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The A-Team
Jun 22nd
On aborde A Team comme il se doit, avec le même détachement que pour GI Joe. Sans engin surpuissant ni voiture qui parle, A- Team se situe sur l’échiquier du culte des années 80 entre Riptide et Tonnerre Mécanique, avec un zeste de MacGyverisme qui ponctuait chaque épisode. Des persos clairement identifiables, un générique, mais toujours aux prises avec des petits défis locaux un peu relou. Comme Mickaël Knight qui utilisait sa méga-voiture surpuissante qui devait bien couter l’équivalent du PIB de la Suisse pour arrêter le Sheriff véreux d’un comté perdu du Minnesota, l’Agence Tous Risques se contentait du petit némésis peu naze qui finissait toujours par s’incliner. Rien n’était plus fort que Barracuda et ses potes armé d’un van customisé au chalumeau et à la scie à métaux. Stephen J. Cannell, toute une époque, du Pimp my ride avant l’heure.
Pour un reboot correct au cinéma, il faut deux choses. D’abord, mettre à jour le background. Des vieux roublards du ‘Nam rejeté à la Rambo, on passe à une version “Green Zone”, avec un Hannibal qui donne des leçons de guerre aux sympathiques militaires irakiens, un début de film au goût néocolonial d’un OSS 117. Beau comme une pub Herta. Mais pareil, lui et ses trois partenaires vont se faire pécho pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Deuxio, et c’est le plus important, il faut passer en mode Michael Bay. Il faut Bruckeheimer l’action. La bande annonce et son tank en chute libre qui joue du canon pour détruire les ennemis volants, c’est bien, mais elle oublie de nous préciser que le tank va utiliser son canon pour se diriger dans les airs. Un peu comme Iron Man, mais en plus lourd.
Parler des failles de scénario d’A-Team en revient à parler de réalisme balistique chez John Woo. On est sur deux planètes complètement différentes, qui ne s’approcheront jamais, comme en témoigne le tank susmentionné.
Il y’a vraiment quelques idées de trop comme le personnage de mercenaire en costard Lynch (qui est en fait le co-auteur d’A-Team le film, normal qu’il veuille croquer) et surtout l’absence d’un némesis fort, indispensable à tout bon actionneur qui se respecte. John Malco’ n’était pas dispo, Dennis Hopper R.I.P, Gad Elmaleh injoignable, A-Team a donc récupéré un mec un peu inconnu, le bureaucrate type à la gueule lambda de Benabar. Okaaaay. Heureusement, c’est la force de cette version, le casting est génial et rompt avec la malédiction dite de “Liam Neeson” qui vient saccager ton film d’action (coucou Clash of Titans, Star Wars et tant d’autres). Mieux, on a le néo-John Cleese sud-africain, Sharlto Copley dans le rôle de Looping; oui, le même qui crie “Feu à volonté” dans District 9. Script réussi + bons acteurs, c’est la recette qui avait bien marché dans Iron Man premier du nom.
Il ne manquait qu’Airwolf (qui a pourtant fait le guest dans un épisode de la série) pour que la fête soit réussie. C’est donc un surprenant…
La bonne surprise blockb’ de l’été 2010. Mais en même temps, c’est produit par Ridley Scott, toujours dans les bons coups.
Prince of Persia
May 29th
Un pays des milles et une nuit lambda en images de synthèse. Un petit enfant du bled version babtou court à travers un marché, poursuivi par des gardes. Au lieu de priver ses parents d’alloc’, le roi en fait un prince adjoint. Ça n’arrive qu’aux autres.
Le gamer aguerri ne s’y trompe pas. Il y arrive d’instinct, sans indication à l’écran. Appuyer sur X. X. Carré. Rond. Saut. Rebondir sur la motte de foin pour s’accrocher à la corniche supérieure. Ça commence bien. Si toutes ces manips à effectuer sonnent comme une soluce de jeu, c’est normal. Le début de Prince of Persia le film est un gros clin d’œil au jeu. Le meilleur moment, c’est la caméra rotative surplombant la ville (Y sur le pad), repompé sur Assassin’s Creed. Rire garanti.
