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La Colline aux Coquelicots (le Ghibli 2011)
Oct 26th
Le dernier Ghibli est, attention grosse surprise, l’histoire d’une jeune fille qui va découvrir que “la vie, c’est pas toujours facile”.
Eté au Japon, soit une sortie programmée à la toute première semaine de janvier en France, la routine, quoi.
Adapté d’un random shojo manga par Hayao Miyazaki mais mis en scène par son fils Goro, Kokuriko zaka Kara (From up on Poppy Hill en V.A) est le Ghibli parfait d’après-crise, celle que traverse le Japon post-séisme. Le studio s’est d’ailleurs mis en tête de réaliser un film sans utiliser d’énergie nucléaire. Good luck, les gars.
Un film d’après-crise, c’est une histoire qui, d’apparence, ne s’engage pas vraiment, se contentant de tabler sur la puissance illustrative de Ghibli, cette machine à générer de la nostalgie avec des palettes de couleur vive, les stars n’étant pas le casting, ni la nana de la chanson finale mais le vert vivifiant des arbres du décor et le bleu des ciels, très bleus.
Umi est une jeune fille débrouillarde qui, chaque matin, fait virevolter le fanion qui souhaite bonne route à tous les navigateurs, une manière aussi de se remémorer son père qui a disparu en mer il y a quelques années. Au loin, Shun va rejoindre l’école à bord de son bateau. Lui est un membre influent du journal du lycée. Mais en 1963, l’heure est à la modernisation à cause des Jeux Olympiques de Tokyo qui approchent (70 ans avant ceux d’Akira). Et ce vent de modernité menace “KaruchieRatan“, alias Quartier Latin, la grande demeure que squattent les jeunes du lycée. Tout le monde, garçons comme filles, vont s’unir pour empêcher la destruction de leur centre culturel. Evidemment, les deux jeunes vont se sentir attiré l’un par l’autre sauf que, problème, plane un doute: se pourrait-il qu’ils soient demi-frère & soeur ?
Goro est aux manettes mais la patte Miyazaki père n’est jamais loin. Faut voir la gueule de ce Quartier Latin, un bâtiment surréaliste complètement baroque, que la magie aurait arraché à une autre production du papa (Chihiro vient à l’esprit). Et puis il y a cette manière d’évoquer les tranches de vie que cela soit dans le script qui oblige le spectateur à faire le job de remplir les cases lui même. Comme ce surnom étrange, “Meru”, “mer” que certains personnages donnent à Umi, mais parachuté sans explication dans l’histoire.
Il est facile de voir cette Colline aux Coquelicots comme un Ghibli mineur, et je te le dis en vérité, c’est ce qu’il est, même si j’ai généralement une nette préférence pour ces films low-key. C’est pourtant la vérité : Miyazaki père se garde les œuvres surréalistes mastoc, prétextes à un déluge d’animation de toute beauté, laissant les histoires plus “sitcom” aux autres gus de son studio. Après tout, sa dernière tentative de “réalisme” remonte à Porco Rosso, qui est aussi réaliste que peut l’être un film dont le héros est un homme à tête de cochon.
Mais la Colline aux Coquelicots a, selon moi, un autre sens: d’après ce qu’il se dit, Hayao Miyazaki travaille en ce moment sur un film autobiographique. Et un autre, plus “historique” (des croquis de Zero ont été aperçu… à moins que ce ne soit lui qui reprenne le flambeau du “Tombeau des Lucioles 2″. Peut-être qu’il s’agit d’ailleurs du même film ?) Hayao veut probablement se raconter avant qu’il soit trop tard. Mais j’avais un peu peur, et pas seulement depuis que j’ai lu sa bio. Je veux dire: c’est un mec qui a porté le conflit avec son fils devant tout le monde avec “Gedo senki” (“Les Contes de Terremer”, le premier film de fiston) en agissant comme le dernier des fils de pute, alors qu’il a été réalisé sous son nez, par son studio. En gros, son plus gros coup d’éclat, c’était de quitter la projo du film, sur l’air de “qu’est-ce que c’est que cette merde”. Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont a été produit et promu Gedo Senki, beaucoup de choses qu’on ne sait pas sur la relation de Hayao et de Goro, mais en tout les cas, un père se doit de soutenir son fils, surtout quand on connait la difficulté de monter un film d’animation traditionnelle aujourd’hui.
