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Partie 2 : du 20ème au 16ème

C’est reparti. Tu connais le système, un voyage masochiste au bout de la nuit des comédies françaises de 2012.

Du numéro 25 à 21

Du numéro 15 à 11

Du numéro 10 à 6

Du numéro 5 à 1

 

Le futur du pire de la Comédie françaises 2013

20. Le grand soir

Dans l’enfer indéterminé des pavillons de banlieues, entre les échangeurs routiers et les zones d’hypermarchés cosmo-laides, un vieux punk retrouve son frère qui vient de se faire licencier. “Il va le libérer” pour qu’à la fin le film ressemble à un gros n’importe quoi. Du coup, il est amusant de voir, après tout son pataquès, et surtout avant son prochain scandale éthylique, Depardieu dans un caméo altermondialiste. Le Grand Soir est à peu près aussi drôle que Monsieur Sylvestre, la marionnette détournée des Guignols en apôtre du consumérisme et de l’américaniste. Qui, même du temps béni de DélépineHalinGaccio, a toujours été la moins drôle de toutes les routines des Guignols. Quand tu le vois arriver, tu sens le gros laïus sur un-monde-atroce-et-impitoyable qui ne fait jamais vraiment rire. On vient ici pour l’acting destroy : Poelvoorde joue, on le sent, une partition très personnelle de la post-dépression destructrice, déjà visible dans l’affreux Astérix 3. Mais celui qui brille, c’est Dupontel qui incarne ce qu’il fait le mieux, ce qu’il fait toujours : le mec à fleur de peau, ce type qu’on imagine prêt à jeter sur la voie du métro, dans un ravin. Le type qui souffre, de manière désespérée. Que ce soit dans les daubes récentes ou dans ce genre de cinéma indé fauché à la marginalité revendiquée, ce type m’émeut à chaque fois.

Le public pourra y voir un cinéma de crise, alors que du haut de son minimalisme grolandais, le Grand Soir est aussi et surtout une véritable lettre d’amour adressés aux punks à chien. Dieu seul sait qu’ils en ont besoin.


 

19. La vérité si je mens ! 3

T’avais oublié qu’il est sorti cette année, pas vrai ? Pas leurs comptes en banque.

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Tu pourrais croire que cette amitié est toute photoshopé de circonstance. Pas du tout, regarde bien Vincent Elbaz, on sait pas s’il fait semblant d’être là ou bien s’il a renoncé.

 

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Rien de vraiment honteux pour ce troisième feujworld, si ce n’est une immense sensation de paresse, palpable dans un film bien trop long qui aurait mérité un remontage total. Et des vannes qui ne font pas vraiment rire la salle. Sérieusement, ça parle à qui, “il pleure comme une mezuzah” (de mémoire, je ne vais pas pousser le vice à me le remater). Au programme, arnaque, trahison et amitié con-con, soit la même chose que le 1 et très-la-même-chose que le 2 dont il utilise les plots twists principaux. Sauf qu’on les met ce coup ci face aux chinetoques (c’est à peu près aussi subtil que ça). A leur décharge, il n’y a pas énormément de combinaisons possibles pour faire exister une histoire originale et intéressante dans cette univers. Si même le scénario cachetonne, fallait pas s’attendre à un miracle pour une franchise de comédie française. Bon, c’est pas dur, en face, y’a la série des Astérix… Mention spéciale au fabuleux Gilbert Melki, “l’Al Pacino français”. Tout son plot, presque séparé de celui de ses amis est de déjouer le trésor public alors que justement, il est tombé amoureux de la fille du fisc. “Une bien belle histoire par les temps qui courent


18. Sea No Sex & Sun.

 

Le portrait doux-amer de trois connards en vacances, sur la plage, en Bretagne. Je pense aux 60,000 gus qui sont allés en salles pour aller voir du Fred Testot faire des blagues bites-couilles sur fond de jolies pépés, qui au final s’en sortent avec un film déprimant sur le couple. C’est un peu le problème de bons nombres de films français : l’affiche trompeuse avec quelques acteurs comiques vu à la tv. Son échec au box-office n’est sans doute pas causé exclusivement par cette affiche, ni à ce positionnement marketing mais on peut légitiment se demander qui a pensé en premier lieu que Sea, No Sex & Sun était une bonne idée. Terriblement no fun, d’où sa place dans le ventre mou des comédies françaises 2012.

