Dès le début, tu comprends autour de quoi Polisse va tourner, et c’est plutôt le nombril de Maïwen. Déjà, ce titre, bon sang, aussi horripilant que la gaîté imposée du générique de l’île aux enfants, qui a bien pu croire que c’était une bonne idée ? Faut-il y voir une puissante métaphore ? Ou plutôt s’agit-il une antiphrase sarkoziste, car hé, évidemment que non, la Brigade de protection des mineurs, ce n’est pas tous les jours le printemps.

Mais donc ce nombril…  Maïwen intègre cette fameuse brigade pour prendre des photos en action, sur le vif. Peut-être qu’elle s’est documenté sur la BPM mais sur les photographes, elle s’y connait nib’. Cartier-Bresson, autant prendre un cador du portrait en exemple, suggérait qu’il fallait “mettre l’appareil photo entre la peau d’une personne et sa chemise”. Maïwen, on ne voit qu’elle, elle, et aussi sa vraie famille, en featuring pour un repas totalement inutile à l’intrigue. Dès le début, donc, elle suit les flics en filature de roumains. Plan large, le sujet, c’est elle qui prend des photos (sans doute nulles) des flics en train de prendre des photos. Tu la sens, la mise en abîme ? Malheureusement, il y a un point de vue de trop dans les scènes et, pas de bol, c’est celui de la réalisatrice. Ca ne va jamais s’arrêter, il ne manque plus qu’une voix off sur du scrap-booking pour que cela soit indigeste, à zapper d’affaires en affaires, avec une naïveté confondante. L’interrogatoire “du mec puissant mais pédophile” est sans doute le paroxysme de nunucherie simpliste, mais ça serait oublier les petits roumains qui jouent dans le bus après leurs parents se soient fait rafler, tant de clichés en brochettes, tout n’est pas si subtil, tout ne tient qu’à un fil.

Tout son égo trip la conduit droit dans les bras virils de Joeystarr, l’autre sujet du film. Au début, j’avais du mal avec  le mec de “Laisse pas traîner ton fils”, surtout quand il essaye de consoler un môme abandonné par sa mère, trop pauvre pour l’élever. Pour Joey, ce sera un maximum tire-larmes pour ce constat d’échec, non sans avoir tout tenté sur l’air de “laisse-moi trois jours, je peux y arriver (à leur trouver un foyer mais pendant ce temps je m’en occupe)”. Tu n’y crois tellement pas que tu as envie de lui faire “combien de thunes pour les banlieues, Joeystarr ?

Et en même temps, dans Polisse, il laisse complètement sa femme et son gosse de côté, un truc qu’il revendique IRL. Sauvage, volontiers mauvais père mais qui se drape d’un vêtement de responsabilités… Bon sang, mais ça me rappelle quelqu’un…

Mais oui. Polisse aura au moins eu le mérite de nous montrer que Joeystarr est le Wolverine français.