Posts tagged Biopic
127 hours
Mar 22nd
Ow. Encore un based on a true story. C’est quoi, le 10ème de l’année ? Enfin si l’on admet bien sûr que Halal Police d’État était une fiction…
127 hours est surtout mémorable par son pitch High Concept “Dans les Dents” : “l’histoire d’un mec qui se coince le bras sous un rocher et qui va être obligé de se le trancher pour survivre”. Alors, à moins que ça soit ta première venue sur Robotics, tu sais que j’affectionne ces thèmes qui ont la patate. Et 127 hours a déjà ça pour lui. On a rarement vu un High Concept plus efficace depuis le mémorable “l’histoire d’un surhomme qui va se faire torturer à mort du haut d’une montagne pendant deux heures de film”. Mais ce jour-là, Mel Gibson avait donné tout ce qu’il avait.
Danny Boyle, le Klapisch brit’ (est-ce un compliment ?), il y va de son clip MTV de deux heures, un vrai défi pour James Franco pour nous tenir éveillé. Il grimace, il cabotine et prend en photo sa trogne pendant l’heure et demie du film. L’effet le plus craignos, c’est le rendu “appareil photo numérique comme en 2003″ avec les petits effets qui vont avec. Du prêt-à-poster pour Facebook, sauf que hé, en 2003, t’avais que des skyblogs. Devant cette compet’ de wanagain, Boyle voulait pas se faire doubler. Donc clip, re-clip, flashback lourdingo (caméo de Clémence Poésy -l’amour-te-donner-l’envie-de-survivre-t’as-vu-), vue X-ray sur le bras dont l’os fait crac. Glouglou le soda mais sourire caméra. Hé ouais les gars, n’achetez pas la camelote chinetoque, prenez un vrai couteau. 1h30 de ça. Too. Fucking. Much.
Y’a un truc assez flagrant, le coup de stabilo, sur la misère de ses biopics loupés, de ces films based on a true story avec des morceaux de vrais gens dedans, c’est la présence du gus concerné pour un coucou final pile avant le générique. Le temps d’un instant, de se dire “whadeufuck”. Comme dans le très peu mémorable Domino par le moins bon des frères Scott.
Un film qui a vraiment envie qu’on le “like” et qu’on le “poke“, alors que non, c’est sale.
The Fighter
Mar 17th
“The only place I get hurt is out there” nous lançait Randy, les yeux perdus, le catcheur déchu de The Wrestler, en remontant une dernière fois sur le ring. Aronofsky a décidé de franchiser la souffrance humaine du lutteur, caméra au poing. En n’oubliant pas cette morale immortelle propre à Rocky, que rien ne peut te frapper plus fort que la vie. So fucking true.
Cette année, on a déjà eu petite Natalie Portman tuméfiée dans Black Swan, et maintenant Fighter. Sauf que Darren ne fait que le produire, laissant David O.Russel (Huckabees, les rois du désert) s’engouffrer dans une voie quasi documentaire sur la vie de Micky Ward, un boxeur IRL qui s’est fait un parcours balboesque, jusque dans le tissu social.
Evidemment, c’est based on a true story comme 90% des films qui sortent cette année (à part peut-être Thor et Captain America où le doute est permis). Mais c’est peut-être un des films de l’année.
D’accord, il y a Christian Bale, oscarisé, qui dégomme tout en ex-boxeur qui revit toujours le match de sa life mais qui a fini par sombrer dans la came. C’est le Bale show à plein tube, à la frontière de la folie désarticulée et l’Actor’s Studio à l’ancienne, comme s’il était en compet’ avec Daniel Day Lewis dans celui qui plongera le plus profondément dans la psyché de son personnage. Il est génial, il est objectivement foudroyant mais ce n’est pas lui le héros.
Son petit frère, Micky Ward, joué par Mark Wahlberg, vit dans l’ombre de ce grand frère empoisonnant, essayant de boxer comme il peut sur des conseils parfois peu avisés de ce toxico, tout en étant managé par une mère castratrice et une famille étouffante comme seul Clint Eastwood aurait osé nous la montrer. Remember Million Dollar Baby. Seulement, ici, la famille n’est pas parachuté à la fin pour faire un laïus de droite sur ces connards “qui pompent nos allocs” (hé, c’est réac-Clint, hein). La tribu étouffante en pur produit du bidonville riquain nous est ici livrée en pack, dès le début, sans jugement de valeur. Micky va devoir couper les ponts avec ce qui l’empoisonne pour quitter son statut de loser déprimé s’il veut entendre un jour son propre Training Montage.
