Kamui
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The Avengers
Apr 20th
J’ai déjà de la peine quand je pense à Avengers. Oui de la tristesse à l’idée de tous ces films qui vont tenter d’essayer maladroitement d’en comprendre la recette, de copier ce petit bijou d’ingéniosité et d’écriture qui défile, bien compact, en deux heures et demie. Et on se demandera alors, devant ces daubes, si c’était bien la peine de nous “Avenger”, si ça valait le coup d’avoir mis la barrière aussi haut si c’était pour retomber aussitôt.
C’est Whedon qui avait soufflé à Bryan Singer les pires répliques de X-Men, celle où les personnages se moquaient d’eux-mêmes. Déjà une raison de se méfier de Joss. Mais les films de X-Men ne fonctionnaient pas vraiment car ils essayaient trop lourdement d’être une métaphore. “Faire passer un message avant tout” n’est certainement pas la raison d’être des Avengers existent. Les X-Men sont des rejets d’une société qu’ils protègent malgré les persécutions qu’ils subissent. Les Fantastic Four est une famille mue par la soif de science et d’exploration. Mais les Avengers, c’est le club le plus fermé de super-héros. Une élite qui ne se réunit pas parce qu’ils s’apprécient mais parce qu’ils sont les seuls capables de sauver le monde, c’est aussi simple que cela (d’ailleurs, semaine prochaine, article sur mon story arc préféré d’Avengers, be there).
Pour être honnête, je lis des comics depuis que j’ai 5 ans, j’en achète toujours chaque semaine et dévoue sans doute un temps bien trop conséquent à leur analyse (genre ça ou ça). Mais même comparé à un storyarc de très bon cru, Avengers tient le coup. Mieux que ça, il se classe en tête de peloton. Sans doute parce qu’il a été fait avec dévotion et soin. Et qu’ils n’ont pas la réussite facile.
Tous les dessinateurs et les auteurs tirent la langue à ce sujet, écrire un “team book” est vraiment compliqué. Dans les Avengers de Whedon, il y a un parti pris clair de la jouer à la Christopher Reeve, c’est à dire en y croyant eux-mêmes. Et ce n’est pas évident d’avoir l’air convaincu quand on affronte une armée lambda en plein New York ou quand Thor tournoie un marteau qui va lui permettre de s’envoler. J’aime autant l’air concerné du soldat Rogers que l’attitude grivoise & débonnaire de Thor à rappeler à chaque phrase qu’il est un dieu. Et Mark Ruffalo est génial, jusque dans son explosion de rage, dans sa manière de composer avec la colère sourde de Banner/Hulk. Et Downey… well, c’est Downey… Mais plus que leur jeu, c’est grâce au script que tout fonctionne. Sans doute parce que Whedon est meilleur pour adapter du Whedon, les one-liners et les punchlines s’enchaînent avec un goût certain pour l’humour décalé. Chacun a sa grande scène d’action pour briller, oui, mais il faut voir comment sont construites les scènes de dialogues…
Loin de temporiser l’action, elles permettent aux personnages de se développer sous forme de “Team Up” de manière parfaitement organique. Chacun aura eu son échange sans que ça paraisse poussif, justifiant du même coup la présence de deux humains entraînés mais résolument “normaux” comme Hawkeye et Black Widow. Il faut laisser de l’espace pour que chacun puisse y exister sans qu’ils se piétinent, sans que cela ne ressemble à un pornfest d’action-figures qui se cassent la gueule en images de synthèse. Hé, les G.I. Joe, regardez bien comment on fait, Avengers est aussi une notice d’explication pour toi et tous les autres. Car c’est bien beau, d’affronter des loustics venus d’une autre dimension, Avengers le comprend bien et ne perd jamais ce rapport au réel indispensable et que j’adore. Comme une simple carcasse de voiture propulsée par un marteau magique asgardien. tout simplement.
