Où on va beaucoup parler de Making Of.

J’aime les gars qui n’hésitent pas à l’ouvrir quand tout, de la menace physique à l’ordre établi, incite à la boucler. Attention,  je ne parle pas de l”impétueux crétin, prototype cerné facilement dans Koh Lanta car casté pour son franc-parler avé l’accent délicatement sous-titré. Non le gus qui tente, parfois vaguement, quelques trucs.

Fils de réfugié politique, j’ai été élevé avec l’image de ces 8 bonhommes sortis sur la place Rouge pour protester contre le Printemps de Prague. Spoiler, ils se sont fait arrêter. Non pas que je compare Kasso à ces héros, loin de là, mais voilà, même avec d’énormes maladresses, c’est un type qui n’hésite pas à mouiller sa chemise. Même pas pour vendre sa came car souvent c’est contre-productif. Ses délires 9/11 ou ses positions pro-palestinienes à doses régulières dans Ce soir ou Jamais, c’est le genre de sorties qui te segmentent un public. Dire ce qu’il pense, quitte à faire au final du laïus tartifiolle, c’est le risque du genre. Remember, les belles années Noir Désir. Déjà, à l’époque, c’était ridicule, mais 10 ans plus tard, Noir Dèz, c’est à se flinguer de connerie.

Retour au sujet. La manière dont la France a traité la Nouvelle Calédonie est impardonnable. Faire régner l’ordre par des barbouzes comme cela a été le cas à la grotte d’Ouvéa est indigne. Là aussi, il faut blâmer mon éducation et mon père, qui m’a toujours prophétisé le jour où la France devra payer pour tout ce qu’elle a fait au continent africain… Une jeunesse pas très zemmourienne, t’as vu.

C’est une vraie “autopsie d’un massacre”, ce qui n’a rien à voir avec le documentaire offert avec le DVD du “Jour et la Nuit”, le film de BHL, un chef d’œuvre du making of qu’on dira pudiquement “partisan”.


Si tu aimes ça, il faut voir ça un jour, rien que pour Delon qui se dit “inattaquable”. Mais dans ce film sur l’échec, un genre dominé par Zodiac de Fincher. Il y a deux scènes qui surnagent et qui transforme cet Ordre et la morale en thriller militaire, rythmé par un DOOM continuel, comme dans l’intro d’Akira, mais tout. le. fucking. temps. Le flashback des évènements qui ont déclenché la crise et la fin, une espèce de Modern Barbouze Warfare, un plan séquence où l’on comprend bien à quel point les mecs se sont retrouvés dans la mouise à ne rien pouvoir faire.

Mais il paraît évident que Kasso a aussi fait de l’Ordre et la morale un film miroir de l’expérience qu’il dit avoir vécue durant Babylon À.D, en témoigne son dithyrambique making of d’une heure. Kassovitz a visiblement ce trop plein d’énergie qu’il essaye de canaliser. Et puis tant pis si ça casse. Dans l’Ordre et la Morale, ça donne des amateurs qui s’en sortent vraiment pas mal tandis que les pros sonnent moins bien, avec les moyens du bord parce que, bien évidemment, l’Armée Française va préférer filer des moyens à des films bourrins à sa propre gloire. Pas besoin d’aller aussi loin pour démontrer que les militaires sont les némésis de l’histoire. Mais c’est sa manière de travailler, à Kasso, en témoigne l’air agacé de Vincent Cassel dans cet extrait du making of des Rivières Pourpres.



Les rivières pourpres suivi de production part3

Un autre?

 



Les rivières pourpres commentaire audio tournage…

L’Ordre et la Morale est clairement un film de rédemption, le genre honni par Éric Zemmour, ceux de la repentance, un sous-genre dans lequel il cartonne à longueur de commentaires audio, ce qui le rend assez touchant. Je crois que je n’ai jamais entendu quelqu’un être plus critique sur ses propres films que lui. Si ce n’est Eric & Ramzi. Et encore, eux, c’est que en interview. Du coup, c’est le meilleur Kasso “d’après”.

 

Sinon, de l’autre côté du spectre de la piste audio, tu as celle-ci, déjà culte, commentée par Swarzy.


Certainement le meilleur commentaire de film de tous les temps.