Il y a dès le début de The Fighter, une scène absolument fantastique. Micky Ward, plusieurs défaites consécutives, toujours effacé, suit son frère dans un bar. Il y rencontre Charlene (Amy Adams, sublime), cette rouquine. Tout le setup du film tiendrait presque dans cette scène. Mais comme dans le récent Jewish Connection, alors que The Fighter passe son temps à lorgner vers le docu, c’est dans une scène de fiction pure que le film devient flamboyant. Ce Mark Wahlberg cristallin qui drague avec ses moyens, avec la boxe comme seul langage, pour essayer de lui faire lâcher son 06, est sans doute une des plus émouvantes séquences de séduction depuis… Rocky 1 quand Sly dodelinait pour amadouer Adrianne, avec juste une inversion des rôles.
The Fighter est long car il prend son temps pour faire monter l’adrénaline. On ne compile pas l’impact et le drama de Rocky 1&2 en une heure et demie. C’est le même combat. Finalement, la morale des films de boxe sera toujours la même. Les héros larger than life de The Fighter n’existent pas pour les coups qu’ils donnent. Au contraire. Pour eux, l’important c’est de savoir encaisser, pour toujours se relever.
The King’s Speech
Mar 3rd
Ce qui est bien en Angleterre, c’est qu’ils ont des comédiens anglais. Sans rire, ça fait toute la différence avec… genre la France. Colin Firth, que j’ai aimé déjà très fort l’année dernière, qui joue le roi bègue, il s’en sort avec élégance, sans même être aussi émouvant que quand il perce l’oreille de Scarlett Johanson (et je peux t’assurer, gredin, que c’est un des moments les plus érotiques de cette dernière décennie de ciné). Ils ont aussi des vieux qui jouent bien (Geoffrey Rush) et même la meuf Burton qui est vraiment douée quand elle n’est pas dirigée par son Tim, généralement grimée en personnage débile-freaky. Soyons honnête : avec un sujet similaire, l’équivalent français nous infligerait un roi joué par Clovis Cornillac qui serait coaché par Kad Merad. “Enfin dans un rôle sérieux” dira Denisot, “après des milliers d’entrées” avant de lancer “la météo, la pub, le SAV”.
Ce qui est bien en Angleterre, c’est qu’ils ont un vrai sens de l’historicité, comme dans les bouquins de Churchill où l’Histoire t’est un peu raconté un peu comme dans les chevaliers du zodiaque. D’ailleurs, ce n’est pas un mystère mais le film a décidé de ne pas faire attention à lui. Les discours d’un roi, tout le monde savait bien à l’époque qu’ils avaient pas autant d’importance que ceux de Churchill. Mais il fallait un héros au film.
Ce qui est vraiment bien avec l’Angleterre, c’est qu’en triturant un peu l’histoire, ils font d’un roi noob, un véritable héros de cinéma. Plus vrai que nature. Alors que le mec, le seul mal qu’il se soit donné dans la vie, c’est d’aller chez l’orthophoniste (Et probablement d’apprendre à jouer au polo). “Héros” est désormais utilisé et associé à tout bout de champs, au moins autant qu’aventure, devenu le mot le plus approprié pour définir quelques semaines real tv ou une rencontre Meetic. C’est vrai, en quelques plans un peu nostalgiques (faut voir que le film est regardé en Angleterre comme “les Choristes”, “la douce époque de notre jeunesse”, , le discours d’un roi te pose efficacement le malaise du roi. Mais c’est le malaise d’un mec qui doit faire son taf, et on te le vend comme de l’héroïsme. Quelque part, c’est à se demander si le film palpitant, en zones d’ombre, ne se situait pas dans l’histoire du frère ainé (Guy Pearce, superbe), l’abdiquant, celui de “l’entente trouble avec les nazis”, et puis surtout celui qui choisit la nana plutôt que le trône.
Mais les Biopics, surtout les plus académiques, préfèrent les “héros”.
Teaser Dans les Dents (politique)
Oct 27th 15:36

Ip Man
Jun 16th
Saison encore morose du Blockbuster de l’été, oui je sais. Iron Man 2, Kick-Ass, Robin Hood qui est plus un film manifeste de l’allongement de l’âge de la retraite qu’un film d’action manifestement Airwolf. Mais là il nous faut du bien. Du bon. Du puissant. Donc on va prendre du chinois.
