En 2 heures, Kore-Eda tricote un costard sur mesure à cette famille qui fait semblant de se comprendre et se parler. Si Still Walking était anglais, il serait un film de Mike Leigh. Il balance ses bombes sourdes dans un cadre familial pépère. Ozu, Leigh, Deplechin, même combat ? Le film occupe le terrain du film nostalgique japonais, les petits bleds bruités aux criquets. Manquait plus que de l’aquarelle par dessus, et on passait ses vacances d’été dans un début de film de Miyazaki.

Une famille se retrouve régulièrement, pour commémorer la mort d’un fils ainé. Les parents, toujours dans la même baraque de Yokohama, semblent figés dans le temps, un peu comme une télé branchée sur Drucker depuis des années. A force de porter le deuil, ils ont oublié de passer à autre chose. La mémé va cuisiner avec les gamins de l’autre fils, l’autre là, celui qui a choisi de ne pas faire docteur comme son père. Il ne se passe pas grand chose dans Aruitemo, aruitemo. Les cadres y sont presque Ozu-esque, la photo est léchée. Alors quoi, une autre gravure mélancolique sur le temps qui passe ? Nope. Tout le monde y est un peu blessé. Malgré les apparences, tout le monde a un peu dérivé de son côté. Il y a une subtilité incroyable dans ce Kore-Eda (loin du bizarre Air Doll) dans sa manière amicale mais ferme (comme dirait Raffarin) de tailler le portrait de cette famille. En prime, des acteurs d’une justesse folle.

Alors quoi, Still Walking, meilleur film japonais de l’année ? Tu parles. C’est un des films de l’année tout court. S.O.S le cinéma japonais, parfois pas tant que ça.