Oui, tu vas hurler lors des scènes d’action, ces clins d’œil appuyés, ces whedonnisme assez géniaux comme cette Scarlett qui assomme 3 mecs en étant attachée à une chaise (et rien que taper ces mots me fait plaisir), et surtout ces purs moment badass qui m’ont fait lâcher quelques “wow” de pur bonheur fanboy aussi surement que la valise de Tony Stark qui se changeait en armure dans Iron Man 2. Non, encore plus badass car Avengers monte en puissance à chaque fois.
Avengers respecte parfaitement le rythme des grandes storylines de ces comics à la Kirby qui t’éclataient des galaxies à chaque page. Le drame super-héros type en trois actes, les combats entre héros car c’est ce que font les héros Marvel puis l’union sacré. Avengers est si bien écrit qu’il va faire la nique à tous ces super-héros modernes, bédé comme ciné, qui vivent dans des bunkers en y faisant de la muscu en attendant le prochain danger. Après le mauvais trailer (Iron Man 2), après la sitcom péplum (Thor), après le blockbuster vintage (Captain America), d’une subtilité purement Silver Age, Whedon leur redonne même cette identité très humaine qu’il faut préserver. Comme pour mieux en refaire des super-héros.
Summer Blockbusters 2012: L’Alternance
Apr 20th
D’habitude, je place ici deux, trois vannes sur les marronniers, “haha les dossiers francs mac’ et immobiliers des news magazines, c’est comme les explosions chez Michael Bay”. Mais là, non. Stop. Fini de rire. Je veux que ce soit une bonne année niveau blockbusters. Je la veux au moins aussi belle que 2008, qui était aux blockbusters ce que les années Jospin étaient à nos vies: les meilleures. Je veux que 2012 soit mieux que 2011, moins meh que 2010 et certainement plus mémorable que 2009. Je suis en manque. Je veux sentir les balles voler, voir les mâchoires se fracturer contre des abribus, des némésis rire à gorge déployée avant de se faire shoryukenner le visage. Je veux des mecs qui se bricolent des tri-bâtons avec deux bouts de ficelle. Je veux entendre les marteaux voler et des héros aux bras gauches ensanglantés. Plus que tout, je veux voir des chinois glisser en donnant des coups de pied en même temps. Ce n’est pas compliqué : je veux une putain d’alternance. Maintenant.
Sous les pavés :
La plage :
- The Avengers
- Prometheus
- Abraham Lincoln: Vampire Killer
- The Amazing Spider-Man
- Haywire
- The Dark Knight Rises
- The Expendables 2
- Lockout
- Battleship
- Snow White & the Huntsman, Brave et le féminisme en blockbuster
G.I. Joe (2) : Conspiration- Total Recall
- Wu Xia VS Iron Sky
John Carter
Apr 20th
Il y a toujours quelque chose de triste quand un beau gros paquet de pognon loupe son destinataire. Un dessous de matelas oublié par un vieux monsieur décédé un soir de printemps, un ticket gagnant du loto oublié dans la poche d’un jean passé à la machine à laver ou encore un bon gros blockbuster affectueux qui manque son public…
Je voulais commencer par parler du supposé four commercial aussi injuste qu’une défaite de Jospin alors que le titre étrange choisi est beaucoup plus symptomatique.
“John Carter”
Alors qu’est ce qui cloche ? Avec cette adaptation quasi didactique de l’œuvre de Burroughs, tout semble avoir été gardé. Tous les putains de termes qui auraient peut-être mérité d’être “streamliné”. Des actionneurs, des films compliqués avec 10 noms chinois différents à la minute, pour toi et moi c’est no problemo. Mais le grand public, entre les “Tharks”, “Barsoom”, “Zoganda” sans parler de “Jarsoom” et du reste. À côté, l’écosystème fluo d’Avatar, c’est de la blague. Et le seul truc qu’ils ont vraiment viré ici, c’est le titre. Le “A princess of Mars” du bouquin est devenue John Carter. Sans “of Mars”. Parce que le public est sans doute bête, qu’il n’aurait pas compris que “princesse” dans le titre allait déboucher sur un film de garçon de la même manière que Disney a renommé Rapunzel “Tangled” aux USA. Parce que, sans doute, le monde aurait implosé de féminité, surtout après “la princesse et la grenouille”. Tu sens qu’il y a eu comme un gros problème de communication entre les signeurs de chèques et les artistes. Et c’est con de se prendre la tête sur ce point quand on a un film où un fringant gaillard, une épée dans chaque main, torse nu, se lance seul dans un combat perdu d’avance contre une armée de géants à 4 bras.
