Cinématographe
Ninja Assassin
Oct 19th
Ninja Assassin a déjà un truc pour lui : dans le titre, il y a “Ninja“, un tag “qualité”. Car finalement, les ninjas sont la meilleure chose qui soit arrivé au cinéma après Sergio Leone. Un clan secret d’assassin armé de katanas et de shurikens, on peut raconter n’importe quoi avec. C’est le cas ici dans cette production Wachowski, tout droit sorti de Speed Racer (qui comme tu sais, est complètement Airwolf).
Mais il y a eu un couac dans la production. Personne n’était content du scénario à quelques semaines du tournage. Normalement, ce n’est pas un problème, on fait le film en espérant qu’il n’y ait pas trop de casse. Les frères Wacho, eux, ils appellent Straz. Oui, J.M.Straczynski (j’allume une semaine sur deux dans la section comics. Et encore, semaine pro, j’en remettrai une couche puisque Superman va encore plus loin dans le ridicule). Selon la légende, une cinquantaine d’heures et quelques litres de café plus tard (douche comprise), JMS envoie sur la boite hotmail des frangins le nouveau script. Sans relecture, hé, t’étonnes pas des quelques gros problèmes de scénarios, mais hé, si le premier draft était si à chier… On en revient à ce qu’on disait : autrefois cool, les ninjas sont aujourd’hui le vecteur au n’importe quoi, avec un dojo ninja situé “quelque part dans les montagnes teutonnes” et on a un film bushido-brochette fromage. Tu rigoleras quand tu verras Europol mené par Brice Horteufire défoncer à coup d’hélico les ninjas immigrés dans la vallée du Rhin. Fallait choisir Frankfurt, les mecs, plus safe !
Comme V For Vendetta (librement trahi de qui tu sais, “parce que DC veut lui placer des émetteurs dans le cou pour lui voler ses supers idées”), le résultat est souvent hasardeux, mais quelque part entre le sang CGI, l’acteur coréen (vu dans Speed Racer) un peu assoupissant et des ninjas qui explosent sous les obus de bazooka (whut?!), on voit parfois des filets de réussite, des instants vaguement cool de membres déchiquetés. Et c’était pas gagné avec des ninjas à Berlin, un pitch hommage à Max Pécas. Ou à Raven, le ninja blanc qui vit à Honolulu avec Lee Majors. Remember la qualité.
Logiquement, ce sera
Karigurashi no Arrietty
Sep 28th
Première surprise, le dernier Ghibli nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui va apprendre que-grandir-et-puis-plus-généralement-la-vie-c’est-pas-si-facile. Ca va, pas trop choqué ? Passé cette surprise, on découvrira une œuvre malade, avec un Miyazaki qui s’est juste contenté d’écrire le script. En espérant qu’il garde des forces pour l’hypothétique Porco Rosso of The End.
Le trailer :
“Arrietty la Chapardeuse” est une adaptation de plus d’un roman occidental d’easy fantasy (pas lu, pas intéressé non plus) de la part du studio qui envisage sérieusement de mettre la clef sous la porte. Ghibli n’existerait alors plus que comme une machine à licences, dealant les droits de peluches et les futurs caméos dans Toy Story 4, 5 et 6. Pas une histoire de pognon, ça, ils en ont. Le vrai problème tient à une histoire de succession qui ne s’est pas faite. Personne pour reprendre la place du mentor alors du coup on colle à Arrietty un certain Hiromasa Yonebayashi de 37 ans qui nous fait déjà un film de vieux, lent, d’une nostalgie toute empruntée.
Ici il n’y a pas de mascotte rigolote, ils l’ont laissé à Ni no Kuni (le dernier vrai projet du studio?). A la place on a Arrietty, une jeune fille et sa famille nucléaire. Ils sont pas plus hauts que trois pommes et vivent dans les entrailles d’une maison de campagne japonaise, dans une baraque qu’ils ont bricolée un peu comme les Minipouss. Remember.
