Cinématographe
Imposture
Jun 14th
Note: à partir des reviews de Last Days et d’Imposture, plutôt que de mettre la très officielle affiche du film, j’essayerai de faire un crobar ou quelque chose…
Bouchitey, avec l’age, a les traits de plus en plus anguleux, inquiétants. Il foutait déjà les jetons dans Les Démons de Jésus. C’est donc d’un pas certain qu’on peut aller voir Imposture, l’histoire d’un prof et critique qui kidnappe une de ses élèves pour lui faucher son bouquin, brillant. Il la séquestre, et, toujours en mal d’inspiration, lui en fait écrire un autre. Ce Misery, un peu moins thriller, un peu plus drame, est au final assez intelligent, très regardable, avec un Bouchitey en grande forme. Bonne prestation aussi de la jolie Laetitia Chardonnet. Clin d’œil, les amateurs de vie littéraire françaises (autant dire parisienne) apprécieront quelques caméo marrants à la fin.
Last Days
Jun 11th
J’ai en mémoire la phrase d’un ami: “je vais au cinéma pour penser le moins possible à la mort“. Louable. J’espère qu’il n’est pas allé voir Last Days de Gus Van Sant. Il est en effet question de ça, après un Elephant qui continue à me partager un peu plus chaque jour. Film brillant, attitude de poseur, clairvoyance, simplisme, Elephant est bouleversant pour pas mal de raisons. Last Days propose un sujet à la mode, le bio-pic trèèèèès largement inspiré par les derniers jours de Kurt Cobain. Même si la ressemblance et le mimétisme de l’acteur principal Michael Pitt est frappante, pas besoin d’aimer ni de connaître le leader de Nirvana qui a fini par se faire sauter la cafetière. Beaucoup de ressemblance donc avec Elephant mais avec des passages en miroir renversé. Alors que la mort y était le couperet final, asséné en quelques minutes, la déchéance de Michael Pitt dure un film entier. Cette agonie est largement plus saisissante que les récents films du genre qu’on a pu voir (souvenons-nous du pathétique “The Passion of the Christ“). Ce n’est pas non plus le premier film du genre. Gus Van Sant transcende son sujet, dépasse le mythe du rocker, et assène quelques moments grandioses. “Quelques”, oui, car il ne se passe pas grand-chose. Mais le peu qu’il s’y passe prends aux tripes. Les dialogues sont extrêmement réduits, quand ils ne sont pas tout simplement bredouillés. On virevolte avec ce pantin désarticulé, on suit sa douleur qui glace le sang. Des plans audacieux dans un film sobre (ce passage au petit matin derrière la vitre, wow!). Pas aussi génial qu‘Elephant, mais avec un sujet moins dangereux, sans parti pris, Last Days est un film expérimental simple, triste, élégant et intelligent.
Sin City mon Amour
Jun 4th
Sin City… un nom qui fleure bon la nostalgie pour moi. Mon premier contact avec ce monstre de violence et de classe remonte à il y a facilement 13 ans sinon plus. A l’époque, j’avais cessé de lire des comics, à part deux trois occasions bien précises. Dont Dark Horse Present qui pré publia la première saga. Depuis j’ai lu chacun des chapitres de ce qui devint un multi graphic novel sur des centaines de pages. Frank Miller a crée un monde cohérent, puisant dans les clichés du polar, du roman noir pour en sortir quelque chose d’atypique, puissant, qui déchire la rétine visuellement parlant. Circa 15 ans, j’avais tenté de le prêter à mon père sans succès: “bien mais trop violent”. Sin City n’est pas à mettre entre toutes les mains. On est dans des bas fonds où se côtoie la lie de l’humanité. Mafieux, assassins, chasseurs de primes, putes, violeurs, la vie n’y est pas rose. Les hommes y sont cruels et les femmes, fatales. Le film de Rodriguez et Miller suit de nombreuses scènes de 3 des récits majeurs de la série (ainsi qu’une short story), plan par plan, et d’une manière hallucinante. Certaines séquences sont mêmes transcendés dans la version ciné. J’ai simplement halluciné devant Bruce Willis, acteur que je déteste pour sa mono expressivité faciale, mais là, wow ! Il a le rôle de sa carrière. Mickey Rourke est absolument brillant dans le rôle de Marv et Carla Gugino est belle à se damner (notons un seul manque de fidélité, normalement Jessica Alba aurait du être topless). Alors évidement, vu la fidélité, le film n’a aucune forme de surprise pour le connaisseur, à part jouer avec sa mémoire. Certaines scènes sont meilleures en BD (la pendaison de H. est un des plus grands moments de bédé mis sur page à ce jour), certains manquent (le délire du même H. lorsqu’il se fait tabasser), mais on est dans un concentré d’efficacité. A certain moment, les catchlines fantastiques du film me sortait de la bouche avant que Willis ou Rourke les prononce. Sin City est un film fantastique, un film de genre construit autour de clichés, de gueules. Chaque plan sent le travail, le bon goût caractérisé d’une concertation des réalisateurs entre eux. Et c’est ça la puissance de Sin City, un film ambitieux et poseur. Il y a une énergie ébouriffante, une espèce de laboratoire à idées visuelles, narratives, un moment d’allégresse de cinéphiles. Un film grandiose.