Jordan Mechner, le créateur de la série, a écrit une histoire cousue de fil blanc reposant sur une dague qui fait remonter le temps, suffisamment pour annuler les grosses conneries, du genre casser le pot de Nutella sur le carrelage de la cuisine. Mécanique venue du jeu (et de Blinx, remember), c’est sans doute le plot device le plus facile du monde pour terminer sur ses pieds, par une pression sur le bouton Reset. En fait, adapter Prince of Persia au ciné montre un peu le tunnel créatif hollywoodien, prêt à siphonner n’importe quel jeu, de PES à A Boy and his blob. Ce héros de Persia, depuis mon bon vieux Apple II C, je l’appelais “prince”, comme les biscuits. Sa seule fonction était de survivre aux pieux planqués sous toutes les trappes vicieuses en s’accrochant à une corniche atteignable de justesse. En gros, Prince of Persia a toujours été un template efficace d’aventure, un peu comme le cultissime YS, “un héros aventurier à la crinière rouge qui part à l’aventure, tuer des loups et des méchants”. Pour un jeu, ça peut suffire. Tout le côté LOL ou éventuellement buddy movie mixte n’est venu que plus tard. Bruckheimer, d’habitude plus inspiré, fout des millions là-dedans en y collant Mike Newell (parait-il le fossoyeur des Harry Potter, pas vu). Et dire qu’Ubi ne touche rien dans l’affaire à part un nouveau jeu, sorti comme un dégât collatéral.
Petit prétexte façon armes de destruction massives (la référence obligée de 90% des films US du moment), et le prince devient pariât. Prince Jake Gyllenhaal, passé de nounours (de l’exécrable Brothers) à Moundir avec pecs huilés, fait de son mieux pour chopper la dynamique des derniers jeux avec Gemma Arterton (appelle-moi !), absolument sublime. Mais on a presque de la peine pour Ben Kingsley, le conseiller du roi. Comme tous ses collègues, c’est un traitre. Et voir Jake et Ben (rien à voir avec Lost, hein) se fritter malgré 40 ans de différence montre un peu les limites de la techniques et des CG. On ne peut s’empêcher de penser à la fin de carrière de Sean Connery, allé terminer sa carrièresdans League of Extraordinary Gentlemen (le machin adapté d’Alan Moore) sur de mauvais conseils.
Mais le moment le plus dur du film, c’est celui où Newell doit combler le milieu du film, véritable intercalaire scénaristique où plonge l’ennui. Molina joue l’équivalent d’un Salah (pourquoi pas, finalement, ici tous les perses parlent english, wall street english, en bon Disney movie moyen. Mais c’est dans les scènes d’action qui n’ont pas vraiment d’énergie. Ca grimpe, ca crapahute, ça s’accroche mais tout est trop aléatoire, comme si le film était fabriqué par une machine en temps réel. Impressionnant ? Même pas tant que ça car le sommeil plane. Les sables du temps frelatés par le marchant ?
Rempli d’énergie molle là où ses actions en auraient bien besoin de jus, Prince of Persia n’a même pas la marque de fabrique des Bruckenheimer : des explosions. Et une explosion dans du sable, ça n’impressionnera même pas les tentatrices de l’île de Diamante K.
Calcul simple, un seul Airwolf, et un point bonus, uniquement pour Gemma Arterton.
Robin Hood
May 14th
Ce que j’aime chez Ridley Scott, c’est que c’est un vieux qui réalise des actionneurs. Bientôt 73 ans, le mec. A cet âge là, les vieux cherchent à vivre en Suisse ou un quelconque endroit chiant du globe. Ridley, il ne profite pas de sa retraite. Tous les 10 ans, il te balance un film qui repose les bases de son propre genre, l’Histoire sous testostérone.
Tous le monde (ou presque ?) est d’accord pour dire que Gladiator a réécrit la charte du cool qui en excluait les films de glaives avec mecs en jupettes. Moins léger, moins luisant, le gladiateur de Scott avait enfin le droit d’être sale et traumatisé tout en trucidant du lion dans l’arène. Unleash hell, tout ça. Il a airwolfisé le genre.
Ce “Robin Special Origines” s’intéresse à une période peu classique du canon traditionnel. De son retour de croisades au début de la clandestinité, il fait de lui le parrain et mentor de la Magna Carta. Un rôle de Martin Guerre, bien lourd et profond, zones de gris inside. Bref, tout qui justifie la torse-nudité de Russel Crowe vers la moitié du film. Russel convient parfaitement au schéma Scott qui a besoin d’un mec viril, tourmenté, drôle mais sans traces d’émo. Kingdom of Heaven, qui n’est finalement qu’un prélude de ce Robin Hood, n’avait que trop souffert de son Orlando Bloom. Mauvais choix de gus rendu évident par les scènes de de speach bien viril pour motiver des milliers de soldats condamnés à une mort certaine. Avec Russel, pas de soucis, l’autorité couillue, elle est dans la place, quitte à rajouter facile 80 kilos à l’archétype Errol Flynn. Prends-en de la graine, Orlando.
