The Dark Knight Rises
Spoiler free, promesse de boy scout
The Dark Knight Rises a pour tâche essayer de boucler de manière honorable l’histoire. Le drama à la place de l’action, TDKR commence par une opération quasi psychanalytique. “Tuer le père”, ce qui, au cinéma, veut dire qu’on va tout faire pour nier le précédent volet. Ca tombe bien, The Dark Knight s’achevait sur une incompréhension flagrante de Batman. TDK ou l’épilogue avec l’out-of-character le plus fou depuis qu’Alicia Silverstone a récupéré tous les secrets de Batman sur un CD-Rom laissé par Alfred. Man, c’était maboule, quand même, l’ère Schumacher…
Donc rappel de la fin de TDK: Gordon finissait par mentir. Batman était d’accord pour mentir. Même Alfred mentait de son côté, histoire de faire comme tout le monde. Tout ça pour faire passer une loi super répressive qui réduit les libertés individuelles mais éradique l’insécurité. On se serait cru à l’UMP. Tu parles d’un dilemme de super-héros…
Le problème de l’interprétation de Nolan est de mettre Batman face à des choix moraux, alors que non, c’est un putain de justicier dont la seule préoccupation est de laisser quelques os intacts dans le corps du street punk qu’il interroge. Batman ne choisirait jamais la voie du mensonge. La principale qualité freudienne de “Rises”, c’est de répéter à l’envie que Batman & Gordon avaient tort sur toute la ligne. L’ambiance du début, sur le ton de Gotham sans Batman” est vraiment réussie. Juste des gens qui parlent, finalement. Malheureusement le pitch est assez risible.
Sans spoiler, je te raconte juste le début, ridicule si on réfléchit deux secondes à la psychologie des personnages.
8 ans après les évènements de TDK, Gotham City va bien. Impeccable. Pas un crime, pas une magouille, pas même un Balkany pour se la raconter. 8 ans sans Batman et tout va bien ?! Hé là, oh ? Tout ça parce que grâce à leur mensonge originel, ils ont fait passer une loi super répressive… Wokay. Et Batman est d’accord avec ça ? Il s’en cogne: déprimé par l’absence d’activité et peut-être aussi la mort de ses proches, Wayne s’est cloitré chez lui. BATMAN, R U SERIOUS ?! Il faudra bien la venue de Selina Kyle (le nom “Catwoman” n’étant jamais mentionné de tout le film. Peut-être en hommage à la “Cat” du golden age ? Ou peut-être ça sera dans les bonus DVD… ?) pour le revigorer. Une balayette et il est par terre. Quitte à écrire des personnages à côté de la plaque, on continue: Alfred, fâché de voir son maître reprendre sa cape… l’abandonne ?! Michael Caine avait-il d’autres films à tourner ? On ne le reverra plus de tout le film, pas affolé un seul instant que Gotham s’effondre. Mais lui n’a pas vu le trailer de TDKR.
Et malgré sa qualité de spectacle costumé, Batman Live, le show avec des acrobates, a mieux analysé le bat-verse que Nolan. Ses divagations de fanfic où n’importe qui devine sa véritable identité sont d’autant plus dommages que cette heure de film sur “un monde sans Batman” avait le potentiel d’être géniale. Des comics l’ont fait très bien, comme par exemple Batman: No Man’s Land, le conseil lecture de cet article. Gotham ravagé par un séisme, les bat-vilains en chefs de clans, chacun dans son quartier, des mois d’absence pour Batman… et Alfred qui fait ce qu’il peut mais qui ne fuit pas, lui !
