Awesome Dans les Dents: Avengers’ Greatest Story
Les Fantastic Four, leur truc, c’est de partir explorer le cosmos. Les X-Men luttent pour le droit d’exister. Les Avengers, en toute humilité, sauvent le monde à une cadence régulière. Dans les années 70, ils sont intervenus dans la guerre Kree-Skrull, le premier “long arc” de l’histoire de Marvel. Ils ont affronté des ennemis aussi puissants que cool, de Thanos à Ultron en passant par Loki et Kang le “time-terrorist”. Mais j’ai toujours trouvé que c’est dans les dangers plus “urbains” qu’ils étaient les plus intéressants. C’est pourquoi je vais vous parler, en complément du film live (critiqué ici) de mon arc préféré “ever” des Avengers: “Under Siege“.
Aussi vrai que les Avengers sont un assemblage disparate de héros dont le seul but est de protéger la Terre, les renégats of the day sont les Master of Evil, une équipe qui réunit traditionnellement tous les némesis respectifs des héros. A leur tête, le Baron Zemo, un scientifique Nazi ce qui en fait d’office un ennemi juré parfait pour Captain America. Au cours des années, différentes combinaisons de Master of Evil se sont succédées pour essayer de détruire les Avengers. Ce qui sont passés le plus prêt de cet exploit sont ceux de 1987, écrit par le génial Roger Stern et dessiné par le glorieux John Buscema (Conan) accompagné de Tom Palmer.
Guidé par la même haine viscérale de Captain America que son père, le fils de Zemo réunit plus qu’une quinzaine de super-vilains, soit deux fois plus que les Avengers. En bon rejeton nazi, il décide d’aligner les membres des Avengers un à un en les étudiant, en attendant le meilleur moment pour frapper.

Typiquement le genre de cases qui manquent aujourd'hui: des méchants (bourrins) en train de se préparer dans leur QG de campagne
À l’époque, Captain America n’était même pas le leader de l’équipe. Son identité était encore secrète, Steve Rogers avait plein d’autres trucs à faire, dont mener sa carrière de dessinateur. C’est assez ironique quand on pense qu’il apparait dans au moins 10 comics par mois aujourd’hui, tout en restant à la tête des Avengers et du SHIELD et en pilotant d’autres équipes. Bonhomme. Du coup, c’était Wasp, la chairwoman de l’équipe. Membre fondateur de l’équipe, son pouvoir est de rapetisser, jusqu’à la taille d’une guêpe, petites ailes incluses. Première “épouse battue” du monde Marvel, elle était aussi connue pour son sens de la “fashion” (un détail qui m’échappait encore complètement dans les années 80). Iron Man était occupé sur la Côte Ouest où il habitait pendant que Thor était occupé par some asgardian shit. Namor, membre actif malgré les protestations (le mec a essayé quand même d’envahir New York plusieurs fois avec une armée d’hommes-poissons) est reparti à Atlantis régler ses problèmes perso, à savoir réclamer une nouvelle fois le trône d’Atlantis.
Il ne reste donc que: Black Knight, un scientifique avec une épée ensorcelée qu’il a récupéré après avoir visité son ancêtre à Camelot. Tranquille. Captain Marvel est le membre le plus puissant de cette période. Ex-flic, cette black peut se transformer en n’importe quelle forme d’énergie. Rayon X, UV, gamma, rayon cosmique et même neutrinos. Elle peut donc théoriquement voler à la vitesse de la lumière. Enfin il y a la force brute du demi-dieu Hercules, fils de, le lion de l’Olympe. Et bien sûr Captain America.
Les Master of Evil attaquent l’Avengers Mansion alors qu’elle est vide et tabassent Jarvis, le majordome, le fidèle Alfred local. Black Knight est le premier des héros à tomber, pris en traître par des super-vilains absolument déchaînés qui ont déjà investi la Mansion.
Captain Marvel, pour faire simple, est envoyée dans une autre dimension par un des Master of Evil.
Le problème d’Hercule, Zemo l’a bien compris, c’est le machisme et les femmes dont il aime la compagnie mais pas les ordres. Alors quand Wasp lui dit de se calmer pour réfléchir à un plan d’attaque, l’alcool et la drogue que lui aura fait ingurgiter une bimbo engagée par Zemo lui fait perdre toute lucidité.
Il fonce dans le tas, rentre…
Et se fait tabasser.
Essayant d’aller sauver son coéquipier, Captain America, piégé par les défenses de leur propre demeure se fait capturer à son tour.
Zemo utilise le pouvoir d’un de ses sbires pour isoler l’Avengers Mansion dans un caisson d’énergie infranchissable (d’où le Siege du titre)
Hercules mort ?! Impossible ?!
Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Pas d’internet donc pas moyen de voir les couvertures des prochains comics dans les 3 mois à venir. Pas de spoiler. Et puis dans les années 80, Jean Grey était encore morte, on se disait vraiment que la mort dans les comics était quelque chose de grave avant de constater que ce n’est qu’un léger passage à vide. Bruce Wayne est resté mort à peine une année !
Pendant ce temps là, dans l’Avengers Mansion, Zemo s’occupe de ses prisonniers. Au lieu de torturer Captain America directement, il commence d’abord par lui briser les quelques souvenirs qui lui restent… puis il va torturer son ami Jarvis devant ses yeux. Purple nazi.
On pourrait croire que les Avengers sont au plus mal: il n’y a plus que Wasp qui soit encore d’attaque. Elle lance un S.O.S à tous les membres réservistes. Et le premier à répondre sera… Ant-Man. Et les voilà à deux, à essayer de buter les surpuissants Absorbing Man et Titania, resté à l’extérieur du siège et bien décidé à détruire l’hôpital dans lequel se trouve un Hercules finalement pas mort mais plongé dans un coma olympien.
Mais bientôt la cavalerie arrive. Ils pouvaient avoir le renfort des FF, de tous les super-héros new yorkais tels que Spider-Man ou Daredevil mais finalement, ça sera… Dr Druid.

