Cinématographe

Lemming

Après un intéressant Harry, un ami qui vous veut du bien, Dominik Moll revient avec le même genre de thriller psychologique lent, en y ajoutant une touche de fantastique. On commence à comprendre ses fixettes (l’hélico-web cam, réminiscence des délires de singes volants dans Harry, les musiques etc). Ici l’histoire repose sur la théorie du grain de sable (un lemming coincé dans un tuyau) qui vient déglinguer la vie d’un couple modèle. C’est assez chiadé visuellement mais c’est surtout le côté sonore qui est vraiment traité avec une grande classe. Le problème tient dans son côté “fantastique”, absolument pas crédible et c’est vraiment dommage. Les effets en images de synthèse sont aussi risibles qu’inutile. Et alors la fin racontée en voix off, c’est assez hallucinant, on dirait que ça a été bricolé au dernier moment. Dommage donc, mais bon, parait-il que l’étape du deuxième film c’est dur dur.

Avant qu’il ne soit trop tard

Prenez des amis, avec un background lourd. Pensez à tout. Il faut un homo, une fille dévergondée façon croqueuse d’hommes, une fille trentenaire pas très fut fut (on appelle ça un repère identifiable pour les jeunes filles, comme Ally Mc Beal ou encore Bridget Jones). Ajoutez un noir. Faites les parler ensemble dans un huit clos. Surtout ne pas oublier de placer quelques d’anecdotes un peu crues (mais rien à l’écran, exemple: témoignage sur l’homosexualité, fellation). Vous faites jouer le tout par des acteurs qu’on a déjà vu quelque part (Emilie Dequenne, jolie, déjà vue dans le pacte des loups; Frédéric Diefenthal, le flic gaffeur de Taxi, Edouard Montoute, un des flics non drôle de Taxi -encore!-, mais pas mal ici). Bah voilà, c’était à peu près tout.

Ca se termine avec une happy end qui pique les yeux. Des fois, on croit à une erreur.

Les mauvais joueurs

Voici un de ces films étranges, proche du fantastique De battre mon cœur s’est arrêté.

Vahé est un écorché vif. Sa vie prend l’eau. Son père, arménien du Sentier, qui tient une boutique de tissus va bientôt fermer. Il a aussi ses amis avec qui il fait 2 3 larcins et magouilles, toujours dans le marais, toujours dans le textile, toujours entre arméniens. Mais voilà, il en a marre de cette vie. Il aspire à autre chose, mais quoi ? Sa nana, une belle chinoise vient de le plaquer. Sa vie est en roue libre. Il essaye d’aider un jeune chinois clandestin, endetté auprès de ses passeurs, mais ça ne se passe pas très bien. Mais Vahé est dépassé, sa propre vie semble lui échapper. En bref, il n’y a pas réellement d’histoire. On suit le spleen de Vahé (joué par un Patrick Elbé brillant) dans ce film étonnant, traitant de la minorités des minorités, des arméniens du Sentier. Avec sa réalisation nerveuse de polar , les mauvais joueurs est un bon premier film, touchant et subtil, montrant qu’il n’est pas nécessaire de montrer une bande de juifs séfarades fêtards (penser “la vérité si je mens“) pour évoquer ce quartier de Paris.

Garden State

Garden State a tout pour devenir culte auprès du public qu’on appelle “adulescent”. Andrew, un jeune assez dépressif retourne dans le bled de son enfance où sa mère, paralysée, s’est noyé dans sa baignoire. Entre redécouverte de ses anciens camarades de classe (portraits truculents comme il se doit) et son père avec qui il est en froid, le vieux gamin va se ressourcer durant quelques jours. En fait le début est plutôt amusant. Les personnages et situations sont marrants, bizarres. Le traitement de l’image est assez créatif. Avec ses problèmes familiaux on pourrait penser à un Woody Allen pour jeunes. En plus il y a Ian Holm, donc la classe. Et là, patatra, déboule Nathalie Portman. Alors elle est bien jolie comme il faut, elle remonte le moral. On serait revigoré avec moins que ça. Et là, miracle, à l’aide de son jeu horripilant, elle lui fait découvrir l’amûûr. Mais c’est bien là le problème, le film se transforme en bluette fadasse. Ca plaira sans doute aux jeunes post-ados mais franchement la happy end est assez innommable. Donc, résultat mi-figue mi-raisin.

Reste une bande son vraiment très chouette.