La réalisation est en dents de scie: ces moments annoncés comme épiques qui finissent littéralement en eau de boudin. Je pense aux scènes d’émeutes à la Braveheart dont on nous a tant teasé la gueule. Même le “Bat-wing”, première émergence de technologie de pure SF dans les Batman de Nolan, est très peu inspiré (et assez moche). Enfin, dans DKR il y avait le machin qui transformait par un procédé inconnu tous les téléphones portables de Gotham en sonar téléchargeant toutes les données dans les lentilles nocturnes de Batman, mais là, c’est la première fois que ça vole de manière surréaliste. Je crois que ça m’avait manqué. En gros, la fréquence, c’est : pour un truc classe, on en aura deux qui feront lever les yeux au ciel. Mais ce n’est pas pire que la logique interne du film. Des trous béants qui feraient passer Inception pour un documentaire scientifique. Je vais pas te les spoiler, il y en a des dizaines, mais les frangins Nolan se sont surpassés, donnant ainsi à l’Internet du grain à moudre pour les mois à venir. Bé-ants.
Le pire, c’est que c’est Bane qui va tout se prendre dans la gueule, simplement parce qu’il n’est pas aussi iconique que Joker. Nolan ne lui rend pas service en ne montrant quasiment jamais à l’écran comment il étrangle ses victimes, adoucissant sa folie avec une voix retouchée comme si tu écoutais un podcast enregistré au casque-micro. Dans TDKR, il est transformé en idéologue du chaos, quelque part entre Ra’s Al Ghul et Mélenchon. Injustement conspué, l’ex-luchador (il ne l’est plus ici) a été crée dans le comics comme un rival potentiel pour Batman, capable de lutter d’égal à égal et même de gagner. La menace est réelle, palpable même, mais les combats sont tout sauf cinématiques. Quand je pense aux gens qui se plaignaient de l’absence de Batman au cours des fight ninja style de Begins… A y’est, on le voit mais bon sang, tu pleures.
C’est là qu’une évidence me saute aux yeux avec l’apparition du personnage de Joseph Gordon-Levitt, absolument brillant. Ce jeune flic lambda est celui qui va rappeler à Bruce Wayne à quel point il est out-of-character, à quel point Gordon a sombré. Il est la balise morale du film et c’est pour cela qu’on l’apprécie plus que les personnages principaux. Nolan réussit la normalité, ces simples scènes où des mecs parlent du héros mais jamais celles où Batman apparaît. A cet égard, le Wayne de Christian Bale est toujours bon alors que son Batman fait de la peine à voir, humilié par le premier couteau suisse venu. Anne Hathaway réussit vraiment Selina Kyle mais loupe sa Catwoman, à tel point que je me suis demandé à un moment si elle était en combinaison ou encore en tenue de soirée. Le suspense repose son implication dans le film, car dans le peu de scènes où on la voit, elle n’a pas grand chose de félin. L’évidence, donc, c’est que Nolan est bon pour les dialogues de gens normaux et foire la dimension super-héroïque.
J’entends déjà des gus me faire: “alors quoi t’aimes pas Burton ?!”
La glorieuse première apparition de Batman chez Burton, mesdames & messieurs…
“T’aimes pas Schumacher…”
’nuff said
“Et maintenant t’aimes pas Nolan… !”
Cette trilogie le prouve encore, Batman est devenu un archétype. Dans un article consacré à Arkham City, j’expliquais que même le comics a perdu de son envergure canonique devant son importance commerciale. Il est devenu un emblème que tu peux te faire tatouer, un mug, une serviette pour aller au yoga, Tous les mois, un produit culturel Batman. Films, dessin animé, spectacles acrobatiques, goodies, jeu et oui, bien sur, les comics, chacun sa nuance. En trois films, Nolan a voulu développer son propre récit sur la morale de la même manière que Singer a fait de Superman Returns une pénible métaphore christique. TDKR comprend les erreurs de la ligne Nolan, les désamorce pour en faire d’autres, encore plus dérangeantes. Ce projet du Nolanverse de Batman était ambitieux mais voir ce héros tellement en dehors de ses bases, si loin du World’s Greatest Detective, fait de la peine à voir. Le chagrin pour sa meuf, les échecs en série à force de tomber dans tous les putain de pièges, se faire pourrir par tout le monde… Bruce Wayne, réveille-toi, ils ont fait de toi un mauvais Peter Parker.