Au nom du pouvoir “Blockbuster antidote“, j’invoque IP MAN !
Aux manettes, Donnie Yen et Wilson Hip. C’est la fabuleuse équipe de Flashpoint. Un film où les coups sont portés “à 70%” pour donner plus d’intensité aux combats. Et à l’écran, ça donne.
En plus, dans Flashpoint, il y a une de mes scènes de cinéma préférées de tous les temps. Une projection sur rambarde métalique. Regardez, c’est de la poésie :
Le méchant parle au téléphone. Quand soudain, Donnie le soulève casuellement et le propulse sur cette rambarde. Ça, tu vois, ça, ce petit moment de violence -à relativiser avec l’intensité d’agressivité contenue dans la file d’attente de ton bureau de poste à 18h45 quand tout le monde est prêt à s’ouvrir les veines pour en sortir-, cette frappe d’une fluidité quasi normalisée vaut presque l’harmonie du double coup de pied tombé sur boue d’un Song Kang-ho bedonnant dans Memories of Murder. Merci Donnie pour une des scènes les plus sublimes du cinéma d’action.
Mais revenons à Ip Man dont la direction chorégraphique est assuré par Sammo Hung. On peut difficilement faire mieux en street cred’ de Shanghai. Mais Ip Man est aussi le membre d’un genre assez rare, le biopic de combat. On s’y castagne à tout va, avec élégance, grâce et parfois même du désespoir. Biopic, il l’est car il raconte la vie d’Ip Man, le maitre de Win Chung qui s’opposa aux forces d’invasion japonaise durant la seconde guerre mondiale. Et qui fut le maitre de Bruce Lee.
Je vois déjà les Zemmour japonais s’offusquer devant la vague des films qu’il qualifierait de repentance. “En plus, il n’est même pas certain qu’Ip Man ait vraiment battu dix karatékas en même temps. C’est encore un mensonge monté en épingle par les soixante-huitards et quelques bobos du marais qui se racontent encore des histoires.” Ouais, personnage mythique donc situation un chouia surréaliste, genre Ip Man qui donne un cours collectif à une usine entière, avec mise en appli des mouvements. Pour avoir fait du Kung Fu tout un septennat, ça me parait chaudard. Par chance, Zemmour n’est payé que pour aller voir des films français. Sinon il s’rait allé voir “Le grand chef“, version coréenne et culinaire de l’esprit de résistance face à l’invasion sauvage japonaise. Mais les duels de cuistots, c’est un genre aujourd’hui presque spécifiquement japonais (ciné ou télévision). Pas de Wun Tun Soup ici, Ip Man reste d’une intégrité martiale sans faille. Donnie Yen balance les coups avec une fluidité inouïe, un impact démesuré et surtout… il est bon acteur. Mais oui. La quarantaine approchant, ses scènes d’acting laissent tous ces collègues derrière, de Jacky Chan à Jet Li. Oké, ce n’est pas une prestation à la Sean Penn/Milk, mais dans le genre Biopic de combat, c’est vraiment ce qu’il se fait de mieux. Oui, mieux que Dragon. Ip Man n’est pas sorti en salle en France, alors pour Ip Man 2, j’vous raconte pas.
Good Night & Good Luck
Feb 10th
(sans crobard pour faire plus vite)
Attention, c’est le genre de films à recueillir de bonnes critiques partout dans la presse. Voyez-vous, ils sont si beaux, si classes, ces journalistes, un critique de cinéma est obligé de se reconnaître derrière leur fière allure quand il tape ses papiers les soirs d’hivers. Tout y est, le filtre rajouté sur la péloche (tourné en noir et blanc bien sur) pour faire plus vieux, la musique club de jazz pour donner l’illusion du temps qui passe. Mais ce film de Clooney se regarde le nombril, fait le beau, mais au final, ce n’est qu’un film de poseur. Un “film”… même pas… Il n’y a pas vraiment d’intrigues et des bouts du vrai McCarty viennent s’intercaler pour faire vrai. Ah et puis il n’y a aucun pic dans l’histoire. Gênant, non ? En terme de cinéma, c’est juste pénible, et en terme de message, c’est wallou ! Certain appelleront ça de l’onanisme… Alors, combien on parie qu’il se gagne des prix ?
Com-Robot