Voilà un film qui, en 90 minutes, raconte à peu de chose près la même histoire que la trilogie de l’enfer de Star Wars. La découverte du pouvoir et la démence qu’il entraine. Mais sans Portman, sans Hayden Christensen, sans assoupissants complots de fédération du Commerce spatial. Et Dieu seul sait qu’on manque de bonnes scénar de complots impliquant les fédérations de Commerce spatial. Donc un rise & fall, sans toutes ces merdes. Dans l’absolu, Chronicle est juste une histoire classique de teenage angst, d’un môme qui va finalement se laisser dépasser par ses émotions. Enfin, il a sûrement coûté autant que les cacahuètes de la projo presse de Star Wars Episode 1 3D…

 

Celui qui va péter un boulard, c’est Dane Dehaan l’ado à la frustration savoureuse qui avait déjà fait preuve dans la série In Treatment… dans un rôle d’ado gay frustré. On ne sait pas s’il sait jouer autre chose, mais ça, là, il le tient bien. Lui et ses camarades vont, au contact d’une espèce de machin venu de l’espace et qui ressemble bizarrement à la capsule du petit Kal El. Tout le miracle que réussit Chronicle, c’est qu’on finit par en avoir quelque chose à foutre de ces ados, sans que les dialogues soient trop poussifs ou qu’ils donnent l’impression d’être écrit par un vieux mec complètement dissocié de la réalité.

 

Malheureusement pour lui, Chronicle essaye aussi d’autres voies plus casse-gueule en jouant sur les points de vue, un peu comme dans l’immortel Le Jour et la Nuit de BHL, mais en version 2.0 (un prétexte à peine voilé de revoir mon YoutubeLoop préféré de tous les temps). On commence avec l’ado frustré qui se filme la gueule tout le temps, entre moment de vie à la Norman et l’émo post télé-réalité. Et comme il faut continuer sur le même procédé, Chronicle enchaîne astuce sur astuce pour continuer sur sa lancée, comme cette rencontre avec une vidéo-blogueuse, histoire de balancer quelques contre-champs. La caméra numérique, prétexte à quelques séquences de Jackass où les ados testent leurs pouvoirs va ensuite tournoyer dans les airs sous l’impulsion de maboule ado, à la Super Mario 64. L’idée rigolote devient alors un gimmick un peu usant qui donne envie de voir un director’s cut tourné avec un cadre fixe. Sur la longueur, ça n’apporte rien.

Chronicle aurait sans doute gagné à s’épurer de cet amateurisme maniéré, en lorgnant plus vers l’introspection super-héroïque à la Unbreakable. Mais en réussissant sa partie teen drama, il devient alors un rappel adressé à Hollywood: pas la peine de racheter des droits pour salir Akira. Le faire à sa manière peut parfois fonctionner, comme ici.