Mais il ne serait rien sans quelques seconds roles charismatiques. Un bon actionneur, ça tient à des némesis forts, et là, il y en a plusieurs. Mark Strong sort une exquise compo d’arrogance qui se la joue faux-français (ouais, c’est justifié par le scénario). Template du bad guy british réutilisé à tout va par Hollywood, 2010 est son année (check Sherlock Holmes et Kick-Ass). Rajoutez des mecs ultra-charismatiques à la Jeremy Irons, ici ce sera William Hurt. Superbe. Mais il faut toujours un vieux érudit charismatique de 173 ans, doté d’un permis shakespearien, mais qui meurt généralement le temps que sorte le film. Coup de bol, Max Von Sydow emmerde les superstitions et joue justement un des meilleurs vieux plein de sagesse du ciné d’action aux côtés d’Oliver Reed, Alec Guiness, Lawrence Olivier et Sean Connery.
Heureusement qu’il y a un paquet de français, délicieusement fourbes comme il se doit. Spécial petit rôle à Denis Menochet, le français du début de Inglorious Basterds. Et heureusement, Léa Seydoux a suffisamment de screen time pour nous faire oublier Cate Blanchett. Bon. Cate. Faudra qu’on m’explique. La preuve irréfutable qu’elle est en train de se formoliser : tous s’accordent à dire que c’est une actrice sans faille sans jamais pouvoir namedropper un seul bon film. Ok, c’est exagéré mais vraiment, Robin revient dans un pays qui s’est littéralement fait émasculer après des dizaines d’années de guerres et de croisades. Un pays de meufs. Et il chope Cate Blanchett, vraiment ?
Bourré d’anachronismes qui feront la joie des wikipedistes, Robin Hood ne réinvente même pas son propre genre. Sa structure linéaire le rend assez binaire, slashé comme d’habitude par le montage abrupt d’une prod Scott. Il se contente de dérouler un programme qui plaira aux amatrices de pecs’ et aux fans de grand bruit. Cheval blanc, masse à la main, Robin ne tirera que peu de flèches, lui préférant une recherche pas méga subtile du père de substitution, une catharsis sans problème pour Russel, habitué aux chefs d’œuvre tourmentés du genre Master & Commander. De l’entertainement qui sent bon la cotte de mailles. Mais le vrai sujet du film, c’est Ridley Scott, l’inventeur du director’s cut, qui démontre qu’il n’y a pas de fatalisme dans la vieillesse. Cheers.
Rien que pour ça,et parce qu’il ne se la coule pas douce en Suisse :
Iron Man 2
May 4th
Le problème des blockbusters, c’est que ce n’est pas un floppy comics de 24 pages chaque mois. On parle d’une machine qui prend deux années à se mettre en place. Rien à voir non plus pour le budget. Un block ne peut pas se permettre d’être moyen, mal écrit ou moins rythmé. Malheureusement ça se sent vraiment sur Iron Man, partant avec le capital sympathie bien puissant du précédent épisode. C’est que ça nous paraitrait presque facile, de voir Robert Downey cabotiner aussi bien en armure qu’il ne le fait dans Sherlock Holmes. Mais même ses quotes et ses répliques snipés ne peuvent contenir le train en marche qui va dérailler, juste après la (superbe) scène de la course de F1.
D’où vient cette impression désagréable que procure Iron Man 2 en parachutant ses personnages ? Samuel Jackson a l’air aussi à sa place que dans Star Wars les préquelles. Tu sais, en Jedi plein de sagesse. Scarlett Johansson remplit brillamment sa tâche de secrétaire sexy à la jupe serrée-et-un-peu-fendue, mais son uniforme de Black Widow rend moins bien que les photos photoshopées des couv’ de magazine. C’est à ce moment que j’ai compris ce qui me tracassait. Ces deux personnages trop peu développés, mal exploités, c’est du Spam, de la publicité clandestine pour le film suivant, Avengers. Au lieu de se contenter de faire un bon Iron Man, ils ont décidé d’aller au delà des easter eggs qui n’intéressent que les fanboys, balancés après les crédits des films sans que ça n’emmerde personne. Samuel Jackson arrivant dans ton film tel un pop-up pour te prévenir qu’un autre va débarquer dans deux ans, c’est comme Marcel Desailly qui te rappelle de parier sur internet. Merci les mecs, mais non, ça ira.