Star Wars Episode III
May 22nd
Passons sur l’histoire que tout le monde connaît et allons directement dans le vif du sujet. Marié en secret à la petite nana de Leon, Anakin va basculer du côté obscur. Et c’est encore une fois la faute indirecte de la femme si tout part en vrille. Attention, personnages subtils: Anakin fait un cauchemar où il voit sa gonzesse mourir en donnant naissance à leur(s) enfant(s). Il va voir le sénateur Palpatine, en fait le grand méchant de la galaxie mais ça, personne ne le sait, qui lui dit que “p’tet bien que le côté obscur on peut redonner vie à des gens morts”. Un combat et 2 minutes plus tard, il est à genoux devant son nouveau maître. Transition subtile. Avant cela notons une séquence d’ouverture assez géniale, avec des droides redevenus hilarants. C’est sans doute le point fort du film. Les combats aux sabres, loin des duels épurés des épisodes d’il y’a 20 ans, sont enrichis en images de synthèses. Alors entre Ian McDiarmid (61 ans), Christopher Lee (83 ans) et Yoda (qui n’existe pas), le résultat est déséquilibré, très jeu vidéo, assez brouillon. Palpatine d’ailleurs joue d’ailleurs en utilisant tout son savoir acquis dans la Christian Clavier Actors’ studio, surjouant, grimaçant: il est en roue libre. Les autres s’en sortent nettement mieux (le sobre Hayden et Ewan).
Mais au fond, “pourquoi filmer ça?”. Quelqu’un qui découvre les Star Wars aujourd’hui dans le nouvel ordre aura-t-il des frissons à l’arrivée imposante de Darth Vador dans épisode IV ? Aura-t-on plaisir à découvrir la Force comme le fait Luke avec l’enseignement d’Obiwan (“la Force est dans toute chose de l’univers”) alors que maintenant on sait que c’est une connerie dans le sang, comme des globules blancs ? Et le noble Obiwan ment de fait à Luke ? De plus, tout le propos des nouveaux films n’est plus l’héroïsme, mais le repentir d’Anakin. Ok, il bascule gentil à la fin, mais le simple fait d’émettre l’hypothèse de repentance sur un mec qui est sans doute à l’origine de milliards de morts dans la galaxie est assez gerbante. En dire trop gâche clairement les effets des films passés. Le Retour du Jedi faisait déjà l’erreur de montrer la gueule de Darth Vador (autrefois indubitablement un des meilleurs bad guys de l’histoire du cinéma), là on a eu droit à son enfance, sa puberté, la totale. Alors le fan vous cherchera les petits détails qui ne collent pas, les trucs qui se contredisent, les differents patchs scénaristiques rajoutés par Lucas, mais franchement en dehors Star Wars et Empire Strike Back, ce n’était pas la peine d’aller vraiment plus loin. Enfin maintenant c’est fini. Circulez, y’a plus rien à voir.