Parce que le reste est assez affuté, en particulier l’écriture. Car John Carter n’est autre que “Indiana Jones et le Temple Maudit sur Mars” ni plus ni moins. La fameuse princesse, bannie du titre, est pourtant un personnage fort, belle ( > à Olivia Wilde), limite habile et manipulatrice comme ces rôles féminins dans Game of Thrones. Même John Carter, brillamment interprété par le nouveau “go to guy” du film d’action, remplaçant habilement le Sam Worthington de base, arrive à rendre son background assez crédible. Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’un film d’action pour enfants mais qu’il fait comprendre de manière assez limpide des concepts comme le deuil qui frappe son héros.
De la même manière que Super 8 était un film à la manière de, John Carter essaye de puiser dans le cinéma d’aventure des années 50. Il y a un mélange de Richard Fleischer pour sa fraîcheur et de ses némésis (McNulty, cœur avec des bouteilles de Whisky et Mark Strong, toujours droit dans ses pompes) et puis évidemment de Flash Gordon. Le côté Pixar se fait évidemment sentir, normal quand Stanton, le réalisateur, sort de Némo et de Wall-E. C’est tellement manifeste dans cette fabuleuse scène d’intro. John Carter, téléporté sur Mars, comprends qu’il y est plus léger sur fond d’espaces fordiens, une manière si Pixar de nous vendre des mondes en quelques plans. Ok, c’est une histoire “d’étranger de plus qui arrive en terre étrangère régler les problèmes des autres”.
Je me souviens de cette salle vide pour le génial Speed Racer que tout le monde déconseillait sans l’avoir vu. Sans atteindre la grâce véloce du délire Speed Racer, John Carter en garde malheureusement l’image du film maudit, d’un genre laissé à l’abandon telle une ruine romantique du XIXème, appelé à devenir culte car apprécié comme j’aimais aller voir Kirk Douglas à bord du Nautilus dans mon ciné-club chaleureux. Ne manque que la pellicule qui crépite et on y est.
Wrath of the Titans
Apr 18th
(Tu sens que j’accélère la machine pour être à l’heure pour Avengers, hein… Vendredi ici même… )
Wrath of the Titans, donc…
Déjà on avait du mal à cerner l’intérêt d’un remake de Clash of the Titans. Mais une suite d’un remake me fait d’un coup penser à la pertinence de la suite de Trois Hommes et un couffin version US, remember, avec Tom Selleck. Why, god, why !
C’est justement ces gods qui sont sans doute le nerf de ce péplum actionneur bizarre dont l’existence est sans doute justifié par une ligne dans les contrats.
Cependant, je peux affirmer que si tu as un fétichisme pour les vieux barbus en toge qui se font des câlins après des séances SM dans les caves de l’Enfer (ce qui est une sacrée niche), The Wrath of the Titans est TON film. Et je suis persuadé qu’il y en a que ça intéresse de voir Zeus, Poseidon, Arès et Hadès se prendre dans les bras en mode douceur, s’enlaçant de toutes leurs barbes.
Sam Worthington, le pinceau vide des actionneurs modernes, le moule dans lequel vient se déposer l’héroïsme estival, refuse d’aider son père Zeus pour se consacrer pleinement à son fils et à sa nouvelle audace capillaire. Une bonne scène d’action (la seule) va le faire changer d’avis. Mais en papa freudien, Zeus s’en veut de ne pas avoir accordé plus de temps à Sam mais vu qu’il n’a avait pas la garde… Puis on apprend qu’il y a un traître dans le petit monde de l’Olympe. Sam, à l’aide de son cousin qui semble sorti de Life of Brian des Monthy Python (bon point), va devoir réunir les trois armes forgées par Hephaistos qui, comme dans Power Rangers, va devenir une arme ultime dont même Wikipedia n’a pas entendu parler, celle qui viendra défoncer Chronos, le boss de fin de niveau.
