C’est dérangeant de voir Tom Cruise le dianétiquement illuminé jouer un gentil soldat de la Wehrmacht qui se rebelle contre Hitler et monte un plan pour le tuer. Walkyrie est un ambitieux projet, platement exécuté par Singer passé du statut de golden boy (pour des raisons assez usurpés) au rang de yesman qui projette ses idées sur des concepts qui le dépassent. D’Usual suspect à Superman en passant par X-men, le mec s’est sabordé.

Mais là, il se la joue lo-fi genre film de guerre basique, avec quelques gueules bien placées. Tout hollywoodien qu’il est, basculant dans un anglais semi-papa schultz, Stauffenberg va tenter d’assassiner Hitler. Based on a true story, il va foirer son coup, entrainant dans sa chute la poignée de démocrates qui tentaient de déboulonner le Führer. Encore une fois, Cruise ne joue pas, il EST. Parfois à la limite de la folie, de la classe et du ridicule. Faut le voir, faire le salut nazi, tout moignon dehors avec ce qui lui reste dans la main droite. Il cannibalise les autres acteurs, la superbe Carice Van Houten et Kenneth Branagh, littéralement poussé dehors à mi-film, sans doute par un sms ravageur de la Kommandantur. Tom Cruise fait tout. Au passage, comme Bébèl dans l’as des as, il se paye une visite à Hitler dans sa datcha. Ca ne sauve pas la situation : alors que dans Mission Impossible III, il surjouait le coma, ici il arrive à faire plus fort, il surjoue la mort. Über Cruise.

Tout comme Zodiac, Walkyrie est un film sur l’échec mais qui foire un peu plus son coup, perdu dans son manichéisme robotique : gentils soldats allemands vs méchants nazis, une dichotomie pokémon sans cette zone grise qui rend généralement pas mal pour un film de guerre.