Films 2007 en attente

La vie des Autres

Essayé mainte fois d’écrire un truc, et à chaque fois pas réussi ou pas le temps. C’est pourtant l’histoire d’écoute téléphonique la plus touchante du cinéma, ever. Sans Mitterand.

Fur : un portrait imaginaire de Diane Arbus

Je pensais toujours que Diane Arbus était trop « girly ». Avec Nicole Kidman, on change d’avis assez vite. Excellent « bio-pic » un peu « what if » sur la vie de cette photographe. Robert Downey Jr (l’année prochaine en Tony Stark, vivement!!) campe un malade absolument somptueux. A noter quelques scènes d’un érotisme bizarre foudroyant. Vraiment sous-estimé.

Bug

Huit-clos adaptation d’une pièce de théatre sur la paranoïa. Ashley Judd (remarquable actrice au passage) et son partenaire mec donnent une belle leçon d’actors’ studio dans un climat ultra étouffant, malsain et psychologiquement violent. Le moment où tout bascule (paroles dans le noir échangé dans un lit post-coïtal) est un des moments les plus fantastiques du film. Passionnant mais il faut avoir le cœur un peu accroché ou une bonne distance avec le sujet, ce n’est pas le teen slasher du coin de rue.

TNMT :

A noter le pic au milieu du film, atteint par une baston dantesque entre Leonardo et Raphaël, merci youtube. Sans doute un des meilleurs duels en CG. Le reste est dispensable.

Ségo & Sarko sont dans un bateau :

Oh ne me lancez pas sur Ségolène… Ni sur l’autre.

Ma vie n’est pas une comédie sentimentale

Comédie sentimentale (justement) comme le cinéma en sort des hectolitres, au moins un par semaine en ce moment. A part la présence notable d’un camarade en charismatique testeur de jeux vidéo (et traducteur de klingon), c’est assez affligeant.

2 Days in Paris

Julie Delpy s’égotrip en fille moche en réalisant une comédie sentimentale très valable. Encore une fois on voit la supériorité du cinéma US (car il s’agit bien de ça) sur ses homologues français.

Love et ses petits désastres

Et triomphe du cinéma anglais dans son genre roi, la comédie sentimentale, avec sa méthode calibrée, quasi scientifique de créer des personnages secondaires intéressants, attachants et crédibles, tout en maitrisant le recul et le second degré. De plus, le film n’est pas avare en Brittany Murphy en pleins de tenues même les plus légères, plus excitante que jamais. Quelle belle fille, pourvu qu’elle soit un peu selective sur ses films et elle finira mieux que Sandra Bullock (premier exemple au pif). Meilleure Lov’com de l’année, sans problème, avis aux couples.

Persepolis :

Pas du tout « relaté » au truc. Passé complètement à côté des passages drôles… Le doublage manquait pas mal de pêche et de conviction. A moins que c’était une volonté du réalisateur ?

Zodiac

Tiens j’avais déjà écrit un truc sur Zodiac ? Tans pis, on va sniper. Peut-être le meilleur film de Fincher et pourtant plein de défauts : il colle trop à l’histoire et du coup, il bazarde ses persos presque comme dans une série quand un acteur ne veut pas renouveler son contrat, tel un parachutage idiot. Un énorme goût d’inachevé et de mouif.

Tehilim

Le film commence par une lecture analytique de la Torah, sur ce que fait quelqu’un qui perd ses repères. 2 mômes vont se retrouver sans père, disparu presque « comme par enchantement », et vont tout faire pour le ramener. Un film profond sur le désarroi avec une bonne dose de mysticisme religieux. Magnifique.

Ratatouille

Une grande leçon de cinéma, où l’on montre en une scène comment un rat va pouvoir donner des instructions à un être humain en lui tirant ses cheveux. Oui, écris comme ça, ça fait ridicule, mais le savoir-faire Pixar joue. Rien qu’avec cette scène, Ratatouille pose sa manière de percevoir le monde aussi surement que les voitures-mouches de Cars. A noter aussi le mecha design (les voitures ! les scooters !) et en guest Paris, modélisé en version kawaï-retro de manière absolument flamboyante. Truc bizarre : tous les rats qui devraient parler avec un accent français ne le font pas, préférant l’intonation Woody Allenienne. Mmmm étrange, cette sélection nationale…

Le michaël moore de l’année :

Mensonger, idiot, simplificateur et même dangereux. Et inefficace en plus: ça ne convaincra que les gens les plus simplistes déjà acquis à la cause. Vite vu, vite oubliu.