A force d’éléments mythologiques balancés comme des plot device, ça en devient aussi chiant que ça en a l’air. Même sans son armure d’or du premier volet, habillé en loqueteux, Liam, l’homme qui murmurait des tessons de bouteille aux oreilles des loups fait de son mieux. Peine perdu, tout le monde se fait un peu chier, les acteurs comme les spectateurs. Don’t.
War Horse
Apr 16th
Okay, tu te demandés pourquoi le cheval de Spielberg dans ce prélude aux blockbusters, comment ce mélo quadrupède mérite de figurer dans cette liste.
1) War horse est l’occasion nous permet de rappeler que Tintin était sans doute le blockbuster de l’été 2011, à un détail près: il est sorti en octobre, après le cessez-le-feu des explosions hollywoodiennes.
2) Malgré son horreur chromatique qui donne l’impression que Steven a utilisé en même temps tous les filtres Instagram qu’il avait en stock, malgré le parachutage d’une séquence “petite maison dans la prairie” où Niels Arelstrup fait de la confiote à 500 mètres de la ligne de front de la première guerre mondiale avec du sucre sans doute parachuté par un généreux scénariste ignare, et bien malgré tout cela, il y a quelques scènes d’action intéressantes dont une de charge contre des gatling gun teutonnes, d’une fluidité assez extraordinaire sur fond de John Williams. L’air de dire “les années 80 à la bien, t’as vu”. Mais en fouillant bien dans ce méli mélo de couleur.
3) Et puis, quand on y pense, c’est l’histoire d’un cheval maudit car tout ceux qui auraient le malheur de s’en approcher finissent par crever. Pire que Destination Finale: le cheval de la malchance qui donne la mort , assez baddass selon mes critères.
Sherlock Holmes: A Game of Shadows
Apr 12th
Le résumé/ récap des Blockbusters de l’été, the story so far.
Transformer Holmes & Watson en héros de blockbuster avait tout d’un High Concept du siècle dernier alors que l’on sait tous, qu’en vrai, ce nouveau Sherlock au ciné a tout d’un soft porn à l’usage des dames désireuses d’un petit ménage à trois avec Jude Law et Downey Jr. Et comment te blâmer, demoiselle. Alors Game of Shadow en remet encore plus une couche en situations équivoques, travestissements et tétons mâle. Beaucoup de tétons. Et poils. Et travestissements.
Il y a dans ce Watson qui se marie pour se ranger des aventures, dans ce Holmes castrateur et impétueux comme un parfum de camembert Cœur de Lion, une espèce d’invitation gay (Downey) qui martèle la tête de son pote d’un message simple: “Allez quoi, laissez tomber ta gonzesse, l’aventure avec moi, y a que ça de vrai”. Soit ce mec qui essaye de l’attirer du côté obscur de la force alors que l’autre veut simplement manger son morceau peinard. Un instant de délicatesse freudienne.
Le reste du temps, on bascule dans un actionneur qui nous abreuve de sa crasse Slomo, confondant un peu extravagance et vacuité. Il n’y a rien qui ne se trouvait pas dans le premier film, on est plus dans un cas de catégorie “Visiteurs 2“, où le réalisateur veut toujours en faire plus car il croit que c’est ce procédé qui a fait le succès du 1. Bah non, mec, ce qui était cool, c’est l’alchimie bizarre entre Watson et un Holmes qui fait du Wing Chun mindfucké.
Mais tout n’est pas à jeter. Malgré le charisme un peu falot de Moriarty, l’anti-climax final est assez génial. Game of Shadows joue très bien sur ces décalages, quitte à saborder des personnages en pleine route. Comme si le décalage même du film d’action ne fonctionnait plus et qu’il fallait faire dérailler l’itinéraire jalonné du blockbuster pour rendre ce Sherlock Holmes un peu plus mémorable.
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