Si j’avais une femme, j’aurais très certainement envie de la voir débouler au ralenti en mettant des high kicks dans une combi noire. Mais si je l’aimais vraiment, je ne la ferais pas jouer dans un remake de Total Recall, forcément voué à l’échec.

Ce qui manque à Total Recall pour être un film à peu près bon, c’est l’espèce de joie de vivre qui se dégage de l’original, déjà une interprétation très libérale d’une nouvelle de Phillip K. Dick. Il est d’ailleurs étonnant que le pape du roman de SF basé sur la parano, le mensonge global et le danger corporatiste soit ainsi devenu une balise de détresse pour un Hollywood en manque de scénario. Le récent Adjustment Bureau, Minority Report ou encore le machin de John Woo et Ben Affleck, soit quelques exemples de l’incompréhension du cinéma pour le matos original.

Donc pas de joie, pas d’humour. So passé. Ça a beau se passer uniquement sur Terre (fini Mars), c’est tellement glauque que tu sais d’avance que tu vas pas t’amuser. Colin “shirtless” Farell regarde la cité cracra depuis son atroce balcon. Il tire la tronche, ce qui lui va mieux d’après les connaisseuses qui se basent sans doute sur une sextape pour avancer ce genre d’arguments. Il fait la gueule, même quand sa femme Kate Beckinsale vient le réveiller en petite culotte. D’ailleurs, j’ai cru voir un faux raccord culotte, quelqu’un me confirmera sur le Bluray. Mais personne ne sourit.

De toute évidence, Len Wiseman a amené avec lui le même filtre maussade d’ennui dont il avait déjà recouvert tous ses Underworld. Je m’y suis toujours, toujours endormi à un moment. Et si même la combi cuir intégrale moulante (une constante chez Wiseman) de Kate Beckinsale ne m’a pas tenue éveillé face à Underworld et sa guerre de vampires contre lycans, tu peux t’imaginer pourquoi j’ai décidé de zapper Twilight.

Mais Kate, indéniablement une meilleure action-movie star que la première Jovovich venue, ne peut rien contre cette impression de “déjà vu en mieux”. Refaire ce film-là, qui plus est un trip sur le mensonge, à peu près de la même manière revient à nous dire que tout ce qu’on a vu n’avait pas vraiment de raison d’être. (Gag: cette fois, Quaid n’est pas la grosse, mais le dude juste derrière, wink au public). Qu’est-ce qui les empêche de remettre ça chaque année ? Total Recall version 2012 met le doigt sur tout le problème de recyclage de l’industrie du cinéma américain. Après lui, avant Judge Dread et en attendant les pillages de Robocop et de Starship Troopers, c’est le futur tout entier qui finit par ressembler à une version alternative en moins marrante de notre passé. Je dis non.

Bonus:

Il ne faut pas oublier le meilleur de Total Recall, à savoir le commentaire audio d’Arnold lui-même qui narre. Tout.le.putain.de.film.