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Rien à déclarer
Feb 12th
Il y a un bon bout de temps, Robotics évoquait cette truanderie que fut “Les Ch’tits“, nous faisant passer un buddy movie (avec un début en mode “farce sociale”) pour une comédie. Il y a deux ans, les ch’tits n’étaient pas tout à fait drôles mais accordons-nous pour dire que l’aspect “buddy” fonctionnait. Quand ils se bourraient la gueule pendant la tournée du facteur, t’y croyais un peu. Y’avait une alchimie à défaut d’une grosse poilade.
Rien à déclarer, c’est le point de non-retour. Un cas d’école comme on en avait pas vu depuis 15 ans: le syndrome “Les visiteurs 2″. Un mec qui se retrouve avec un cosmo-succès surprise en salles et qui va devoir affronter son propre succès. Les boules. Ce qui va se passer est classique, la scène va se rejouer des dizaines de fois dans sa tête : il va essayer de refaire la même chose. Boon, Poiré, même combat. Même sortie EN EXCLU dans le nord, même plateaux TV amicaux (“des millions d’entrées” dira Denisot entre la pub et la météo), Boon a reproduit le même pas de danse médiatique.
Mais à vrai dire, le succès, on s’en tape. Rien à déclarer est calamiteux depuis le script (une histoire entre garde-frontières au moment où Maastricht nous débarrassait des douaniers frontaliers. Poelvoorde a l’air d’être sorti de sa dépression alcoolique post-Astérix 3, mais alors, dans un quel état, mes amis… L’ombre de lui-même. Pourtant, l’idée de le voir en douanier raciste n’était pas si mauvaise… Mais chaque ligne de dialogue ne fonctionne pas. Et il faut les voir, les comédiens, en train de se téléphoner hors forfait leurs répliques nulles. La comédie à la française n’est plus un problème en soit. OSS ou encore le nom des gens nous ont montré des pistes, une alternative possible.
Mais “Rien à déclarer” ne se contente pas de sa zère-mi, il tente l’audace d’avoir un personnage principal raciste.
Du racisme caricatural, ça passe quand c’est dans Machete qui partage, sans rire, la plupart des thèmes de “Rien à Déclarer”. La frontière comme ghetto, les garde-frontières racistes, le trafic de drogue etc. Boon et Rodriguez, même combat ? On pourrait évidemment reprocher au film de Dany Le Boon de ne pas aller au fond de la rigolade, de se retenir de montrer des gens qui se découpent à la machette, du fusil à pompe à bout portant, de crucifixion dans une église, d’actrices nues (que ce soit vrai ou pas) et surtout de descente en rappel à l’aide de boyaux. Le genre de trucs qu’on aimerait voir plus régulièrement dans le monde des douanes qui bloquent nos colis de jeux et de dvd pour les taxer. Mais le racisme de Rien à Déclarer, tu devrais tendre l’oreille car on parle en ton nom.
Allez, je te raconte la fin : convaincu que, désormais, les français ont aussi une âme, Poelvoorde sort son gun sur un mec chinois garé à la va-vite. Il le course sur l’air de “niakoué, chinetok et bol de riz”. Sans rire. Tu vas croire que je prends les films Apatow comme mètre-étalon dès qu’il y a de l’humour, mais c’est pas pour rien. Ici, toute perspective d’amélioration est annihilé par cette fin incroyable qui se déroule sous les yeux du fils de Poelvoorde, un petit môme qui joue si mal qu’on le croirait presque sorti de la Rafle. Lui, hoche la tête façon “ah décidément, mon incorrigible papa”. Le désir d’authenticité rustique et régionale est complètement écrabouillé par ce mec cradingue, surfant d’un racisme à l’autre. Louper une vanne, passe encore. Louper des vannes sur 2 heures de film, admettons. Mais louper sa sortie comme ça, c’est irresponsable. Personnages comme spectateurs, finalement, on n’en a rien à foutre. La seule lueur d’espoir, c’est que “Fiston, toi aussi, quand tu seras grand, tu sniperas des chinois du haut de ton mirador.” De “Rien à déclarer”, on ne garde rien.