De l'aide venant de Dr Druid, ? C'est un peu comme si Frédéric Lefebvre venait en renfort à Sarkozy pendant le débat d'entre les deux tours. Minor character de chez MINOR
L’heure de la contre-attaque a sonné.

Ce que Thor ne dit pas à ses coéquipiers, c'est qu'il vient de subir la malédiction de Hela: il est désormais devenu immortel mais son corps est devenu beaucoup fragile. Ses os se briseront au fur et à mesure...
(D’ailleurs à propos de cet arc dans Thor, j’en ai parlé brièvement dans cet article qui s’attarde sur tout le run de Walt Simonson)
Epic final battle ensues.
Le final se déroulera sur le toit de la Mansion en ruines. Captain America Vs Zemo. Si géniale par tellement d’aspect. D’abord dans sa construction, comme un ultime duel d’un western…
Mais aussi parce qu’elle établit parfaitement bien la personnalité de Cap, très loin de tous les clichés nuls, simplement parce qu’il porte son drapeau en uniforme.
En plus j’adore tellement quand il rattrape son propre bouclier comme si de rien était, lui qui a tant assommé de criminels avec.
Enfin, ce combat sert à rappeler que, bien qu’étant soldat, il n’est pas un assassin.
L’épilogue est tellement parfaite aussi.
Captain America, pleurant comme une fontaine ? Lui, le super-soldat ?
C’est un aspect de l’histoire qui me touche particulièrement. Cela peut paraître incroyable aujourd’hui, à l’ère où toutes nos photos numériques sont reproduites sur internet, Facebook et instagram sans même parler des pièces d’identité et des vidéo-surveillance mais des générations entières ont perdu toute trace de leur passé. Au sortir de la guerre, survivant de village en village quelque part entre l’Ukraine et la Pologne, ma grand-mère n’avait plus aucune photo de sa famille. C’était comme si elle n’avait jamais existé ailleurs que dans sa mémoire. C’est en nettoyant dans une rivière son manteau déposé en sécurité dans une ferme qu’elle retrouva une photo de son père. Abîmée, déchirée, c’est la seule chose qui lui reste de son passé. Malgré son temps passé dans un glaçon, déraciné qu’il est, Cap est une métaphore de tous ces gens qui ont littéralement vu leur passé s’effacer.
Under Siege est donc un arc génial car le drame y est tellement palpable. L’équilibre est parfaitement maintenu entre les Avengers historiques et les seconds couteaux et les héros mineurs qui essayent de se mettre à leur niveau. Il se passe toujours tellement de choses entre chaque page avec des développements de personnages comme on savait les faire dans les années 80, même chez les méchants où la machiavélique Moonstone complote contre Zemo, super smart nazi strategist, qui doit retenir son équipe de gros bourrin. Et surtout Under Siege respecte cette règle : les héros ne l’emportent pas facilement. Ils subissent des pertes qui auront des répercussions durant des années. Ils se vengent, mais à quel prix…
Under Siege a été édité plusieurs fois en TPB, en hard cover et même réédité en V.F. Un classique des classiques Marvel des années 80.
Print article | This entry was posted by Kamui on 25/04/2012 at 10:45, and is filed under Industry. Follow any responses to this post through RSS 2.0. You can leave a response or trackback from your own site. |
about 11 years ago
Merci — quel sublime run-through !
Il y a tout un art de re-mettre en page-écran des comics vintage, dans leur contexte, dans nos propres rapports avec ces personnages, le paragraphe dans l’interstice fait toute la différence ! Bref c’est vraiment le kif d’en profiter ici.
Mon perfect-run de l’univers Marvel reste le fantastique Infinity Gauntlet (la mini-série de 1991).
Pas une page qui ne soit culte, tous les héros Marvel face à l’apocalypse, sur une petite scène-arène flottant dans le cosmos. Thanos — quelle ultime nemesis.
Un mot entre Serval (eh eh) & Hulk dans une New York Ravagé. Le moment de bravoure de Cap’ face à un être ayant pulvérisé Galactus d’une pichenette. La manière d’écrire une histoire sur ce que représenterait vraiment “l’omnipotence” — aux mains d’un personnage de BD. Le silence glacial au QG des Avengers quand Fatalis répond à “l’appel aux héros”… je trouve qu’il y a un combo de folie entre le dessin & la psychologie des personnages.
Enfant, à Marseille, je n’avais que le tome 2 sur 3 édité par Semic. Je le relisais en boucle, sans m’en soucier — c’était presque du comics post-modern !
Tu me donnes vraiment envie de faire un post fleuve sur tout ça, mais il faudrait déjà que je remette en forme correctement ces scans old-schools de Conan le Barbare au XXe
http://norkhat.canalblog.com/archives/2008/01/23/7662981.html
un autre grand moment de poésie !
about 11 years ago
Ben du coup, j’ai acheté la réédition ^^
about 10 years ago
Pour le trivia, le dernier épisode est paru en France dans Strange 238, octobre 89, avec la Division Alpha dessinée par Jim Lee, un Spiderman par Mc Farlane avec le prototype graphique de Spaw (“rôdeur” en français) et un Iron Man de folie avec Barry Windsor-Smith au dessin (et Michelinie au scénario, comme pour Spidey).
Parlez-moi du golden age…
about 10 years ago
Je crois que Paula Abdul passait à la radio (je me souviens de cette époque aussi, de ce même numéro entre mes mains… 2 ans plus tard, pouf, c’est Image, le début des emmerdes