Dans le rôle d'”Eric le Grand”, Sho qui a malheureusement une maladie mais qui espère une opération prochaine. Une rencontre, un premier amour impossible. Mais une fille de 6 cm plus un garçon malade… Un indice sur ton écran, ce sera un huis clos minimaliste et l’action va se limiter à son strict minimum. En fait, non, il y a une scène d’action : quand Sho se lève avec la petite Arrietty sur son épaule. Après une heure et quelques. Wow, full achievement. Blague à part, c’est une scène absolument géniale, très à contre-courant des héros de la tradition Ghibli qui défient la pesanteur et l’endurance humaine. Mais c’est aussi la seule fuckn’ scène intéressante. Le reste du temps, on est dans l’exposition de la vie d’Arrietty et de sa famille, comment ils voyagent de meuble en meuble et qu’ils empruntent ça et là un morceau de sucre. C’est le propo simili-gauchiste de l’histoire : ils vivent en chapardant et en empruntant, sans jamais se faire voir par “les grands”.
Heureusement, il y a quelques petits bizarreries typiquement Miyazaquiennes que j’adore. Voici mes quelques observations. D’abord il y a le personnage d’un père solide, vaillant et brave, un mensch comme on en trouvait il y a longtemps chez Miya. A contrario, la mère est un véritable boulet : laide, moche, pleurnicharde, incapable, le fait qu’elle se fait capturer dans sa cuisine où elle passe sa journée résume bien ce qu’il y a à en penser. Et puis il y a un némesis savoureux, une vieille dame très proche du traditionnel Gargamel “Je vous aurai, mauuuuudits Schtroumpffffffffffs, gnéééééééééé”. Et puis une petite vieille en méchante, c’est pas vraiment dans l’air du temps de Tokyo qui cherche plutôt ses centenaires encore vivants. On n’atteint pas le bizarre au summum détenu par Ponyo qui rencontre une femme qui donne le sein à son gosse. A la place, on a Cécile Corbel en mode Joe Hisaishi celte. Des images song durant ton Ghibli, pas courant. Elles sont assez réussies et sans déconner, même sans paroles, c’est ce qui swingue le plus dans Arrietty. C’est couillu.
Un extrait : With you(あなたと共に)
Mais moralement, l’idée de trouver un héritier légitime à Miyazaki est un peu flippante. Voir une faction de copycats cuisiner à peu près la même sauce des années après sa mort, avec les mêmes jeunes filles découvrant la vie sur fond de paysages mélancoliques déjà vus, oauif. Dans Arrietty, Miya lui-même donne des instructions, clefs en main, comme aux derniers jours de Mitterrand. Arrietty, c’est un peu ça, de la ventriloquie, un exemple où la caricature de néo-nostalgie sent le film posthume avant l’heure. Please not.
The Expendables
Sep 17th
C’est acquis, Expendables te donne envie de gueuler comme le bœuf durant un match de foot. Vraiment. Du plaisir jouissif et sensoriel, un peu à la Deathproof mais dans un autre style.
Le baroud d’honneur de Stallone ne fait pas dans la dentelle. On y défonce son chemin en sulfatant les gugusses par dizaines. Man, y’a même une attaque gratuite inouïe, un bombardement portuaire déjà culte. Tranquille. Même si c’est bien fait –peut-on parler d’un actionneur d’auteur depuis Tsui Hark ?-, le cerveau est mis en mode veilleuse jusque dans le scénario à la cohérence géopolitique toute personnelle. Une petite île tenue par un général Tapioca si naze qu’il semble sorti de la saison 3 de Prison Break est manipulé par un ancien de la CIA, forcément affreux. Sly va tomber amoureux de la fille du général, ce qui va pousser notre mercenaire à mener une révolution gratis. Faut voir sa gueule déconfite à force de chirurgie. Mieux, tous les copains qu’il a appelé à la rescousse dans ce film « wink wink » ont la gueule de leur corps, complètement défait, à l’exception de Statham et Jet Li, les plus « jeunes » même si l’un est chauve tandis que l’autre vieillit moins bien que Donnie Yen.