Lemming
May 21st
Après un intéressant Harry, un ami qui vous veut du bien, Dominik Moll revient avec le même genre de thriller psychologique lent, en y ajoutant une touche de fantastique. On commence à comprendre ses fixettes (l’hélico-web cam, réminiscence des délires de singes volants dans Harry, les musiques etc). Ici l’histoire repose sur la théorie du grain de sable (un lemming coincé dans un tuyau) qui vient déglinguer la vie d’un couple modèle. C’est assez chiadé visuellement mais c’est surtout le côté sonore qui est vraiment traité avec une grande classe. Le problème tient dans son côté “fantastique”, absolument pas crédible et c’est vraiment dommage. Les effets en images de synthèse sont aussi risibles qu’inutile. Et alors la fin racontée en voix off, c’est assez hallucinant, on dirait que ça a été bricolé au dernier moment. Dommage donc, mais bon, parait-il que l’étape du deuxième film c’est dur dur.
Kingdom of Heaven
May 17th
Ridley Scott revient à son style majeur depuis Gladiator, la grosse machinerie façon grosses trompettes derrière. Kingdom of Heaven nous téleporte à Jérusalem, à l’époque des croisades, à un moment assez peace & love. D’ailleurs, tous les personnages sont gentils. Les seuls méchants (qui provoquent une guerre, niark niark qu’ils sont méchants) sont caricaturaux au possible. Sinon, tout est là. Il faut du vieux charismatique. Toujours. Il faut une fille européenne, on l’a aussi (l’absolument sublime Eva Green).Et chose bizarre, ce seront des “gentils” qui finiront par se taper sur la gueule. La chose qui manque vraiment, c’est un méchant crédible. Et comme d’habitude, l’unité linguistique (Troy déjà, tout le monde en anglais…) est horripilante. Même les arabes parlent entre eux en anglais. Il manque sans doute l’aspect épique de Gladiator, à coup de super monologues de Russel Crowe. C’est quand même un bon film de chevaliers quand même, où l’on ne sent pas trop le photoshop lors des scènes de batailles (ce genre de détail me fait carrément sortir de ces genres de films). Le montage est toujours un peu hasardeux, toujours à la Gladiator, mais a le bon goût d’expédier l’amourette à une vitesse hallucinante. Et en même temps, malgré tous ces petits défauts, Ridley Scott sait insuffler de l’intelligence et de l’efficacité dans ses plans. Il a une espèce de bon goût évident, des tentatives d’élévation de débats. Faire co-produire un tel film par Fox, avec tout le côté subversif sous-jacent, c’est gonflé. Du cinoche pas parfait mais quand même assez haut de gamme.
Avant qu’il ne soit trop tard
May 15th
Prenez des amis, avec un background lourd. Pensez à tout. Il faut un homo, une fille dévergondée façon croqueuse d’hommes, une fille trentenaire pas très fut fut (on appelle ça un repère identifiable pour les jeunes filles, comme Ally Mc Beal ou encore Bridget Jones). Ajoutez un noir. Faites les parler ensemble dans un huit clos. Surtout ne pas oublier de placer quelques d’anecdotes un peu crues (mais rien à l’écran, exemple: témoignage sur l’homosexualité, fellation). Vous faites jouer le tout par des acteurs qu’on a déjà vu quelque part (Emilie Dequenne, jolie, déjà vue dans le pacte des loups; Frédéric Diefenthal, le flic gaffeur de Taxi, Edouard Montoute, un des flics non drôle de Taxi -encore!-, mais pas mal ici). Bah voilà, c’était à peu près tout.
Ca se termine avec une happy end qui pique les yeux. Des fois, on croit à une erreur.
Les mauvais joueurs
May 8th
Voici un de ces films étranges, proche du fantastique De battre mon cœur s’est arrêté.
Vahé est un écorché vif. Sa vie prend l’eau. Son père, arménien du Sentier, qui tient une boutique de tissus va bientôt fermer. Il a aussi ses amis avec qui il fait 2 3 larcins et magouilles, toujours dans le marais, toujours dans le textile, toujours entre arméniens. Mais voilà, il en a marre de cette vie. Il aspire à autre chose, mais quoi ? Sa nana, une belle chinoise vient de le plaquer. Sa vie est en roue libre. Il essaye d’aider un jeune chinois clandestin, endetté auprès de ses passeurs, mais ça ne se passe pas très bien. Mais Vahé est dépassé, sa propre vie semble lui échapper. En bref, il n’y a pas réellement d’histoire. On suit le spleen de Vahé (joué par un Patrick Elbé brillant) dans ce film étonnant, traitant de la minorités des minorités, des arméniens du Sentier. Avec sa réalisation nerveuse de polar , les mauvais joueurs est un bon premier film, touchant et subtil, montrant qu’il n’est pas nécessaire de montrer une bande de juifs séfarades fêtards (penser “la vérité si je mens“) pour évoquer ce quartier de Paris.
