Amateur de films d’action “mecs en jupes inside”, tu seras content. Ca fait longtemps que la tension homo-érotique n’a pas été aussi forte dans un actionneur de l’été. En fait, j’dis ça mais depuis, j’ai joué à El Shaddaï qui a complètement chamboulé toutes les barrières. Mais on y reviendra ici.

Mais donc les péplums, blockbuster ou pas ? L’année dernière j’avais inclus Centurion et Robin Hood, il n’y a pas de raison de faire l’impasse sur The Eagle, même s’il y a Channing Tatum dedans, le mec dont la cheminée est recouverte de Teen Choice Award et de MTV Movie Awards, un mec à ranger sur la même étagère qu’Ashton Kutcher niveau intérêt. J’ai déjà vu des téléfilms TF1 plus intéressants que Channing Tatum. Mais il a survécu à G.I. Joe, le blockbuster des seconds couteaux, donc un peu de respect…

Le voilà dans la peau de Marcus, un jeune centurion blessé au combat. Sa carrière suspendue, il se décide à partir chercher “l’Aigle”, symbole de la 9ème légion. Based on a true story jusqu’à ce que Channing Tatum ouvre la bouche, cette légion a disparu il y a des dizaines d’années dans le nord du nord de ce qui deviendra le Royaume Uni. Décimée ou kidnappée, nul ne sait ce qu’elle est devenue. Marcus fait tout ça pour laver l’honneur de son père qui commandait cette légion (à la clef flashback naturaliste sépia à la Gladiator).

Il emmène son esclave, joué par Jamie Bell (superbe presta, par contre), qui est un mec de là-bas. Un ch’tit esclave. Evidemment, ils vont devenir amis puis il y aura flip-flop comme on dit chez les pasoliniens. Le maître deviendra esclave et vice-versa. Sens-tu la puissante métaphore ?

Kevin Macdonald (le dernier roi d’Ecosse) a un peu de mal à donner à cette prod la grandeur dont elle aurait besoin, comme si, dix ans après Ridley, planait encore l’ombre de Russel Crowe sur toutes les velléités d’héroïsme de la Rome Antique. Pourtant, il y a à peu près tous les ingrédients, en premier lieu l’inévitable rôle du mentor, alias le “grand et vieux acteur connu de 143 ans”, en la personne de Donald Sutherland. Et puis deux apparitions si bien masquées que tu vas les zapper si tu clignes des yeux une seconde de trop. Mark Strong, le go to guy quand Hollywood a besoin d’un méchant en ce moment (Sherlock Holmes, Robin Hood, Kick Ass et bientôt Green Lantern) et aussi Tahar Rahim, le “prophète” d'”Un Prophète“, une apparition grimée comme pour nous rappeler que c’est compliqué de revenir du rôle de sa vie.

Le plus bizarre dans the Eagle c’est que sa fin le transforme tout entier en buddy movie où le politicien romain se fera envoyer bouler comme la blonde bêcheuse qui faisait rien que d’embêter la gentille héroïne d’un teen movie. Finalement, peut-être que c’était ça le but de la manœuvre, de basculer de l’actionneur gay-ish à une normalité amicale digne de Bad Boys… “Everybody wants to be like Mike Lowrey.”