Comme un parfum de vieux. Et j’adore le vieux. Le seul bon moment de Nu-Karaté Kid, c’était quand Jackie Chan titube après son seul combat. A bout de souffle version muscle. En tant que sportif, je suis toujours intéressé par ces caps que le corps franchit, dans un sens comme dans l’autre. Et surtout quand il te fait signe qu’il faut vraiment s’arrêter de faire le guignol sinon tu vas te casser en deux. Tous ces mecs n’ont pas écouté les SMS et les fax envoyés par le cerveau. Depuis ils doivent se débrouiller avec des vieilles carcasses abimées qui errent dans leur base, un vieux rade de motards tenus par « Épave premier », Mickey Rourke qui tatoue des horreurs sur le corps. Tant qu’on est moche, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin. C’est peut-être lui le plus emblématique freak de la chirurgie façon lolo Ferrari si lumineux de tristesse dans le fantastique Wrestler. Mais putain, Expendables, il y a plus de lifting à l’écran que dans les deux films de Sex & the City.
Mais bon tout ça, ce ne sont que des considérations perso car le plus important dans Expendables, c’est que ça défouraille, que ça charcute. Ca plante du couteau dans la gorge. Ca cogne dur en mettant les mains dans le cambouis pour faire la sale besogne. Au fond, Expendables arrive à être tout ce que je voulais, un prolongement viril et crépusculaire à Rocky Balboa. C’est toute la qualité des films des années 80, cette patate des explosions en vrai, pas sur un putain d’écran vert. Un résultat digne de passer en redif’ vf à 20h30 sur La 5. Pas certain que ton petit neveu comprenne, alors tu lui diras simplement qu’Expendables est totalement Airwolf. Sinon, tu le tapes.
New Karate Kid (et Kung Fu Nanny)
Sep 14th
Karaté Kid, tu connais forcément et tu ne loupes jamais aucune redif. Enfin en tout cas, moi, j’avais ma carte de membre : un gus qui s’appelle Daniel et qui fait des arts martiaux, j’ai toujours eu des facilités d’identification. Comme pour Daniel Rand a.k.a Iron Fist. Le destin des années 80, mec.
Mais aujourd’hui Nu-Karaté Kid arrive comme un bon cas d’école pour montrer, au stabilo s’il le faut, ce qu’il ne faut jamais faire en terme de remake. 2h30 pour une histoire des années 80, c’est trop. Beaucoup trop. Personne ne veut s’imaginer un « Over The top » qui durerait plus de 2h30. Pour comprendre comment ils ont fait il faut soit attendre les crédits pour voir « remerciement au gouvernement chinois hinhin » et de ne pas fermer les yeux lors des longuuues séquences « cartes postales » où néo-karaté kid s’entraine sur la muraille de Chine, sur « jolie montagne ancrée dans les traditions » ou encore ce magnifique lac zen estampillé « samouraï & jardin ». On t’a tout mis, comme ça, t’appelle direct ton tour-operator quand le film s’arrête.
Il se trouve que je connais bien l’original. Vraiment bien. En vo et en vf (forcément culte puisque datant des années 80). Parfois, j’en arrive à me remonter le film dans la tête même si dans l’absolu, Superman ou Akira sont plus intéressant à se faire plan par plan. Ca tue le temps d’un voyage trop long dans l’avion (et bon sang, je viens de me taper de ces merdes en vol… )
Le staff américain responsable de ce remake a fait la même chose, copiant-collant le script entier de l’original. C’est quasiment le même à la ligne près. Quelques vannes sautent, l’histoire est recontextualité. Un petit black, fils à Will Smith, qui débarque en Chine, il a forcément du bon son r’nb dans son mobile, tu vois. Technique finale improbable, pareil. « Brise-lui la jambe », même le prof du dojo (ah ce Dragon-Kan de pacotille où il ne manque que les photos du vietnam du sifu). Pareil, on t’a tout mis.
