 2000’s. Passons.

Elle va monter son équipe pour mener à bien son évasion qui va l’obliger à aller trouver des MacGuffins un peu débiles, le genre à sortir d’un film de Luc Besson : une carte, un couteau, un briquet etc. Un peu bêta. Du coup dès le deuxième item, tu comprends que la narration va être linéaire : niveau 1, boss de fin de niveau, intermission, puis niveau 2 etc. La phrase cliché voudrait qu’on “débranche son cerveau” pour enjoy the show, mais en fait, non, gardons-le branché pour bien comprendre ce qui a foiré ici.

Parenthèse 1 :

Just FYI, ma préférence va à Jean Malone (“Rocket”) car elle donne l’impression d’y croire un peu plus que ses camarades de combat. Niveau uniforme, celui de Vanessa Hudgens avec les googles sur la tête et la machette fait un peu moins nazi que les autres.

Parenthèse 2.

L’entourloupe des premiers pas de danses qui se transforment en rêve avec des samouraïs, des nazis et des robots m’a rappelé ce grand moment de flemmardise ciné : Sidekicks avec Chuck Norris. Où le sidekick de 16 ans commence son kata au double nunchaku et tout d’un coup s’imagine dans la peau d’un ninja.

L’ellipse vraiment lame pour ne pas montrer qu’elle ne sait pas danser, en plus de ne pas savoir se battre. Enfin, c’est comme Black Swan : ça ne fera pas illusion très longtemps. Dans Sucker Punch, les CG s’occupent du reste comme la mousse expansée remplissant le pneu crevé pour qu’il puisse supporter un dernier voyage.

Il est donc curieux de voir à quel point Sucker Punch essaye tant bien que mal de siphonner “Vol au dessus de coucou” dont il repompe carrément la fin, à la virgule près. Sans déconner. Mais Snyder, niveau subtilité, c’est pas Milos Forman et c’est rien de le dire.

Un film d’aventure, quel qu’il soit, suppose un degré de réussite pour ses héros. Surtout quand ses personnages, des jeunes filles, sont présentés comme des bully ou des victimes. Ouais l’asile ne fait pas dans la dentelle surtout quand il se transforme en bordel. Violence et viol y sont suggérés en flux tendu. Vu l’ambiance hideuse, on aimerait qu’elles s’en sortent. Ou au moins qu’elles arrivent à quelque chose. Un full circle, c’est beaucoup demander, mais une petite forme de satisfaction dans ce merdier assez mal écrit, pavé de failles scénaristiques (l’histoire qui change de narratrice, ookay), on est preneur. Même dans les séries Z les plus zarbi que j’ai pu voir, genre avec des filles qui se font trancher le bras et qui le remplacent avec une spatule à tempura, il y a quand même une forme de revanche, de jubilation dans la réussite. De connivence. Même les teens achievement movie sont plus satisfaisant que ça. Ce sentiment de plénitude et de travail accompli, on le ressent plus dans ce film avec Pierce Brosnan en centaure. Même avec Nicolas fucking Cage avec un putain de chapeau.

Mais non. Sucker Punch, qui loupe le coche du “vengeance movie” 2.0 acceptable, balance à la gueule une sinistre morale à méditer, dérangeante et pas franchement féministe :

“Les filles n’y arrivent pas, MÊME PAS EN RÊVE“.

Bonus track:

Si vraiment ta came, c’est la thématique réel-irréel-fantasmé, je ne saurais trop te recommander (à nouveau) Joe The Barbarian qui vient de se terminer aux USA (j’en parlais ici). L’histoire d’un diabétique qui va faire une crise d’hypoglycémie. Le pauvre va littéralement halluciner. Ses jouets vont devenir ses compagnons d’arme, son chez lui va devenir un monde héroic fantasy et la recherche de ses médocs, une épopée (hardcover relié prévu pour septembre). C’est du Grant Morrison qui se laisse plier par le trip visuel. Une bédé carrément Airwolf pour le coup.