"Le rire"

“Le rire”


 

17. Camille redouble

Tu vois le style d’un réalisateur comme… prenons par exemple Tarantino ? Des dialogues qui font mouche, le dynamisme cool et surtout une immense, une colossale confiance en lui. Hé bien, Camille Redouble de Noémie Lvovsky est exactement au point le plus opposé du cosmos.

Pendant des années “Avec la participation amicale de Noémie Lvovsky” a été une phrase qui a hanté le cinéma français. Les mots laconiques qui nous annoncent que l’actrice fera une apparition sympatoche dans ton film, quelque chose qu’elle faisait si souvent qu’on s’était presque inquiété pour elle : elle travaille quand, en vrai, Noémie ? La voilà de retour à la réalisation d’une comédie après “Faut que ça danse” qui a très peu swingué dans nos mémoires et un trailer qui fout la patate, youhou.

Elle incarne Camille dans son propre film, soit une “quadra” renvoyée dans son passé où elle n’a que 16 ans. Elle y retrouve celui qui deviendra son mari, mais aussi toutes ses copines de l’époque et ses parents, toujours là. A priori, il n’y a pas de mal à reprendre des concepts déjà utilisés pour en faire quelque chose de nouveau. Malheureusement, il n’y a pas une seule idée nouvelle dans Camille Redouble, rien qui n’ait pas été vu dans “17 ans encore” et surtout “Peggy Sue s’est Mariée” (de Coppola avec young Nick Cage !). Alors que c’est justement dans la confrontation de ce voyage dans le temps qui naissent les fulgurances. Check “Back To The Future”.

La situation devrait porter à rire, tout le concept du décalage temporel est fait pour ça… Mais bon sang, Noémie Lvovsky cabotine pendant tout le film (qui ressemble chaque minute un peu plus à un téléfilm un peu fauché), pour essayer de faire rire, ce qui malheureusement ne vient jamais. En fait, Lvovsky tente de canaliser différentes énergies totalement différentes. Le grand guignol de son jeu, la situation, mais aussi cet humour doux-amer si propres aux Beaux Gosses (d’ailleurs revendiqué avec la présence de Vincent Lacoste et de Riad Sattouf), et puis un peu de références : Camille-adulte est une actrice de série Z, je savais même pas que ça existait comme métier en France. Il faut voir les scènes de Denis Podalydès, d’une mollesse inouïe… C’est à cette mollesse, un vrai vague à l’âme présent dans ce qui devait être une comédie, qu’on voit que Camille Redouble essaye d’être un prototype de “Feel Bad Movie” fantastique, à la française. C’en est trop.

 

16. Paris-Manhattan

Encore un film habité par l’ombre de Woody Allen. Et de la même façon, encore un New York fantasmé. Décidément, c’est déjà le deuxième de ce classement.

Woody Allen est carrément dedans, par la voix et puis à la fin, en guest star de luxe, comme une apothéose un peu convenue. Tout le propos du film, c’est qu’Alice Taglioni ne perçoit la vie que par son poster de Woody accroché à son mur, avec qui elle dialogue au moindre doute. Paris-Manhattan essaye, comme beaucoup d’autres films avant lui, de canaliser son humour juif newyorkais, en reprenant sa manière d’aborder l’amour et SURTOUT la famille feuj super envahissante. Mais au fond, la vraie star, celle qui supplante Woody, c’est Patrick Bruel. Même en mode chubby avec des kilos en trop, le film lui semble dédié, comme une ode étrange au chanteur de la place des grands hommes. Mais un truc choque. Passe encore la réalisation et surtout la direction d’acteurs hasardeuse… Le clou du spectacle, c’est qu’avant de rentrer dans son pays et sa ville, Woody Allen lance à Alice Taglioni: “this guy is fantastic. You should marry him”. Sans déconner, quoi. On pouvait difficilement faire plus explicite. Mais qui, bon sang, QUI avait vraiment envie de voir un spot de promo cachée pour Patrick Bruel ?


 

La suite dans deux jours or so.

Les autres chapitres de ce dossier:

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