C’est l’hypothèse qui revient chaque année : et si l’actionneur mastoc, celui qui va te percuter la gueule cet été, était coréen ? Car 2011, le cinéma coréen de rageux strikes back. Ouais, celui avec des petits asiats trapus, volontiers moustachus, qui sautent les deux pieds en avant, dans les dents. Celui qu’on aime, la machette à la main

Yellow Sea – c’est The Murderer en France ou Hwanghae si un jour, comme moi, tu te paumes au sous-sol d’un Virgin de Séoul. Je te propose d’ailleurs celui qui se trouve vers ce bâtiment :

pas loin de :

mais ça remonte à l’année dernière, je ne vois plus trop où ça se trouve.

Je disais ça car tous les DVD sont sous-titrés là-bas. Prends ça, “lejapon”.

Donc, Yellow Sea s’inscrit dans la tradition des polars noirs du pays, sans une once de lumière et encore moins d’espoir. Pire encore : la plupart des séquences de Murderer ont été filmé à Yanji, chef-lieu de la préfecture autonome coréenne de Yanbian, une de sympathiques subdivisions de la Chine. Mais de toute manière, même Busan a l’air d’une cave quand elle est filmée par Na Hong-jin, qui avait déjà fait son coup avec The Chaser. Donc tu sais que ça sera pas joli-joli. Surtout quand c’est l’histoire d’un gus acculé par la vie et la misère qui va accepter un contrat. Assassiner quelqu’un, il n’a jamais fait mais il va évidemment se retrouver dans une mouise pas possible, pris entre deux clans mafieux.

Yellow Sea s’offre le luxe d’avoir un démarrage très lent. Ce n’est qu’après le premier larcin que tout s’emballe, le tout monté par Kim Seon-min qui s’est déjà occupé des films de Bong Joon-ho. Dès lors, fini le fondu au noir, on passe en mode jump cut à fond les ballons. Le film va prendre un rythme fou qui n’est pas sans rappeler son Chaser (on retrouve les deux acteurs principaux de ce dernier mais avec une habile inversion de rôles). Sauf qu’ici, Na Hong-jin ne s’attarde pas trop à développer les personnages : il s’agira surtout de tuer ou être tué. C’est à ce moment qu’on retrouve ce qui fait la classe des films coréens, ce stamina incroyable qui fait que ses antihéros survivent jusqu’au générique de fin. À tout : aux coups de couteaux, aux crashs autoroutiers et aux haches plantées dans le dos. A la clef des courses poursuites absolument Airwolf, généralement seul contre une meutes équipée en lames. Dieu bénisse l’interdiction des armes à feu en Corée.

En prime Yellow Sea t’offre ce que j’appelle le Pack “Elite” du cinéma coréen, ce panaché un peu gue-din de genres : de la violence mastoc, une scène de caisses qui renvoie Fast&Fu chez sa Madeo mais aussi de l’humour à froid, une satire sociale, un apercu sur les méconnus Joseon-jok , ces coréens de Chine… Et puis cette mélancolie folle qui te ronge l’âme.

Merci Cannes, Un Certain Regard sur la course, machette à la main.

Sortie en France le 20 juillet 2011.

Ow man, ça m’a redonné envie d’écrire sur la Corée…