Dans le peu de temps restant, t’aurais voulu voir un peu plus de Pepper / Stark, la dynamique qui fonctionnait pas mal plutôt que des vannes avec Happy Hogan, toujours joué par Jon Favreau lui-même. Développer peut-être plus le rôle de Mickey Rourke (qui joue le russe aussi bien que les flics français, un désastre, ces mecs) ? Lui trouver un autre design un peu moins ridicule ? A la place, ça sera Tony Stark qui mange un doughnut. Affalé sur un doughnut géant, façon Simpsons. Ca sera une séquence où il urine dans son armure. Really, les mecs ? Vous n’avez pas lu d’Iron Man en deux ans ou quoi ? Et puis l’intrusion de War Machine dans le monde de Tony Stark fait perdre à Iron Man tout son côté unique, dans son propre film. Même les bastons ne sont pas géniales (la fin, ouch). Stark passe même pour un créateur de second ordre devant Howard, son père, présenté comme le vrai visionnaire dont il ne fait que récupérer le taf. N’en jetez plus. Trop souvent out-of-character, pas assez concentré ni appliqué, Iron Man 2 se contente mollement de singer le premier en alignant les erreurs bêtes servies avec paresse. Comme quoi Robert Downey Jr ne peut pas tout faire tout seul. Alors si même Scarlett Johansson en combi moulante n’y peut rien, ce sera…
Kick-Ass
Apr 27th
Des mots inhabituels, si inhabituels que je m’étonne de les aligner ici : Kick-Ass est meilleur en film qu’il ne l’est en comics. Dans sa version originale signée Milar et Romita Jr, c’était une vague pantalonnade qui se dégonflait comme une baudruche une fois l’idée de départ spoliée. C’est à dire dès le début.
Kick-Ass a la prétention de montrer des “vrais gens” qui auraient l’idée incongrue de se déguiser et de jouer aux vigilantes du quartier. Pour s’identifier, le héros est montré comme un looser fini, se branlant devant son ordinateur, inapte au lycée et à sortir de sa médiocrité. La caricature du fan de comics selon Millar. C’est grosso modo la même chose que Wanted dont le héros voix-offait sa loose dès le début “ça, c’est ma nana qui se fait prendre par mon pote sur la table du salon”. Problème, dans Kick-Ass non plus, l’empathie ne se fait jamais. Après s’être fait son costard, il se fait planter avant de se faire renverser par une bagnole. Dos cassé, deux jambes brisées, un poumon transpercé, pareil pour la rate. On le retapera à coup de plaque de métal un peu partout. De quoi vous clouer au lit à jamais devant Plus belle la vie. Mais pas grave, après six mois, notre héros revient plus costaud que jamais. Dans Kick-Ass, les blessures irrémédiables, les traumatismes crâniens, ça vous rend plus fort. Essayez donc chez vous.
Une ellipse de quelques secondes, le voilà à nouveau dans la rue à tabasser des sauvageons, alternativement des noirs ou des portoricains. Ils sont tous grands et baraqués et sans doute aguerris par des années de street fight, mais bon, tranquille, même pas peur de ce repaire de dealeurs.
C’est là qu’interviennent Hit Girl, une ninja-girl de 11 ans à la langue bien pendue et son père Big Daddy, joué par un presque-subtil Nick Cage. Et c’est pas un petit compliment, la dernière fois que j’ai pu le voir, c’était dans Bad Lieutenant où il faisait le flic toxico qui se tapait des putes sur les parkings et imitait les détecteurs de métaux. C’est à ce moment précis, là, j’ai le doigt dessus, qu’on peut sentir la différence avec la BD originale. Alors que Millar tentait encore de nous les vendre comme “réaliste”, le film s’affranchit de tout ça et nous balance un tandem over-the-top finalement très classique du cinéma d’action. Même pas de vannes de droites qui ont été gommée, ils sont devenus quasi-comiques. Ok, Hit Girl est à la base une pimped version de Juno, elle qui faisait déjà tout pour nous séduire à l’époque avec ses bons mots. Crispant, mais dans l’absolu je n’ai rien contre une fillette ninja qui tranche des mafieux comme dans du beurre. Oh et elle headshot à tous les coups.
Décomplexé de son pitch de départ, elle décapite dans un monde où le recul et la réalisme balistique est un vain mot. Le combat final, c’est maitre Yoda contre Mark Strong (le go-to bad guy d’Hollywood du moment, Sherlock Holmes, Robin Hood, bientôt Green Lantern), du n’importe quoi ponctué par… un jet-pack. Oui, un jet-pack, comme dans Robocop 3. C’est un signe. On n’a jamais assez de jet-pack au cinéma.
Le problème du matos original, c’est qu’il essayait péniblement de faire son malin, à coup de vannes, de cynisme. Le film arrive à se ménager des moments de respiration salutaires. Explication : la BD avait tellement de retard qu’il a fallu improviser la fin, pour le meilleur visiblement. Le héros se fait la belle nana dans la plus belle tradition d’Hollywood. Et un jet-pack. D’une bd de baltringues, on peut donc arriver à un film d’action passable, avec tous les effets clichés un peu déjà vu partout ailleurs. Kick-Ass vient à peine de sortir mais à faire le wannagain 2.0, il est déjà si “2009” dans sa tête.
Clash of the Titans
Apr 20th
Problème de titre, pas de titans dans Clash of Titans sinon le courage colossal de Liam Neeson de se taper la honte en armure d’or, probablement piquée au chevalier du capricorne ou du verseau.