The Bubble :

Un habitant de Tel Aviv tombe amoureux d’un palestinien (qui lui aura bien du mal à vivre cette idylle). Assez simpliste, ce Roméo & Juliette à la sauce proche-orient n’a rien de marquant, si ce n’est une séquence de perte de pucellage qui me vaut cette triviale interrogation : est-ce par “conformisme hétéro” que les gays utilisent le missionnaire dans cette scène ? Une fin malheureusement en dent de scie.

Black Snake Moan

Cassé par la vie, Sam L. Jackson (il joue lui-même, comme d’hab) enchaine chez lui la nymphomane Christina Ricci (plus sexy que jamais, en minishort Daisy Duke, un pitch à elle toute seule) pour la guérir de ses “démons”. Une scène absolument fantastique, celle du Black Snake Moan, justement, où Samuel entonne un chant entre mystique vaudou et prêche, que dégusteront tous les amateurs de blues. Même Justin Timberlake joue aussi très juste et ne dénature pas le ton général. Du cinéma B qui va chercher au delà, ça fait du bien.

Raisons d’état / The Good Shepherd

Film « gros sabot » de Robert de Niro, le genre à faire 3h mais dont on sort en se disant qu’on a appris plein de trucs sur comment fonctionne la CIA. De l’efficacité à la Quin’ri, des acteurs au diapason pour un film ultra blabla, construit comme un biopic. Mouais.

L’avocat de la Terreur

Barbet Schroeder fait le portrait pendant 2 heures de Jacques Vergès, le goupillant totalement et le décapsulant à la fin en le mettant face à ses contradictions manifestes. Passionnant de bout en bout (connaître un peu l’actu des années 70 peut servir).

La Fille coupée en deux

Acting à l’avenant (mais peut-être est-ce un style), propos confus, situation difficilement envisageable… Chabrol qui réalise comme Woody Allen, son style, enchainant juste ses films par principe de réaliser… zzzzzzzz

La vie d’artiste

Quand on vous parle de « film parisien » avec un ton méprisant, c’est à ce film qu’il faut penser. Tout y est hideux, des personnages imbus d’eux-mêmes, des situations… Denis Podalydès de la comédie française ne peut pas sauver cet objet vilain. A noter qu’une des actrices double un « manga » (des extraits de “Nicky Larson passent”, sous un autre titre, Yoko quelque chose… Bonjour la crédibilité) tandis que le film se termine sur une fausse convention, type japan expo mais en toc (passage qui mérite d’être youtubisé par les fans pour montrer avec quelle non-exactitude on peut évoquer leur passion). Horrible. Et moche.

Superbad De l’autre côté du globe, une leçon de comédie. Après un début un peu mou, on pouvait craindre le pire. C’est alors qu’arrive le super geek « Mc Lovin » qui vient dynamiter le film. Le Deadly Trio part pour des aventures de fins d’année en vue de dépucelage. Une efficacité de réalisation et de narration, doublé d’une espèce de filtre de nostalgie. Tellement mieux qu’American Pie, tellement supérieur à tout ce que le cinéma français aura tenté en drôle ces dernières années.

The Youth without Youth

Nul. Le retour de Coppola père à la réa est désastreux, pontifiant comme un gars qui veut signifier des concepts cosmiques à chaque plan (remember the Fountain). Un mec frappé par la foudre en Roumanie rajeunit. A partir de là, le film part en sucette métaphorique, parabole de n’importe quoi et des petites lubies du réalisateur. Sidérant de non-intérêt, donc culte à bien des égards.

My Bluberry Nights

Wong Kar-wai fait ici un spinoff de ses films, en transposant ses chinois aux USA. Norah Jones rencontre Jude Law qui tient un bar. Mais en pleine rupture amoureuse, elle se casse (euuh mais pourquoi ?!) pour faire un tour des usa, ce qui est très commode pour sortir la playlist ipod de Wong Kar-wai. En plus d’être plombé par des dialogues imbittables type Lelouch (« tu sais, la vie, c’est comme une tarte aux myrtilles… » ce road movie amoureux est inégal et difficilement crédible (Oui, donc Jude Law, patron de bar, va passer un an… un an… à attendre un hypothétique retour de cette fille somme toute assez banale, et surtout, sans qu’aucune nana ne tente sa chance sur lui… sur fuckn’ Jude Lawa Maiiiiis oui bien sûr, l’amour c’est beau. A noter une bande son quand elle n’est pas assoupissante (Norah) est honteusement pompée sur d’autres trucs (celle de Carnets de Voyage à un moment…)

Forêt de Mogari

Beaucoup moins bon que Shara, cette balade champêtre d’un petit vieux proche de la mort et de son accompagnatrice, lente, silencieuse, a 2-3 scènes vraiment grandiose, notamment celle d’une pluie torrentielle qui s’abat sur les deux pèlerins. Pour spectateurs patients.