Trilogie d’Avril: Jean-Philippe / O.S.S / Camping
May 6th
Parfois les surprises peuvent être bonnes. C’est le cas du pittoresque Jean-Philippe. Johnny y joue un périlleux rôle d’auto-flagellation permanent. Mais surtout il évite de tomber dans le cynisme d’un Podium Yann Moixien qui se pose la question sur la futilité du fan (parce que maintenant, c’est devenu limite un marronnier à la noix. D’un côté le fan de Cloclo qui fait du cosplay au karaoké, de l’autre, le fan de Johnny qui se fait tatouer sa gueule sur la fesse gauche). Ici, on ne se pose pas la question, on est là que pour faire rire d’une idée improbable. Et, grand étonnement, ca marche. Ca fonctionne même ! Alors que tout laissait à croire qu’on aurait un putain de docu-concert limite infomercial sur la prochaine tournée de Johnny, J.P tient extrêmement bien la route, rendant le personnage limite attachant. Luchini (présent sur tout les plans, accrochez vous) a enfin l’occasion de jouer celui qu’il est sur les plateaux de tv, repoussant très loin son propre délire mégalo. Mais alors trèèèès loin. Que faire de plus pour lui maintenant d’ailleurs. Là, il est allé au bout. Quelque part, ce film aurait pu s’appeler Fabrice.
Autre surprise, OSS. Un film qui oscille entre parodie et pastiche et qui pourtant sort son épingle du jeu, avec une vraie démarche, une vraie envie de faire rire, sans cynisme, sans calcul. Le réalisateur aime le genre, ça se sent (dans les flashbacks fantastiques), Dujardin adore se la péter, il est un arrogant comme S.Connery, mais en absolument débile, ce qui rend l’entreprise ambiguë. Un peu le cul entre deux chaises. Mais ca fonctionne… Et tout y est, les méchants ubuesques (il manque cela dit un vrai grand rôle en méchant, genre un vieux à la Rochefort ou Marielle), les clins d’œil digne des films de De Funès (« ils rentrent à l’Hôtel), la séquence de l’Imam infaisable depuis Rabbi Jacob, c’est surréaliste, ça va à fond ! Brillant… surtout si l’on considère ….
Camping. Et là je dois expliquer un truc. Il y a eu un matraquage de la bande annonce. Et avec mes complices, mes ‘soss, on fait le concours du passage le plus pathétique d’une bande annonce comique. Avec JP c’était compliqué. Celle d’Oss était brillante. La bande annonce des Bronzés 3 était un mix fabuleux de moments non-drôle qui faisait frissonner jusque dans l’échine. Mais Camping, mon dieu… “Alors… On ne reconnait pas Patrick?!” Olalala. C’est 2 heures de ma vie que je ne rêverais jamais. Schéma classique, un riche débarque chez les pauvres. Ils l’accueillent, ils sont cons comme des balais, mais ils ont bon cœur. Le riche, lui, est un connard. Mais alors un fieffé connard. Il ne voit sa fille changer sous ses yeux et passe à côté de l’essentiel. Et au final, il devient moins con et redevient amis avec les ploucs. Un message beau comme une pub pour les knacky Herta. Mais très franchement, on tombe dans le cynisme le plus mesquin, celui des gens qui se croient supérieurs. C’est vraiment… affligeant. Cruel. Prévisible. Le message ? Les ploucs ont bon cœur, ils sont peut-être borné comme Dieu sait qui, ils trompent leur femmes, mais finalement, ils ont bon fond. Dans l’adversité ils sont soudés, et contrairement au riche (qui va devenir un des leur à la fin), il comprendra que-la-vie-c’est-une-histoire-de-petit-bonheur-sans-prétention. Ahhh please someone, make the PAIN *STOP* ! Et en même temps, il faut remarquer 2 choses. Lanvin ne joue pas. Il est un connard dans la vie (tout du moins, c’est ce qu’il fait largement transparaitre dans ses itw, donc bénéfice du doute) et il n’a pas de mal à le jouer. Et Frank Dubosc ne joue pas non plus. Il fait du Dubosc, de l’humour qui se veut touchant, rêveur, enfantin (il s’ingurgite en 5 jours 10 boites de Benco, et c’est un gag du film. Les gens ont rigolé ! Mais AU. SECOURS. Et ce n’est que la partie émergé de l’iceberg), il nous fait là une espèce de melting pot de tout son actors’ studio. Il va très loin, à un moment il est sensé faire semblant de pleurer. Il pleure mal. Jusque là, ok. Mais à un autre moment, il est sensé pleurer en vrai… et là, on ne sait plus quoi penser. Et si on est sensible à cela, sans doute le film peut avoir quelque chose de plaisant. Mais l’emballage autour… berk. Ah et Mathilde Seigner. Il n’y a plus rien à ajouter. Plus envie.
Mais deux films comiques sur 3, c’est un excellent score pour le cinéma comique français (et pas encore parlé d’enfermé dehors !)
Com-Robot