Et s’il ne faut en choisir qu’un, cadeau, le trailer de TDKR, mais à la sauce Bruce Timm.
Avec la voix Kevin Conroy ! 20 ans qu’il fait le rôle.
TDKR, en dépit de supers acteurs, d’un Gordon-Levitt génial et je pèse mes mots, il y a aussi Marion Cotillard qui est à Rises ce que Katie Holmes était à Begins. Vraiment, Marion Cotillard ?!
Print article | This entry was posted by Kamui on 20/07/2012 at 06:08, and is filed under Cinématographe. Follow any responses to this post through RSS 2.0. You can leave a response or trackback from your own site. |
about 10 years ago
Eh bah putain. Si même toi tu dis que ça pue
about 10 years ago
Pas mal le coup de la copie d’écran de la BD pour faire style “je m’y connais en batman”
about 10 years ago
Salut Bat-ventilo.
Voilà tu as tout compris. J’etaye toujours avec des copies d’écran pour bien faire style “je m’y connais en jpeg”.
about 10 years ago
Je n’ai pas vu le film, et ne suis pas certain de le voir mais cette critique transpire la haine. Non je rigole, c’est une critique honnête et qui recoupe ce que j’avais entendu à droite et à gauche, malheureusement. J’irai le voir je pense car c’est le film à voir avec Prometheus et The Avengers cette année mais bon, mes ambitions ont été retoquées.
about 10 years ago
…et je suis heureux de voir que je ne suis pas le seul à avoir apprécié Prometheus.
about 10 years ago
Bonjour.
Voilà un article très intéressant, et toujours aussi bien écrit, un vrais plaisir à lire.
J’attends beaucoup ce film, et tout compte fait, je ne suis pas vraiment surpris par cette critique.
Le coté réaliste et contemporain du Batman de Nolan est présent depuis le tout premier. À partir de là, plus aucunes incohérences avec le comics ne pourrait lui être reproché: ce n’est plus vraiment le Batman que l’on connaît, c’est l’interprétation de Nolan, son “adaptation” de l’univers.
Oh non, je n’excuse pas tout bien sûr, mais je crois qu’il faut laisser un peu son coté fanboy exigent de coté quand il s’agit d’adaptation (gardons-le pour les tout ce qui est canonique), et essayer de comprendre la vision de l’auteur.
Personellement, je pense que si l’on veut un jour un film Batman proche du comics, il faudrait confier la licence à Zack Snyder. Je ne vois que lui pour réaliser un film avec un traitement d’image intelligent, une belle “illustration” de la violence et de la noirceur de l’univers, des plans d’une dimension épique jamais vu jusqu’à maintenant, et avec une vrais représentation de la partie fantastique et “super héroïque” de notre comics préféré. Il pourrait même nous offrir un vrais Batman en collant et en slip qui ne soit pas ridicule !
Je ne vois que lui pour faire ça… ou alors, il faudrait remonter l’équipe Frank Miller/Robert Rodriguez/Quentin Tarantino comme à la belle époque de Sin City.
about 10 years ago
Je sais vraiment plus quoi faire du fric que j’économise depuis que je lis ce blog.
A ce rythme, soit j’entame un empire du crime dans dix ans, soit je fonde Stark Entreprises.
about 10 years ago
Merci pour cet article, je te rejoins complètement. J’ai même carrément eu de la peine en sortant de la séance personnellement. (une fois n’est pas coutume j’ai même écris à Batman pour l’occasion; http://www.senscritique.com/film/The_Dark_Knight_Rises/critique/379982, si ca vous dit)
Je ne sais plus qu’attendre du prochain Reboot qu’on va s’empresser de nous pondre à présent…j’ai peur.
about 10 years ago
Marion Cotillard m’a vraiment gâché le film. Qu’elle aille jouer dans Plus Belle La Vie.