A la base, le sujet est ravissant. Sasha Grey, peut-être l’une des rares stars du porno dont je situe à peu près grâce à quelques chef-d’œuvre de sa filmo (google image : Sasha Grey’s Anatomy !), joue dans le dernier Soderbergh, troisième film de l’année si on compte Che 1 et Che 2. La fameuse Girlfriend Experience, c’est ce plus-produit de l’Escort-girl. Elle ne se contente pas simplement de coucher avec le client, mais lui tient la main aux expos et écoute ce qu’il a à raconter. Le piment de l’histoire, c’est que le personnage de Grey a aussi un boyfriend avec qui elle vit dans un riche appart’ de Manhattan. Parce que parait-il que ça ne se fait pas, d’avoir une vie sentimentale dans ce métier.

Mais ça, c’est le faux sujet du film, et ceux qui s’attendent à des séquences de blow job full frontal seront déçus. A peine une scène de nudité, that’s it. Le vrai héros de l’histoire, en pleine course finale à la Maison Blanche, c’est la crise. Elle plane dans toutes les scènes.

Tous les traders, les banquiers, les commerçants qu’elle a l’occasion de côtoyer n’ont que ce mot à la bouche. Ils se laissent par moment complètement submerger par leur désarroi, plus que par une plausible misère sentimentale. Sasha les écoute, placidement, avec son joli minois hautain, se rendant sans doute compte qu’elle n’arrive même pas à être cette petite bulle de réconfort dont ces mecs complètement détruits ont besoin. On arriverait presque à plaindre. On pourrait voir du vide dans ce faux documentaire, alors qu’en fait, en le dévouant entièrement à la crise, c’est peut-être un des films les plus subtilement politiques de l’année.