Refaire exactement la même chose, pour quoi faire, au fond. Donc on va dénaturer le message de l’original. Danielsan apprenait le karaté grâce à des mouvements du quotidien répétés ad nauseam. Pas réaliste pour un sous, il apprenait comment donner un coup de poing le jour d’avant la compet. Mais c’était la morale de l’histoire. Will Jr n’aura que son premier cours basé là-dessus (ramasser veste, accrocher veste etc). Après, il va basculer dans un entrainement beaucoup plus classique, avec pompes, grand écart, high kick. Si tu ne fais pas ton heure de Ji ben gong avant de commencer des bases, « à rien ça sert » comme disait mon prof de kung fu.
Passons aussi sur le tournoi interrégional plus rempli qu’un stade déjà plein à craquer d’Olive et Tom. Alors que généralement, pour en avoir fait, y’a que la famille et les membres de clubs qui se déplacent. Et quelques militaires pour garder les entrées. Mais ce tournoi, il n’y a même pas de catégorie d’âge. L’âge, c’est encore un problème. Smith Jr est trop jeune pour le rôle. Tous ses adversaires passent pour des athlètes olympisables tandis que la chinoise a l’air d’avoir 6 années de plus. Et pour qu’une asiat’ fasse plus âgé que toi, c’est vraiment un problème, une erreur de casting majeur, mais bon, c’est le fils du producteur. On y reviendra.
Jackie Chan n’est pas Pat Morita mais sait soulever une jambe. Il a une carrière de fou dont il se moque ici en offrant un de ses plus beaux fights de ses dernières années. Son seul combat du film. Dont il sort en titubant, épuisé par son duel avec les mômes renégats. Et pourtant il est émouvant à trainer sa carcasse vieillie d’action movie star, montrant ici un peu plus le fossé qui le sépare des autres bastons du film (je te le dit en vérité, dès que c’est les jeunes entre eux, c’est nul). C’est aussi peut-être le meilleur « acting », bien au dessus de ses tentatives comme New Police Story – oui, celui-là où il se gerbait dessus à la première minute du film. Le voir cachetonner ici est plus cohérent que dans Spy Next Door (Kung Fu Nanny). Tiens, j’en place une pour ce film là aussi : nul. Une surprise ? Spy Kids Vs Tuxedo (un autre Jackie Chan oubliable), quasi zéro fight de Jackie. Les gamins aiment la baston et là, y’en a pas bézef.
pour Jackie costume espion.
En fait, ce qui me dérange le plus dans nu-Karaté Kid, c’est la démarche. Zappons l’évident « hé mais ce n’est pas du karaté, ouah l’autre », c’est beaucoup plus fondamental que ça. Le fils de Smith s’est sans doute mis au kung fu et ses parents ont voulu lui faire plaisir à leur gosse. « Tiens, Jaden, cadeau, on t’offre ton film hollywoodien à toi, c’est bon on s’est payé les droits d’un film super popu des années 80. Comment, tu ne connais pas Jackie Chan ? ». Quel gosse de riche exaspérant. Espérons qu’il ne va pas se mettre pas à la boxe, sinon son père rachète Rocky. Stop, ça suffit, les mecs.
2010, l’année Nicolas Cage
Sep 3rd
C’est bien de sentir qu’un acteur prend des risques. On a déjà vu Richard “balle dans la bouche” Gere se faire uriner dessus par un putois dans Hatchi. Mais cette année, en vrai, c’est celle de Nicolas Cage qui mouille sa chemise pour de bon. Tu as aimé son regard perdu dans Ghost Rider ? Ou peut-être aimes-tu son rire dégénéré dans Kick Ass au point de t’en faire une sonnerie de téléphone ? Ou plus simplement as-tu survécu à Bangkok Dangerous ? Pour toi, Nick donne tout ce qu’il a dans le bide.
On oublie souvent que Nick Cage a été pressenti pour jouer Superman pour le projet (heureusement avorté) de Tim Burton. Par chance, il existe encore des images des tests en costume.
Ow Tim. Tim. Tim.