Old Joy

Balade champêtre bis entre deux potes d’école, l’un devenu beatnik, l’autre plus senior manager. La vie les sépare désormais, mais ils « bond » together dans cette balade dont la seule scène d’action est une proposition de massage. Assez fin, pour spectateurs patients aussi.

Syndromes & a century

Sans intérêt, aucun.

Secret Sunshine

L’actrice s’est chopée une palme pour son interprétation super larmoyante de son « combat de femme » tellement standard qu’on le croirait calibré pour M6. C’est un classique… Quand la femme tombe dans legouffre/ladrogue/ladétresse, il y a toujours une récompense à la clef. Heureusement joue aussi Song Kang-ho (Host, Memories of Murder), brillant comme à chaque fois, qui sait jouer ce regard vide mais lucide comme personne d’autre au monde. Largement overhypé, Secret Sunshine sombre trop souvent dans le too much pour qu’on s’en souvienne plus que de raison.

Ceux qui restent

Vincent Lindon (je l’aime bien) et Emmanuel Devos (sans moi) dans un mélo un peu décousu et sans vraie finalité. Pas touchant pour un sous. Avec des coréens, c’eut été sans doute mieux.

Le rêve de Cassandre

Woody Allen, non drôle, filme presque une pièce de théâtre dont les enjeux dramatiques sont plus que bof. Heureusement que se termine sa trilogie anglaise très imparfaite, il va pouvoir revenir aux choses sérieuses.

American Gangster

Grosse machine du film gangsta appliquée, Denzel Washington n’y est même pas vraiment énervant. C’est dire. Il y a toujours ce petit côté agaçant, ce monde des années 70 sur plusieurs plans de lectures, à la limite des calques Photoshop genre « regardez comme je vous restitue une époque ». Dans son genre, We own the night était plus subtil. Heureusement, la fin, tout en actor’s studio vaut largement le coup de se matter ces 2h30. Du bon cinoche à la K1ry, t’as vu.

Fantastic Four and The Silver Surfer

Oh, commencez pas. Craptastic Four.

sur 5

The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford

On ne voit presque pas le nom du réalisateur sur l’affiche de The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford. C’est Andrew Dominik. Qui se souvient de Chopper ? Qui l’a même vu ? Personne< Ce mec est un bon, un réalisateur à suivre. Bob Ford (joué par Casey Affleck, phénoménal) s’incruste dans l’entourage d’un des premiers bad guy du mythe américain Jesse James dans les derniers moments de sa vie. Fatigué, il essaye de concilier vie de famille et derniers grands larcins. Plans larges sur la nature façon Terence Mallick, regard posé sur l’horizon. J.J est une espèce d’aura de sexyness intense (sans doute aidé par Brad Pitt, hein). La scène de l’attaque d’un train dans la nuit sombre devient un moment ultra sensuel absolument époustouflant. De ce côté, Affleck a un regard inquiétant, perdu entre le fanboy admiratif et l’ami hypocrite qui finira par trahir son pote. On le plaint, car finalement, même Judas a eut la pudeur de se suicider devant l’acte accompli. Plusieurs films en un, JJ est une réflexion sur le wanabisme tout en ne perdant pas de vue que c’est un des films les plus bouleversant qui soit sur la dépression et finalement du suicide. J.J est un film troublant, perturbant comme un cailloux dans la chaussure et grandiose, dans le sens Mallick du terme.

Still Life

Still life est un « quasi » docu-fiction bouleversant quand on se rend compte qu’il raconte un monde qui va bientôt disparaître. Un vieux chinois (pas très beau, ce film est tout sauf « sexy ») part à la recherche de son ex-femme et de sa fille à Fengje, une ville qui sera engloutie une fois que le barrage des Trois Gorges sera construit. C’est comme ça, avec la Chine, on peut administrativement détruire une ville, on biffe un papier et hop, c’est fait. On voit dans la ville une ligne affichant le point où arrivera l’eau et les travailleurs se pressent pour démolir les immeubles, histoire de gagner quelques ronds. Le vieux fera ce travail exténuant, sous le soleil. Le labeur ouvrier atteint ici un summum de la pénibilité à l’écran, on vit la tâche avec le mec qui sue à grosse goutte et le réalisateur Jia Zhang Ke n’hésite pas à allonger son film en longueur pour bien faire comprendre l’enjeu. Un film sensuel et puissant et difficile à supporter, qui pose de vraies questions sur les méthodes administratives de gestion du monde.