Garden State
Apr 28th
Garden State a tout pour devenir culte auprès du public qu’on appelle “adulescent”. Andrew, un jeune assez dépressif retourne dans le bled de son enfance où sa mère, paralysée, s’est noyé dans sa baignoire. Entre redécouverte de ses anciens camarades de classe (portraits truculents comme il se doit) et son père avec qui il est en froid, le vieux gamin va se ressourcer durant quelques jours. En fait le début est plutôt amusant. Les personnages et situations sont marrants, bizarres. Le traitement de l’image est assez créatif. Avec ses problèmes familiaux on pourrait penser à un Woody Allen pour jeunes. En plus il y a Ian Holm, donc la classe. Et là, patatra, déboule Nathalie Portman. Alors elle est bien jolie comme il faut, elle remonte le moral. On serait revigoré avec moins que ça. Et là, miracle, à l’aide de son jeu horripilant, elle lui fait découvrir l’amûûr. Mais c’est bien là le problème, le film se transforme en bluette fadasse. Ca plaira sans doute aux jeunes post-ados mais franchement la happy end est assez innommable. Donc, résultat mi-figue mi-raisin.
Reste une bande son vraiment très chouette.
L’Empire des Loups (pourpres)
Apr 23rd
Il me fallait voir un bon nanar… Quoi de mieux donc que le pacte des loups des rivières pourpres… connu sous le sigle plus commercial “Empire des loups”. Encore loin du delirium “Rivières pourpres 2″ (funniest movie 2004, haut la main), ce nanar puissance 10 000 nous assène son lot de bêtises et de répliques grotesques que la pudeur m’interdit de vous révéler. Ah si une: un mec dans un labo qui après analyse d’un sample du bout d’ongle d’une fille qui ne connaît rien de son passé lui assène: “mademoiselle, dans une vie antérieure, vous étiez turque”. Le choc!
Ah oui l’histoire. Un jeune bleu se retrouve devant un serial killer forcement atroce. Les victimes sont turques, du coup, c’est toute la communauté turque de Paris qui flippe. Il fait appel à un expert en réseau turc, Jean Reno teinte en blonde, à la retraite. Pendant ce temps, une femme découvre qu’elle est manipulée par celui qu’elle croit être son mari. Heureusement, ces deux histoires se télescoperont de manière totalement artificielle. Le tout est en scénario en mode radioguidage tendance parachutage cher aux productions Besson. J’appelle ce concept le “hasard Bessonique”… Exemple, sur une bibliothèque de 1000 bouquins, et paf ! On tombe sur le bon ! La psy du film, ça tombe super bien, elle a un ami qui bosse dans un labo militaire, ils pourront faire tout les tests qu’ils veulent… La marque sur le bout d’ongle de la fille qui cherche à recoller les morceaux (elle ne l’aura pas coupé en 20 ans ouf) porte une trace qu’on ne trouve qu’en Turquie et uniquement là-bas. Et c’est ça durant 2 heures. Des enquêtes aléatoires. (Autre film marqué du hasard Bessonique, parce que je suis chaud. Jet Li / Danny the Dog qui se retrouve seul dans une usine à couvrir un trafic de drogue et fait la rencontre de Morgan Freeman qui passait justement par là pour accorder un piano. En pleine usine. Où se font des trafics de drogue. Ca tient à rien la vie…)
Là, le héros trouve la homepage perso de méchants qui sont en fait de dangereux terroristes turcs néo-nazis, tendance ninja du désert. I kid you not. Et attention, il fait simplement Yahoo France pour les gauler. Y’a leur photos à tous, et leurs vrais noms ! Il ne reste plus qu’à appuyer sur “imprimer” pour partir en chasse. Si on se fend pas une côte devant ce génie, il reste le jeu “tout en nuance” de Jean Reno, fidèle à lui même. Il donne tout ce qu’il a, on a du mal à se retenir de rire.
Pas aussi ridicule que RP2 (!!), quand même un navet bien réjouissant.
Com-Robot