Quoiqu’il en soit, dans Bad Lieutenant, Nicolas Cage joue le rôle de sa vie. A un moment, il interprète un détecteur de métaux. Faut le voir raconter sa vie en faisant “blip blip blip” comme le radar de Bulma. Bad Lieutenant, vrai-faux remake a tout de l’ovni. Vrai bad trip quand on voit soudainement des scènes via les yeux d’un lézard, Cage y baise une pute en fumant du crack devant son client en état d’arrestation sur un parking. Et puis qui va retrouver son officielle, une pute jouée par Eva Mendès. Bad, very bad lieutenant qui donne l’impression d’être filmé par un Lynch reparti dans les années 80 mais juste après les inondations de la Nouvelle Orléans. Ca n’a pas de sens ? C’est sans doute ça, l’idée du film. Cadeau, cette tagline de ouf : The only criminal he can’t catch is himself. Personne ne peut arrêter Nick Cage, t’entends ?!
Mais en fait c’est l’Apprenti Sorcier, un film Disney de l’été, qui lui offre enfin le VRAI rôle de sa vie : à un moment, Nick Cage joue un mec qui porte un chapeau. Posé là, sur ses cheveux d’une virilité toute Moundiresque. Et ça, ÇA, c’est probablement la plus belle image de cinéma que tu pourras voir cette année. Que l’apprenti sorcier soit un bon film ou pas, à la rigueur, on s’en fiche. Le pitch est assez nul. Dave (Jay Baruchel, vaguement vu dans les Apatow) va découvrir qu’il est le “Premier Merlinier” (ow le nom de la honte, pourquoi pas ), l’élu qui va devoir affronter le mal sous la houlette de son mentor Cage qui porte des chaussures pointues, une autre démonstration de ses capacités à se fondre dans ses personnages.
Depuis l’explosion du teen super-héros / magicien à Hollywood, ce genre nous arrive tous les trois mois. Si c”est pas Avatar The Air Bender, ça sera Percy Jackson. Les super-teens movies, c’est comme la poussière dans un grenier, on en trouve partout. Et c’est la même chose : découverte, apprentissage puis rejet pour finir par l’acceptation de son rang. Normalement, le héros comprend sa place dans le monde. Mais rien à foutre, l’enjeu ici, c’est de voir complètement vampirisé par Balthazar Cage en roue libre comme il faut, zombifiant aussi ses autres partenaires adultes (Molina et Monica Belluci). Il y reprend même pendant quelques secondes sa prestation de Bad Lieutenant. A la fin, c’est lui le plus fort. C’est ton année, mec.
L’éclair noir
Aug 26th
Les jeunes ignorent tout du communisme. En Russie, les post-tcherno ont tout oublié de la vie quotidienne horrible du temps de l’URSS. (Les post-tcherno, c’est comme ça que j’appelle les filles et les mecs nés après 1986). On leur dit “tu sais, fallait faire la queue pendant 2 heures et t’étais même pas certain de choper un morceau de fromage” et il te sort la tête de son portable l’air du “Non mais tu déconnes ?”. Ils ont oublié.
Chernaya Molnia a aussi oublié le communisme mais nous en montre quand même via un Moscou magnifique. Les immeubles staliniens. Les grandes avenues. L’architecture sauvagement grise d’où apparaissent d’ostensibles buildings du genre l’immeuble TF1. Lacity comme ils appellent leur La Défense à eux. Et puis son lot de vieux bâtiments en ruine, bien cracra. L’éclair noir (le titre, en français dans le texte cette fois), c’est un actionneur russe, un blockbuster venu du fois produit par Timur Bekmambetov, le mec derrière Nightwatch, Wanted et des prods genre 9. Acoquiné à Tim Burton (ouille), Timur s’est positionné, toute proportions gardées, comme le Luc Besson ruskof. Ouais, la comparaison rend perplexe, mais mais mais… il va bientôt produire ça.
Abraham Lincoln : Vampire Hunter ! Et quand t’as un titre pareil, c’est la même chose que Surf Nazis must Die, De Battre Mon cœur s’est arrêté ou encore (dans un autre genre) Je me suis fait enculer dans la forêt. T’as même pas besoin d’être réussi.