New Captain America ?

Eastern Promises (Les Promesses de l’ombre)

Un film sur la mafia russe, mais principalement joué par un anglophone qui, à priori, n’en parle pas un mot… Ca fait peur au russophone que je suis. Viennent des images de type José Garçia qui vous fait le rital/l’espagnol/le séfarade/le portugais avec la même intention, en parlant fort et avec les mains. “you’ talkin’ to me ?” Viggo est quand même bien au dessus de ça. On sent qu’il n’est pas ruskof mais son intensité de jeu est stupéfiante. Il incarne dans Les Promesses de l’ombre un homme de main d’un gros mafieux russe qui fait du biz’ dans la prostitution à Londres. L’infirmière jouée par Naomi Watts (miss blonde type, interchangeable et pourtant totalement convaincante) donne vie à un bébé. Pas de bol, la mère, droguée, tabassée et sans doute prostitué meurt juste après. Elle tente à sa manière de remonter la filière et fera donc la rencontre du Viggo susmentionné. Tout en muscle, le regard perçant, il sert encore une fois Cronenberg, dans ce qui a l’air d’être un film de commande, ne se gène pas pour faire quelques scènes fantastiques, manipulant son acteur dans tous les sens, une vrai symbiose. Au passage, Cron’ s’offre une scène de baston d’anthologie, juste avec 3 mecs dans des bains turcs, sans CG, ni trolls ni robots qui volent en cassant des villes. Pourtant la violence y est foudroyante, comme un pic narratif atteint dans History of Violence par la scène de sexe, elle aussi renversante. Il a sa vision et l’étale avec un savoir-faire de fou, un montage millimétré qui ne laisse pas de place à l’ennui. Il ne se cache même pas de faire du cinéma de genre, avec un final en moto à la limite du jeu vidéo et de la série B. Vincent Cassel joue la folie nerveuse, un rôle qu’il potasse depuis des années et qui semble ici parfaitement cohérente tant l’homosexualité refoulée de son personnages se sent à chaque plan. Moins profond qu’History ? Plutôt une variation ultra réussie sur le même thème.

Ghost Rider

Ghost Rider aurait pu concourir dans la catégorie meilleur film des années 80 si 20007 ne fut pas l’année Balboa. Du coup, il se ramassera les miettes. Nick Cage fait l’effort surhumain de sourire à la caméra. Le geek de 40 ans a enfin l’occasion de s’amuser avec les jouets de son enfance. Du coup, beaucoup de scènes sont à se bidonner avec ses gros rictus caméras dans une nonchalance générale. Les méchants sont un assemblage de ce qui se fait en ce moment en junior-goth façon Buffy, jamais très sérieux ni très menaçant. Mephisto (Peter Fonda ! le Easy Rider !) lui même cabotine gentiment, façon Evil Christian Clavier. Eva Mendès joue son rôle d’avant We own the night, la bimbo standard, plot device type de la nana qui va se faire enlever/devenir le point faible du héros. Néanmoins il y a une ou deux bonnes scènes, notamment celle qui fait un peu le lien entre le Ghost Rider 70’s et le Spirit of Vengeance d’aujourd’hui. Pas mal senti. De l’action movie popcorn, moins honteux que Daredevil, profondément inoffensif, calibré à 50%, sans doute abominable pour le non-initié. L’avantage, c’est qu’on n’y sent pas de cynisme hollywoodien type à la Elektra, un peu comme un film amateur de plusieurs millions de dollars bricolé le temps d’un été. On ne peut qu’approuver.

Note airwolf sur 5:

