Soderbergh n’est pas un grand réalisateur de films d’action. Ce n’est pas Tsui Hark. Ce n’est pas Ridley. Je ne suis même pas certain qu’il soit du niveau d’un mec genre Renny Harlin. Mais comme avec un peu tous ses films, ce n’est pas tant le résultat qui compte que la raison qui l’a poussé à le faire. Deux ou trois films cette année, c’est sur, Soderbergh réalise parce qu’il a besoin de ça pour exister, parce qu’il a un problème à régler. C’est le syndrome “Prince”: certains entreprennent des thérapies, lui fait des triple-albums.

Mais il y a de quoi s’inquiéter, de le voir tourner autour des actionneurs, quand on sait qu’il a déjà réalisé un film sur la crise avec une actrice porno qui ne couche pas. Haywire, “piégée” en français, est un film d’action mettant en scène Gina Carano, une ancienne combatante MMA / Kickboxing. Une nana qui sait donner des coups de pied et dispenser la justice sociale en écrasant des crânes avec son coude. A la réalisation lisse de Soderbergh, elle oppose une animalité qui dévore tous ses partenaires, de Channing Tatum à Fassbender en passant par McGregor. Sans jamais être “trop sportive”, elle est superbe à regarder, sur tous les plans, qu’elle crapahute ou qu’elle tabasse des gonz sur son chemin. Elle est son meilleur effet spécial, dans un film dépouillé de toute esbroufe.

Parfois il faut se résoudre à minimiser ses moyens pour obtenir un résultat cohérent. A un moment, Carano conduit un 4×4 à travers la neige en marche arrière. Elle percute un cerf. Ce n’est pas aussi beau que des chinois qui glissent sur le sol en donnant des coups de pied mais bon sang, il y a comme une énergie sourde dans ce blockbuster a minima, animé par la deuxième nana badass de l’été. Deuxième car elle ne se fait pas d’opération à vif dans une navette spatiale. Mais l’intention est là.