Anyway…
L’Eclair noir ne fait pas dans la dentelle niveau référence. C’est l’histoire d’un môme fauché mais doué à la fac qui va se retrouver avec une voiture qui vole. De grands pouvoirs qui vont impliquer de grandes responsabilités, un crédo qu’il se répètera à partir du moment où son père va se faire poignarder. Notre garçon, il s’y est cru et voilà que son père va le hanter dans des guilty flashbacks. Il va donc jouer les justiciers masqués à bord de sa Volga qui vole et cacher son identité de son love interest. Encore un peu ? Face à lui, Osbo… euu un riche oligarque veut forer Moscou pour récupérer les diamants, quitte à détruire la ville. Stéréotype du parvenu crade qui étale sa richesse, il annonce un retournement de code intéressant pour la Russie d’aujourd’hui. Ok, ça fait Jean-Pierre Pernault de parler de “valeur à l’ancienne” mais sans connaitre ce pays, on a du mal à se rendre compte du délabrement moral de la Russie moderne, transformée par l’argent. Et notre héros, lui, les thunes, les filles qui montent dans une benz, c’est pas pour lui. Mais dans son genre, il joue mieux que Tobey Maguire.
Allez, on va arrêter là les comparaisons avec Spider-Man dont la trame la plus infime a été canalisée pour être recrachée en version post- coco.
Mais le truc le plus admirable de cet actionneur-ovni, c’est d’avoir réussi à comprendre un aspect déterminant de l’aspect des années 80 : le véhicule roi. Airwolf. Top Gun. Firefox (de Clint, hein). Même Jayce ou Mask. K2000. Parce que, en vrai, on s’en foutait de Michael Knight qui luttait contre le sheriff corrompu du comté du coin. Nous, on voulait voir sa caisse ultra-perfectionnée d’une valeur de 57 millions de francs français. Cette appropriation de code est d’autant plus étonnante quand on pense que les russes n’ont jamais connu ce zénith véhiculaire. Je peux en témoigner, il n’y avait rien à la télé à l’époque, c’était interdit. Et en kiosque, y’avait que l’Huma de dispo. Et voilà qu’avec une Volga qui vole (faut la voir s’élever dans les airs, c’est tout simplement absurde !), ils essayent d’en restituer la classe. L’air de rien.
Richard Gere, de Mallick à “Hatchi”
Aug 19th
L’American Gigolo ultime, le Pretty Womanizer, Richard Gere a tout vécu, y compris avec les plus grands. Kurosawa. Mallick. Lumet. Et il a couché avec Cindy Crawford. Ce type a tout pour être mon héros, même sans avoir piloté Goldorak. Pourtant c’est le plus mal aimé du clan des vieux beaux à cause de sa filmo en dent de scie. Même ta belle-mère (le cœur de cible de Gere, le même que Richard Chamberlain) te le dira : il a le cul plat. Mal aimé, ouais.
Et là, c’est de nouveau son année. Coup du hasard, avec la ressortie des Moissons Sauvages / Days of Heaven, j’ai pu le (rere) voir en beau gosse cristallin, pantin du dispositif de Terrence “Goddamnit c’est quand ton prochain film” Mallick qui prenait déjà forme. C’est si beau. Et puis au festival Kurosawa de la cinémathèque, il débarque en pleine repentance au Japon et s’excuse, presque au nom de son pays, à la pauvre petite vieille pour Nagasaki. Eric Zemmour n’a pas aimé, les regrets, les excuses tout ça, c’est pour les gauchistes. Petit jeu très neutre puis il se casse dans son avion. Tchouf tchouf, le temps de prendre le thé avec Akira. Mais Kurosawa quoi, paye ta ligne imdb qui tue.