We own the night

2007, l’année du film de gangsta’. “C’est beau, une ville de mafieux, la nuit”. C’est d’ailleurs la nuit le personnage le plus important. Mais attention, ce n’est pas Michael Mann, le mec le plus doué au monde pour filmer la nuit. Non non, James Gray filme la night, les soirées, les clubs, de manière à les rendre ultra sexy. Déjà dans the Yards, il y avait cette scène de club avec Charlize Theron qui exciterait n’importe quel sens (bien sur, avec elle, on part sur de bonnes bases) mais c’était plutôt à sa manière détachée de mettre en scène le futile de manière attirante. Pas d’esbroufe ni de bling bling, juste qu’il faut. Bobby (J.Phoenix) est le patron de ce club branché et kewl où se deal pas mal de came (encore un réseau de russes, forcément, ils sont partout). Son père et son frère s’apprête à faire une descente et le prévienne. Pour ça, ils le trainent jusqu’à la soirée « spéciale flic » et finiront par lui faire la morale, détail important, dans une église. Super tension patriarcale à la clef, il s’en fout, il préfère retourner s’occuper de ses nuits, de sa coke et d’Eva Mendez, chaude comme la braise et bien mieux utilisée que dans…. Ghost Rider ? Forcement, ça va déboucher en conflit familial et pour Bobby ce sera une grave remise en question, très théâtrale. Whose side are you on, comme on dit dans la jungle urbaine. Malgré cette opposition Ying-yang classique, We own the night est très loin d’être manichéen ou pro-flic. Etre flic, c’est quand même moins fun que ce qu’il fait. Lui se came à tout va, sa nana est sublime tandis que celle de son frère l’est carrément moins et en plus on se fait flinguer pour pas un rond sur le pas de sa porte. Comme dans The Yards, la réalisation est encore une fois millimétrée, avec un souci fou du détail. Faudra juste pas trop faire attention à une fin torpillée un peu vite : je veux bien croire que ce n’est pas excessivement difficile de devenir flic, mais qu’un bête qcm et un passe-droit suffise pour aller casser du mafieux, même le Droit de Savoir n’utiliserait pas de tels raccourcis.

Paranoïd Park

Gus Van Sant est énervant. A force d’expérimenter, des tripatouiller, de mettre sa caméra sur un skate, on ne sait plus à quoi s’attendre et au final on retrouve un peu toujours les mêmes films, les mêmes sujets, parfois les mêmes plans, mais dans des contextes différents. Paranoïd Park ne change pas cette habitude, véritable reflet inversé de ce qu’a été le génial/horripilant Elephant. Un jeune gus qui fait du skate tue par accident un mec sur la voie ferrée. Tout se mélange, l’avant et l’après, pour mieux retranscrire la solitude du môme (toujours superbement filmé, c’est agaçant ces minets qui impriment vraiment bien leur gueule à la caméra), un peu comme dans Last Days. Tout comme dans ce dernier, il ne se passe pas grand chose, mais chez Gus, le moindre truc anodin peut devenir sidérant de justesse. Ca doit vraiment dépendre de comment il est luné ou de ce qu’il prend au petit dej’ car c’est très aléatoire. Le top de la finesse tient dans les rencontres du gamin avec son père et sa mère. Plans serrés, adultes à peine visible, corps flou tandis que le garçon reste le seul parfaitement visible. Les dialogues n’ont plus d’importance, tout est dit dans le cadrage et le placement des acteurs. Sans doute une des scènes les plus bouleversantes qu’on ait jamais filmé sur le sujet. Brillant et agaçant, Gus, je t’adore quand même.

Amazing come-back !

Coeur de Hommes 2

Après le ridiculissime Toute la beauté du monde, on passe maintenant à l’étape “Cœur des hommes 2″, au positionnement marketing clair : un film romantique que les mecs peuvent aller voir « parce que ça parle d’eux ». Enfin faut voir. L’original avait une espèce de fraicheur, circonstance atténuante à son beaufisme, une sorte de « one shot » dans l’air du temps. Mais déjà, un 2 dans le titre, pour un film sans explosion et menace nucléaire, ça fait immanquablement penser aux Bronzés 3. Bonjour l’ambition artistique. Cette suite est aussi atteinte par le phénomène sociologique dit syndrome visiteurs 2. Le mec qui a eu un succès sans comprendre vraiment pourquoi (ou peut-être en réfléchissant trop ?) aligne une suite à la limite de la parodie du premier opus. Logiquement, on retrouve quelques scènes clefs, genre la pétanque, les paris du loto sportif dans la cuisine, les pieds dans l’eau dans la piscine sur fond de musique sans risque tiré d’une playlist “hits & love” d’itunes. On est à la limite du film franchise, la suite clef-en-main. Même les acteurs sont la caricature d’eux même. Darroussin cachetonne littéralement en récitant robotiquement son texte (comme dans “toute la beauté” d’ailleurs) pendant que Marc l’avoine et Gérard darmonne (à quoi sert sa femme dans le film, si ce n’est pour teaser l’intrigue d’un épisode 3?). Nageant dans un machisme qui met mal à l’aise, repoussant les femmes aux limites de l’intérêt purement sexuel, on assistera quand même à un revirement de situation si peu plausible qu’il fait passer celui d’Anakin Skywalker pour une finesse actor’s studio. Cette tranche de vie de mecs se termine bien, de manière aussi sirupeuse qu’ubuesque, comme un témoignage pour rappeler que les happy-end sont la marque des auteurs paresseux.