Archive for July, 2012
The Dark Knight Rises
Jul 20th
Spoiler free, promesse de boy scout
The Dark Knight Rises a pour tâche essayer de boucler de manière honorable l’histoire. Le drama à la place de l’action, TDKR commence par une opération quasi psychanalytique. “Tuer le père”, ce qui, au cinéma, veut dire qu’on va tout faire pour nier le précédent volet. Ca tombe bien, The Dark Knight s’achevait sur une incompréhension flagrante de Batman. TDK ou l’épilogue avec l’out-of-character le plus fou depuis qu’Alicia Silverstone a récupéré tous les secrets de Batman sur un CD-Rom laissé par Alfred. Man, c’était maboule, quand même, l’ère Schumacher…
Donc rappel de la fin de TDK: Gordon finissait par mentir. Batman était d’accord pour mentir. Même Alfred mentait de son côté, histoire de faire comme tout le monde. Tout ça pour faire passer une loi super répressive qui réduit les libertés individuelles mais éradique l’insécurité. On se serait cru à l’UMP. Tu parles d’un dilemme de super-héros…
Le problème de l’interprétation de Nolan est de mettre Batman face à des choix moraux, alors que non, c’est un putain de justicier dont la seule préoccupation est de laisser quelques os intacts dans le corps du street punk qu’il interroge. Batman ne choisirait jamais la voie du mensonge. La principale qualité freudienne de “Rises”, c’est de répéter à l’envie que Batman & Gordon avaient tort sur toute la ligne. L’ambiance du début, sur le ton de Gotham sans Batman” est vraiment réussie. Juste des gens qui parlent, finalement. Malheureusement le pitch est assez risible.
Sans spoiler, je te raconte juste le début, ridicule si on réfléchit deux secondes à la psychologie des personnages.
8 ans après les évènements de TDK, Gotham City va bien. Impeccable. Pas un crime, pas une magouille, pas même un Balkany pour se la raconter. 8 ans sans Batman et tout va bien ?! Hé là, oh ? Tout ça parce que grâce à leur mensonge originel, ils ont fait passer une loi super répressive… Wokay. Et Batman est d’accord avec ça ? Il s’en cogne: déprimé par l’absence d’activité et peut-être aussi la mort de ses proches, Wayne s’est cloitré chez lui. BATMAN, R U SERIOUS ?! Il faudra bien la venue de Selina Kyle (le nom “Catwoman” n’étant jamais mentionné de tout le film. Peut-être en hommage à la “Cat” du golden age ? Ou peut-être ça sera dans les bonus DVD… ?) pour le revigorer. Une balayette et il est par terre. Quitte à écrire des personnages à côté de la plaque, on continue: Alfred, fâché de voir son maître reprendre sa cape… l’abandonne ?! Michael Caine avait-il d’autres films à tourner ? On ne le reverra plus de tout le film, pas affolé un seul instant que Gotham s’effondre. Mais lui n’a pas vu le trailer de TDKR.
Et malgré sa qualité de spectacle costumé, Batman Live, le show avec des acrobates, a mieux analysé le bat-verse que Nolan. Ses divagations de fanfic où n’importe qui devine sa véritable identité sont d’autant plus dommages que cette heure de film sur “un monde sans Batman” avait le potentiel d’être géniale. Des comics l’ont fait très bien, comme par exemple Batman: No Man’s Land, le conseil lecture de cet article. Gotham ravagé par un séisme, les bat-vilains en chefs de clans, chacun dans son quartier, des mois d’absence pour Batman… et Alfred qui fait ce qu’il peut mais qui ne fuit pas, lui !
La réalisation est en dents de scie: ces moments annoncés comme épiques qui finissent littéralement en eau de boudin. Je pense aux scènes d’émeutes à la Braveheart dont on nous a tant teasé la gueule. Même le “Bat-wing”, première émergence de technologie de pure SF dans les Batman de Nolan, est très peu inspiré (et assez moche). Enfin, dans DKR il y avait le machin qui transformait par un procédé inconnu tous les téléphones portables de Gotham en sonar téléchargeant toutes les données dans les lentilles nocturnes de Batman, mais là, c’est la première fois que ça vole de manière surréaliste. Je crois que ça m’avait manqué. En gros, la fréquence, c’est : pour un truc classe, on en aura deux qui feront lever les yeux au ciel. Mais ce n’est pas pire que la logique interne du film. Des trous béants qui feraient passer Inception pour un documentaire scientifique. Je vais pas te les spoiler, il y en a des dizaines, mais les frangins Nolan se sont surpassés, donnant ainsi à l’Internet du grain à moudre pour les mois à venir. Bé-ants.
Le pire, c’est que c’est Bane qui va tout se prendre dans la gueule, simplement parce qu’il n’est pas aussi iconique que Joker. Nolan ne lui rend pas service en ne montrant quasiment jamais à l’écran comment il étrangle ses victimes, adoucissant sa folie avec une voix retouchée comme si tu écoutais un podcast enregistré au casque-micro. Dans TDKR, il est transformé en idéologue du chaos, quelque part entre Ra’s Al Ghul et Mélenchon. Injustement conspué, l’ex-luchador (il ne l’est plus ici) a été crée dans le comics comme un rival potentiel pour Batman, capable de lutter d’égal à égal et même de gagner. La menace est réelle, palpable même, mais les combats sont tout sauf cinématiques. Quand je pense aux gens qui se plaignaient de l’absence de Batman au cours des fight ninja style de Begins… A y’est, on le voit mais bon sang, tu pleures.