Aujourd’hui, il est flic dans Brooklyn’s Finest. Il n’y fait pas grand chose puisque c’est qu’un des quatre acteurs principaux, avec Don Cheadle (mou, comme d’hab) qui fait le keum infiltré, Ethan Hawke (pas très intéressant en flic un peu ripou) et Wesley Snipes (qui a rompu avec Liliane Bettencourt et doit donc payer sa caution) qui fait le caïd. Soldat du ter-ter, gros. Officier alcolo “à 3 jours de la retraite”, Gere est celui qui réussit le mieux à sortir son épingle du jeu de ce merdier brooklynien, grâce à l’espèce de relation lumineuse qu’il entretient avec une jolie prostituée. Tu vois, cousin, j’idolâtre Le Voyage au Bout de la Nuit et tout ce qui tente de recréer un peu cette ambiance et ce goût pour la déclinologie romanesque, j’apprécie. Le regard perdu de Gere, c’était là le vrai sujet malheureusement découpé en 4 au profit des bad boys. En fait, Antoine Fuqua (le réa de Training Day, mode automatique à nouveau) nous arnaque puisqu’il y a facile deux acteurs de The Wire dont il cherche à happer la hype. Surtout… OMAR !
(attention, lien avec spoileur de the Wire)
Même si le film ne présente au final pas beaucoup intérêt, on peut y déceler quand même l’ombre fuyante celle de l’âme sombre newyorkaise à la James Grey malheureusement noyé dans cette guimauve de destins croisés (penser au douloureux 21 grams). Film choral du ghetto, mec, mais du ghetto bourgeois.
Téléportation. Hatchi.
En France, Hachiko perd son Ko et gagne un T quand il est serré sur l’affiche par Richard Gere. De l’ambitieux Mallick, on passe au méga larmoyant mélo basé sur l’histoirevrai, elle-même un film japonais.
Normalement, si tu as un cœur, tu ne peux pas rester insensible.
Et il va mourir. Mourir.
J’ai mauvaise conscience à me moquer. Mon chien Marx est mort quand je n’étais pas là. Genre une colo de neige, un truc nul et je n’étais pas là. C’était le chien le plus intelligent du monde et je n’en ai plus aucune photo. Heureusement, Hachiko n’est pas de la même race que Marx sinon le film se serait terminé pour moi dans la buée la plus totale, comme toute la salle qui renifle et qui voit flou durant les vingt dernières minutes. Concerto en Snif Majeur. Mais la puissance Airwolf a dit non, tu ne chialeras pas. On est Airwolf ou pas. Alors plutôt que de fondre en larmes, on s’accroche aux détails.
Du genre : la réa passe-partout. La musique, un thème nul qui nous fait comprendre à quel point on peut être dur avec Hisaishi alors qu’il compose toujours une boucle mélodique qui fait mouche. Et puis il y a Cary-Hiroyuki Tagawa, venu en maitre jedi de la pensée japonaise dispenser quelques bonnes maximes et dictons. Il est japonais, c’est son pays, donc il en connait les secrets et la mystique. Comme cette affiche 4 par 3 parisienne qui nous martelait que “le Japon, c’est zen et ancré dans les traditions.” Quel putain de chemin parcouru pour cette acteur, incarnation de l’asiatique hollywoodien des années 90, immortel Shang Tsung dans Mortal Kombat (petit extrait en russe à savourer). Et puis Kick Boxer. Rising Sun. La putain de filmo TF1 22h30 des années 90. Il a même joué dans un de mes nanars préférés, Showdown in Little Tokyo dont je t’ai déjà parlé ici. Mais comme Hachi ne m’a pas fait chialer, je régale, v’la un lien direct vers une des plus grandes répliques du cinéma. De tous les temps. Que de chemin parcouru pour lui aussi (et pour Dolph aussi, dont la mèche blonde tombante doit bien faire chavirer quelques petits cœurs). Mais s’il faut retenir un full circle, c’est celui de Gere qui ramène parfaitement la balle.
Un film qui mérite une bande annonce en VF avec Richard Darbois / Batman.
Deux films, une note commune. Un point par film, ça fait 2/10 ou
Une dernière fois pour la route, Richard ?
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