Ce Samurai là, joué par Hiroyuki Sanada, n’a rien de crépusculaire. Sanada (le mythique Hayato dans San Ku Kai, le mec dans Ring ou le barbare qui ne parle pas dans le Dernier Samurai et qui renvoie du même coup Tom Cruise au rang de tâcheron du bushido actors’ studio) incarne toute la classe et l’aura d’un samurai pacifique pré-Meiji. Bon, il est sensé être limite clochard, vivre dans la pauvreté avec ses filles, endetté qu’il est. Mais malgré ses vêtements en loque, il irradie devant la caméra, il vampirise l’écran. Un des meilleurs samurais depuis Toshiro Mifune.

L’histoire s’appuie plus sur l’existence sociale du samurai. (en gros, si vous voulez du fight, allez voir Kill Bill). Seibei n’a pas l’ambition de changer son monde. Le tourbillon qui va bouleverser le Japon lui passe au dessus de la tête, lui, samurai de petite catégorie. Il sent le changement, mais lui ne rêve que de simplicité, s’occuper de sa famille, loin des envies de richesses de ses collègues. Le prisme de la pauvreté n’est pas nouveau, on le voyait déjà dans le mythique Harakiri. Ici, c’est la tâche quotidienne d’un samurai bas de gamme qui est dépeinte… Et ça a l’air vraiment pénible. De la paperasse, des comptes à faire, une gestion des stocks. Un vrai chef de rayon. Mais Tasogare Seibei touche juste, en créant une dynamique de la lassitude, une espèce de vérité sociale rarement traité, où tout monte en spirale pour un conflit final puissant et limpide. Le Samurai et le Crépuscule est sans doute le plus grand film politique venu du Japon depuis très longtemps. BIS.