Vanne à part, voilà un exemple concret de ce que pourrait donner une armure de Saint Seiya en live. C’est clumsy & cool à la fois. C’est presque les acteurs le problème. Liam, toujours sur les bons coups. Déjà, Phantom Menace, il avait senti le bon filon. Way to go. Comme ce Sam Worthington, le Hollywood go-to mec pour de l’action, mais avec plus de réussite. Même niveau acting.
Clash of the Titans amorce plus que doucement la saison des actionneurs de l’été, avec de la redite des années 80. Plus largement, il ne fait qu’annoncer la vague de remakes indispensables qui verront forcément le jour. Genre un un Goonies next-gen ou un Néo-Robocop même pas de droite sociale, le créneau de François Fillon, décidément vampirisé par le-tout-Paris. Pourquoi pas un Karate Kid avec le fils de Will Smith faisant du Kung Fu. Ah non, ça, c’est pour cet été. Damn.
En fait, ces remakes me font penser aux samples maladroits qu’on entend dans le rap. Comme un cheveux sur la soupe. Genre les trucs comme ça. Douleur.
Résumons, New Clash of the Titans n’a pas vraiment de raison d’être, mais rien ne l’interdit pas d’essayer. On glissera sur la 3D, rajoutée au dernier moment comme une banale mise à jour PlayStation 3. 3€ que tu remettras dans le popcorn. Film de G.I en jupette totalement assumé, C.O.T balance ses personnages quasi-anonymes d’un point A à un point B, sans vraiment s’y attarder, en faisant des escales “combats 3D”. Sans âme, du genre ceux de George Lucas 2.0, avec plein de têtes de Kraken partout. Un beau boxon. Les héros n’ont que quelques lignes de dialogues pour exister. Dommage pour Mads Mikkelsen le viking-like outrageusement sous-exploité ici (mais déjà vu cette année dans Vahalla et Igor & Coco). Ou même pour le Djiin, croisement “poli” du quota ethnique et du ninja. Mais dont on ne saura rien. Tristouille.
Certains amateurs de l’époque avaient émis des critiques à propos de l’original. “Des acteurs shakespeariens qui récitent des conneries”… ou encore que c’était (sans doute) un des jobs les plus faibles de Ray Harryhausen” because trop de pognon dedans pour un résultat moindre. Ok. Mais là, non. Le but de l’opération était bien entendu d’absorber et de recracher le côté maladroit et rigolo du film d’aventure des années 70-80, le hibou-robot, Pégase qui nait. Mais quelque part, ça a foiré au cours du processus. Il n’essaye même pas, il est à la dérive. Tout ce qui a été avalé ici, c’est la maladresse globale. Algorithme facile à retenir : clumsy moins nostalgie =
Summer Blockbusters 2010, Autolargue !
Apr 20th
Les blockbusters de l’été sont comme les grands noms du P.S. Chez les blockbusters, on essaye de griller l’été, croyant y voir une garantie de jackpot. Au P.S, pareil, chaque candidat du P.S espère gagner en crédibilité pour la présidentielle en grillant la politesse à ses potes. Pas malin, ça.
Cette stratégie n’est pas toujours payante. L’année dernière, ce fut un peu la cata. Remember: Wolverine, aussitôt leaké, déjà oublié. Transformers 2 qui n’existe plus qu’en screen caps de Megan Fox. G.I. Joe, anyone ? Et l’irregardable Terminator Salvation où John te criait dessus comme si t’étais une vieille dame sourde “ONE ! CONNOR !” ? Heureusement, la saison fut sauvée par l’outsider District 9, trusté par un mini-clone de John Cleese sud-africain qui balancait des missiles par commande vocale. Et puis sorti en loosedé en automne. Comme quoi, il n’y a pas de réalité mathématique dans le succès.
On veut du level. Mais 2010 s’annonce comme un 2008 bis, l’année clone, qui était totalement trusté par un Speed Racer devenu culte au sens propre du terme. Cette année, on aura du Mark Millar (Wanted devenant cette année Kick Ass). Iron Man passe la deuxième vitesse. Batman laisse la place à un autre rogue heros, Robin Hood gladiatorisé. Pour ouvrir le bal, on aura même un Leterrier, jumpant de Hulk en Clash of the Titans. 2008, c’est le summum à égaler. Courage.
Au programme cette année, niveau fight et explosions ce sera grosso modo ça et quelques surprises:
Interlude : IP MAN
Cloverfield
May 12th
Les gens s’étaient passés le mot : « fais gaffe, tu vas gerber » « c’est irregardable » « ça fout la migraine ». Ouais bah ça doit être comme les gens malades dans le train quand ils sont assis dans le sens inverse de la marche: jamais compris. Cloverfield, c’est du streum géant qu’on voit en fait à peine, dont l’absence même devient un des gimmicks principaux. Bref, un film catastrophe classique.
