Karl Marx, un de mes penseurs préférés après Batman, nous avait asséné son lapidaire “la religion, opium des peuples“, dont la portée est oubliée derrière le gimmick des mots.

Samuel est un jeune juif orthodoxe new yorkais, promis à un joli mariage avec une toute aussi jolie meidel. Itinéraire tout tracé, de fils à rabbin. Mais cette promesse de mariage va capoter.

Il faut toujours un échec originel à tout récit. Le hasard de la vie va le transformer en dealer qui utilisera sa dégaine de rabbi wanabee pour faire passer la came d’Amsterdam à New York. Presque naturellement. Vendre du tissu ou des buvards de LSD, même combat. Ce qui en terme d’histoire est original, d’habitude le juif new yorkais est un bogosse écrivain de génie ou alors un wisecracker de super vannes frustrés (Woody Allen) ou gros (Seth Rogen). Mais lui va devenir le paria de sa communauté, sa famille.

Based on a true story, ce qui veut dire généralement un film un peu chiant, qui suit un schémas bien établi et répétitif des voyages à Amsterdam. L’histoire vraie, le canevas qui ne touchera pas à la Grâce nonchalante de la loose de Zodiac. Seulement plus que le deal de came, l’histoire, ici, est celle de l’abandon de la religion.

Jesse Eisenberg est assez génial. Il avait déjà un physique à se fondre dans n’importe quoi, Zombieland etc mais là où il excelle, se métamorphosant en jeune yidd en businesseur, grâce à cette gueule nostalgique perdue entre 80’s et 90’s (Social Network of course, mais aussi le génialissime Squid & The Whale).

Et malgré tous les va-et-vient relou entre Amstermdam et NY, Eisenberg se paye un moment de cinéma complètement Airwolf. Un instant à mon avis purement fictionnel, qui quitte les rails du cinéma “vérité based on a true story” relou. Perdu dans NY, seul, abandonné de tous, le jeune (ex)hassidim erre dans les rues jusqu’à ce qu’un autre hassidim, un vrai, toujours dans le rang, lui propose de “mettre les tef’ comme on dit vers métro St Paul. De prier. Un geste accompli des milliers de fois, dont le sens s’est perdu en cours de route, mais dont il comprend pour la première fois la portée. Une preuve de plus qu’il ne faut pas toujours “stick to the plan” de l’histoire pour faire du bon cinoche.

Je devrais vraiment faire un logo “D’après une histoire vraie”…