C’est là qu’une évidence me saute aux yeux avec l’apparition du personnage de Joseph Gordon-Levitt, absolument brillant. Ce jeune flic lambda est celui qui va rappeler à Bruce Wayne à quel point il est out-of-character, à quel point Gordon a sombré. Il est la balise morale du film et c’est pour cela qu’on l’apprécie plus que les personnages principaux. Nolan réussit la normalité, ces simples scènes où des mecs parlent du héros mais jamais celles où Batman apparaît. A cet égard, le Wayne de Christian Bale est toujours bon alors que son Batman fait de la peine à voir, humilié par le premier couteau suisse venu. Anne Hathaway réussit vraiment Selina Kyle mais loupe sa Catwoman, à tel point que je me suis demandé à un moment si elle était en combinaison ou encore en tenue de soirée. Le suspense repose son implication dans le film, car dans le peu de scènes où on la voit, elle n’a pas grand chose de félin. L’évidence, donc, c’est que Nolan est bon pour les dialogues de gens normaux et foire la dimension super-héroïque.
J’entends déjà des gus me faire: “alors quoi t’aimes pas Burton ?!”
La glorieuse première apparition de Batman chez Burton, mesdames & messieurs…
“T’aimes pas Schumacher…”
’nuff said
“Et maintenant t’aimes pas Nolan… !”
Cette trilogie le prouve encore, Batman est devenu un archétype. Dans un article consacré à Arkham City, j’expliquais que même le comics a perdu de son envergure canonique devant son importance commerciale. Il est devenu un emblème que tu peux te faire tatouer, un mug, une serviette pour aller au yoga, Tous les mois, un produit culturel Batman. Films, dessin animé, spectacles acrobatiques, goodies, jeu et oui, bien sur, les comics, chacun sa nuance. En trois films, Nolan a voulu développer son propre récit sur la morale de la même manière que Singer a fait de Superman Returns une pénible métaphore christique. TDKR comprend les erreurs de la ligne Nolan, les désamorce pour en faire d’autres, encore plus dérangeantes. Ce projet du Nolanverse de Batman était ambitieux mais voir ce héros tellement en dehors de ses bases, si loin du World’s Greatest Detective, fait de la peine à voir. Le chagrin pour sa meuf, les échecs en série à force de tomber dans tous les putain de pièges, se faire pourrir par tout le monde… Bruce Wayne, réveille-toi, ils ont fait de toi un mauvais Peter Parker.
Et s’il ne faut en choisir qu’un, cadeau, le trailer de TDKR, mais à la sauce Bruce Timm.
Avec la voix Kevin Conroy ! 20 ans qu’il fait le rôle.
TDKR, en dépit de supers acteurs, d’un Gordon-Levitt génial et je pèse mes mots, il y a aussi Marion Cotillard qui est à Rises ce que Katie Holmes était à Begins. Vraiment, Marion Cotillard ?!
Haywire
Jul 17th
Soderbergh n’est pas un grand réalisateur de films d’action. Ce n’est pas Tsui Hark. Ce n’est pas Ridley. Je ne suis même pas certain qu’il soit du niveau d’un mec genre Renny Harlin. Mais comme avec un peu tous ses films, ce n’est pas tant le résultat qui compte que la raison qui l’a poussé à le faire. Deux ou trois films cette année, c’est sur, Soderbergh réalise parce qu’il a besoin de ça pour exister, parce qu’il a un problème à régler. C’est le syndrome “Prince”: certains entreprennent des thérapies, lui fait des triple-albums.
Mais il y a de quoi s’inquiéter, de le voir tourner autour des actionneurs, quand on sait qu’il a déjà réalisé un film sur la crise avec une actrice porno qui ne couche pas. Haywire, “piégée” en français, est un film d’action mettant en scène Gina Carano, une ancienne combatante MMA / Kickboxing. Une nana qui sait donner des coups de pied et dispenser la justice sociale en écrasant des crânes avec son coude. A la réalisation lisse de Soderbergh, elle oppose une animalité qui dévore tous ses partenaires, de Channing Tatum à Fassbender en passant par McGregor. Sans jamais être “trop sportive”, elle est superbe à regarder, sur tous les plans, qu’elle crapahute ou qu’elle tabasse des gonz sur son chemin. Elle est son meilleur effet spécial, dans un film dépouillé de toute esbroufe.
Parfois il faut se résoudre à minimiser ses moyens pour obtenir un résultat cohérent. A un moment, Carano conduit un 4×4 à travers la neige en marche arrière. Elle percute un cerf. Ce n’est pas aussi beau que des chinois qui glissent sur le sol en donnant des coups de pied mais bon sang, il y a comme une énergie sourde dans ce blockbuster a minima, animé par la deuxième nana badass de l’été. Deuxième car elle ne se fait pas d’opération à vif dans une navette spatiale. Mais l’intention est là.
Article: Tokyo Jungle
Jul 8th
Tokyo Jungle n’est pas seulement un survival scoring game hilarant avec des animaux mignons qui se font arracher les entrailles dans un Japon post-apocalyptique et une pub TV folle, c’est aussi un article à lire ici. Enjoy !
Com-Robot