Jean-Louis est heureux, il s’apprête à partir loin, très loin et donne une fête pour son départ dans son luxueux loft de New York. C’est le bobo-ys next door. Tout le monde est là, son ex, Justine, son frère Jean-Baptiste et même Jean-François, son pote un peu boulet qui va tenir la caméra pour faire un making of de la sauterie. Mais paf, tout explose, des trucs tombent du ciel, c’est la dissolution de New York. Tout est détruit par le fameux monstre géant timide comme c’est pas permis, pendant que Jean-Francois tourne le tout, rajoutant ses petits commentaires éberlués (mais sans jamais dire « fuck » ou des gros mots, ce qui rendrait le tout encore un peu plus naturel, toujours poli le mec). Du coup, ils vont partir à la recherche de Justine. Classique mais la sauce prends bien, on est vachement impliqué. Et c’est parti, entraîné par la caméra à l’épaule quasi invulnérable, alimenté par sa batterie immortelle (enfin si, on change les piles mais c’est pour faire staïle, comme quand les chinois rechargent dans les films de John Woo). Mais en même temps, c’est à ce genre de détail rationnel qu’on oublie qu’il y a un gros lézard qui est en train de transformer la ville en steak tartare. Ouais, on a beau voir Superman soulever la croute terrestre, détourner des missiles atomiques ou modifier le sens de rotation de la planète pour remonter dans le temps, mais c’est quand il arrache la porte de Lois Lane d’une main que la salle fait wow. Une forme de loi de proximité cinématographique. C’est dans cet équilibre entre réalisme et streumicide que l’alchimie se fait.
Le problème, c’est que la référence ultime du genre est désormais coréenne. A côté de ça, l’efficacité léchée de Cloverfield dégage une énergie tellement mono expressive dans son récit que la comparaison se fait obligatoirement, mais en sa défaveur. Du coup, on a un film entre deux chaises: pas assez intello pour faire la nique au coréen, mais pas assez pop pour sortir une ligne de jouets cools. Pour peu qu’on ne s’attende pas à voir Godzilla en train de soulever des immeubles pour s’en faire des cure-dents et plus à des gens lambda de type Lorànt Deutsch, des newyorkais qui crient au moindre danger, c’est de l’entertainement de qualité.
Note finale:
Mais ce qui manque à Cloverfield: une gamme de jouets charismatiques.
Genre ça.
Iron Man
May 9th
« You gotta believe ». C’est le mantra de Richard Donner qui alpaguant Christopher Reeves, harnaché en équilibre sur le tournage de Superman, premier du nom. Bizarrement, les deux-trois meilleurs films de super-héros de l’humanité (Superman, donc, et Rocketeer*) mettent toujours en scène des mecs qui volent. Bon signe pour Iron Man.
Aussi loin que mes souvenirs me portent, j’ai toujours aimé Iron Man. Passionnément. J’ai noirci des centaines de feuilles quadrillées en cours de math de 6ème C en tentant de concevoir une armure qui pourrait fonctionner. J’aime plus que de raison l’époque Romita. J’idolâtre encore plus le run formidable de Layton et Michelinie. Un petit détail justement datant de cette période-là : à un moment, Stark se fait faire une manucure juste histoire de draguer une belle nana, ce qui lui vaut des vannes de Rhodey. Léger mais sérieux à la fois. Note : il a beaucoup « changé » en comics aujourd’hui. Récemment, il passait surtout ses week-end à envoyer ses copains super-héros dans des camps de concentration cosmiques, pour la déconne, ce qui peut le ranger dans la case « uncool »). L’original cabotine, mais avec un grand recul sur lui-même, à la limite du Bruce Wayne, le génie technologique en plus. Ce n’est pas un mec complexe, on peut le comprendre en une histoire. Robert Downey Jr (formidable dans Für, intriguant mais trop bref dans Zodiac) le joue exactement comme il doit l’être, à la drôle mais sans perdre son sérieux d’acteur. Il ne se fait pas un trip à la Timothy Dalton (Licence to Kill) du genre « j’ai joué Shakespeare, je peux quand même faire de la bédé pour mômes ». Les adaptations de bédé, c’est un peu comme la lutte interne du PS, chacun pense voir clair dans la direction à prendre pour un parti qui n’existe plus que pour essayer de rester en Ligue 1. Le parti pris de Favreau, c’est d’aller droit au but sans faire de relectures qui, en général, ont pourri les précédentes adaptations. Pas de méta-références, de vannes LOL qui se moquent du genre (à la X-Men 1 ou Spider-Man, avec l’inévitable clin d’œil démago de connivence avec le public), Iron Man ze movie est vraiment fidèle, dans ses très grandes lignes au comics original. Pas non plus de relectures psy (« Tu vois, Hulk, c’est finalement qu’une vision postfreudienne des rayons gamma Œdipien »), ni de pamphlets (« Les mutants, ce peuple opprimé », sans parler des lourdes métaphores de Superman Returns, toujours de l’indigeste Singer). Pas besoin de défaire des idées qui ne sont pas cassées, comme ne s’était pas privé de faire les Fantastic Four 1&2. Il y a certes pas mal de lectures possibles dans l’attitude de Stark qui découvre, tel un ado son premier téléfilm érotique, les méfaits de ses armes dans le monde ce qui le pousse à changer de fusil d’épaule. Tout ça, c’était déjà dans le génialissime arc Armor Wars.
Favreau prend même des risques en passant pas mal de temps, plus que de raison, à expliquer les personnages, à tel point qu’il reste vraiment peu de combats (D’ailleurs le jeu vidéo est lamentable). On quitte la règle canonique qui stipule qu’un blockbuster d’aujourd’hui doit commencer par une scène de baston « dans ta face » pour bien tester ton Full HD et ton 5.1 de bourgeois. Les effets spéciaux font tous pour normaliser une technologie de ‘ouf, mais sans trop forcer la main comme les Transformers qui jouent à cache-cache. D’ailleurs, le moment le plus improbable, c’est quand Gwyneth Paltrow (Pepper) se tape un sprint en talons hauts. Autre risque supplémentaire : le premier Némésis est un doppelganger, un simple clone d’Iron Man. Imaginez Venom en ouverture de Spider-Man 1 ? Ou la baston des Supermen dans le premier film ? Heureusement Jeff Bridges est bon même s’il campe un personnage radicalement différent de l’original, plus en badass. C’est d’ailleurs une des rares films du genre où le casting se tienne vraiment. Un détail qui fait qu’il se passe quelque chose, c’est quand on reçoit mail, SMS vous disant « mec, je suis hétéro mais Robby Downy c’est quand il veut ! » ou encore « Je n’ai pas eu envie de noyer Gwyneth, c’est fou ! ». Bah oui, c’est fou, mais le Hollywood-verse choisit aujourd’hui des acteurs talentueux ET qui ressemblent physiquement aux personnages originaux. Tout ne se décident plus sur une disponibilité d’emploi du temps… A moins que…
jeez
En général, un projet de film de super-héros, ça se traine pendant 20 ans. 20 ans qu’on entend des trucs infâmes, que Tom Cruise a racheté les scripts pour le jouer, et puis que Selleck, l’autre Tom, a été casté pour jouer Stark (oui, vous voyez, il a une moustache). Sans parler des rumeurs avec Nicolas Cage, jamais très loin quand il s’agit de comics. 20 ans et plus pour monter Watchmen ou Spider-Man. Du coup, c’est presque comme une bénédiction de voir Sexadelicious Downey incarner Stark, de voir un Rhodey qui se tient ou une Pepper gentiment cruche. Le coup de génie fanboy aura été de caser 3 armures d’un coup et pas que pour sortir de superbes jouets. Elles ont été adaptées aux contingences modernes. Pas d’armure polarisée. C’est un choix judicieux qui rappelle le Bat-char d’assaut, suite logique des Batmobiles adaptés à un monde embouteillé par les vélibs et les couloirs de bus. Même dans son mecha design « conventionnel », Iron Man impressionne. Le jet privé de Stark est tout simplement sublime. Ses robots qui l’aident à gérer son atelier et qui coupent le gaz en été parce que GDF n’arrête pas d’augmenter ses tarifs en cabotinant gentiment avec Downey sont tops !
Evidemment, il reste pas mal de trucs en suspens pour l’inévitable suite. Comment intégrer le Mandarin ou Fin Fan Foom dans la situation géopolitique de l’Afghanisthan ? La suite, l’étape casse-gueule.
Au final, superbe adaptation d’illustré qui mérite bien ses
- Rocketeer. Sérieusement. Enfin, il y a aussi Master of The Universe qui vaut son pesant de cacahuètes pour les amateurs de Kirby.
Un mot sur la fin, donc tu zappes. L’idée d’outer Stark à la fin. Mouif, une pilule assez difficile à avaler pour un fan de l’Iron Man pré-2000 mais vendue assez bien par Downey Jr. Par contre, la surprise de Nick Fury « motherfucka » après le générique final, c’est non !
Transformers
Jul 16th
Kro Kru Kri Kri. Voilà 22-23 ans que ce bruitage hante mon esprit, la mélodie métallique que faisaient les Transformers, un des dessins animé les plus classe du cosmos. Résumé de l’idée de base : des robots gentils (les Autobots) poursuivis par leurs némésis (les Decepticons), s’écrasaient sur Terre où ils continueront leur guerre. Particularité, ils sont transformables. Comme toutes les séries des années 80 imaginées autour d’un concept-roi (=> dont le pitch est suffisamment fort pour ne faire qu’une ligne ou deux, tout en restant suffisamment puissant), ce qui est cool, c’est la robotique. Franchement, à quoi bon s’être farci Tonnerre Mécanique, K2000, Supercopter ou même Jayce et les Conquérants de la lumière si ce n’est pour la classe des caisses ou des engins ? En l’occurrence, tout le scénario et le background a été développé autour de jouets… Transformers avait aussi le bon goût d’avoir globalement assez peu de contact avec les humains. C’était surtout au cours des combats que l’histoire se permettait de développer les caractères de chacun des robots. Déjà, ils avaient tout compris ! Pas de perte de temps !
2007, les américains récupèrent les droits et tri-dimentionnalisent un univers volontairement binaire et cool. Aux commandes, Spielberg (bientôt Tintin en CG) et Michael Bay, qui ne peut pas filmer une voiture qui fait un créneau sans faire un parcmètre qui explose. On est en droit d’avoir peur. Il faut adapter un dessin animé de garçons en massive blockbuster de l’été, il faudra s’adapter aux codes. Tranformers 2K7 est assez rassurant dans la mesure où cette version a conçue selon le principe « qu’est-ce qu’on peut garder » au lieu du triste « bon, faut modifier tout ce qu’on peut » (et là, on pense tous Daredevil). Optimus Prime est bien le chef charismatique qu’il a toujours été, poussant le mimétisme jusqu’à quoter ses répliques les plus cultes (« One shall stand… »). Megatron n’est plus un gun mais un jet de l’espace. Les transformations ont été repensées pour garder une logique de masse. Fini donc Soundwave gigantesque qui devient un radiocassette de la taille d’un Kinder Surprise. Une croix de plus dans la checklist des concessions.
Revenons à « Kro Kru Kri Kri » qu’on entend, parfois, pas systématiquement. C’est un peu la madeleine, le crédit donné aux fans qui viendront crier leur passion ou leur haine du film sur internet qui verront leur nostalgie glissant sur la pente du >LOL PTDR<. Transformers est donc devenu un objet « entertainement », un peu comme la Wii a dérivé hors de la sphère jeu vidéo pour devenir autre chose. Shia Labeouf est le Tintin du robot et s’en sort pas trop mal d’ailleurs, tout comme Meggan Fox (ouch, ze bimbo de l’année, accrochez-vous) tandis qu’on appréciera des petites perfs de « Sucraaay » de Prison Break et d’Aaron Pierce, le highlander de 24. A noter la composition de John Turturro qui joue un mec du FBI comme s’il était dans un film des frères Cohen, totalement lunatique et improbable. Il est d’ailleurs le seul qui cabotine vraiment, car ils jouent tous de manière assez sérieuse en évitant aussi l’effet écran bleue à la Star Wars (« bon, là, vous regardez par là et vous imaginez qu’une galaxie explose devant vous »). Quand TF version Bay ne fait pas exploser des trucs, on est dans de la dramaturgie « sauvé par le gong », oscillant entre dérision et le « on me la fait pas, à moi », en beaucoup moins agressif que Spider-Man et X-Men. C’est sa principale qualité, il ne se moque pas du concept, il y va à fond, sans se poser de questions. On pourra regretter ces petits passages Spielberg 80’à la « vite, cache E.T dans la boite des jouets ! », très ringard. Mais pour être l’évènement de l’été, il faut que ça putain de blaste comme dit Lord Jean-Marc. Les Decepticons sont binairement méchant comme il faut et cassent tout, sans pitié. L’arrivée de Devastator est assez géniale dans le genre qu’on pardonne les histoires de cube cosmique qui donne vie à des ipods et ses petits robots méchants comme des gremlins.
Transformers sera donc au mieux un actioner standard, une espèce de checklist complète par des artisans calibrés, on peut difficilement enlever ça à Bay, un machin qui fait énormément de bruits (attention au premier rang !). Au pire, ce sera aussi agréable à regarder qu’un épisode d’Airwolf et ses scénarios plan-plan jusqu’à ce qu’arrive les séquences de dégommages de communistes en hélicoptère qu’on attend tous. Transformers est un film des années 80 où l’on a collé des scènes de baston kaboum qui claquent et des trucs qui explosent.
C’est l’occasion d’inaugurer un système spécial de notation pour ce type de films.
Note Airwolf (sur 5):
Com-Robot