En général, on fait le distinguo entre la vie slash l’œuvre surtout quand on remarque que les gros enfoirés sont légion parmi les gens talentueux. Le fils qu’il n’a jamais eu, c’est Hideaki Anno, sans doute le mec qui a tellement monté la barre dans l’animation japonaise que ça en parait c’est normal qu’ils s’entendent comme cochon et étalent leur bromance. Mais, mais, mais… Dans la Colline aux Coquelicots, on peut lire une autre grille de lecture, plus douce, celui de la réconciliation entre un père et un fils.
Sinon, 2012, ce sera aussi Eva 3.0
Kokuriko-Zaka kara (le nouveau Ghibli) Trailer
Jul 2nd
Réalisé par Goro Miyazaki. Et c’est un peu ce qu’on est en droit d’attendre de Ghibli : une fille qui grandit et qui va comprendre la vie et une maison pleine de poussière et de nostalgie.

Ninokuni
Feb 5th
Tu sais quoi, un Ghibli où le héros est un garçon appelle spontanément à l’indulgence.
Man, dire que ça date de 2010, déjà. Ow et la version totalement Airwolf du test.

Karigurashi no Arrietty
Sep 28th
Première surprise, le dernier Ghibli nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui va apprendre que-grandir-et-puis-plus-généralement-la-vie-c’est-pas-si-facile. Ca va, pas trop choqué ? Passé cette surprise, on découvrira une œuvre malade, avec un Miyazaki qui s’est juste contenté d’écrire le script. En espérant qu’il garde des forces pour l’hypothétique Porco Rosso of The End.
Le trailer :
“Arrietty la Chapardeuse” est une adaptation de plus d’un roman occidental d’easy fantasy (pas lu, pas intéressé non plus) de la part du studio qui envisage sérieusement de mettre la clef sous la porte. Ghibli n’existerait alors plus que comme une machine à licences, dealant les droits de peluches et les futurs caméos dans Toy Story 4, 5 et 6. Pas une histoire de pognon, ça, ils en ont. Le vrai problème tient à une histoire de succession qui ne s’est pas faite. Personne pour reprendre la place du mentor alors du coup on colle à Arrietty un certain Hiromasa Yonebayashi de 37 ans qui nous fait déjà un film de vieux, lent, d’une nostalgie toute empruntée.
Ici il n’y a pas de mascotte rigolote, ils l’ont laissé à Ni no Kuni (le dernier vrai projet du studio?). A la place on a Arrietty, une jeune fille et sa famille nucléaire. Ils sont pas plus hauts que trois pommes et vivent dans les entrailles d’une maison de campagne japonaise, dans une baraque qu’ils ont bricolée un peu comme les Minipouss. Remember.
Dans le rôle d'”Eric le Grand”, Sho qui a malheureusement une maladie mais qui espère une opération prochaine. Une rencontre, un premier amour impossible. Mais une fille de 6 cm plus un garçon malade… Un indice sur ton écran, ce sera un huis clos minimaliste et l’action va se limiter à son strict minimum. En fait, non, il y a une scène d’action : quand Sho se lève avec la petite Arrietty sur son épaule. Après une heure et quelques. Wow, full achievement. Blague à part, c’est une scène absolument géniale, très à contre-courant des héros de la tradition Ghibli qui défient la pesanteur et l’endurance humaine. Mais c’est aussi la seule fuckn’ scène intéressante. Le reste du temps, on est dans l’exposition de la vie d’Arrietty et de sa famille, comment ils voyagent de meuble en meuble et qu’ils empruntent ça et là un morceau de sucre. C’est le propo simili-gauchiste de l’histoire : ils vivent en chapardant et en empruntant, sans jamais se faire voir par “les grands”.
Heureusement, il y a quelques petits bizarreries typiquement Miyazaquiennes que j’adore. Voici mes quelques observations. D’abord il y a le personnage d’un père solide, vaillant et brave, un mensch comme on en trouvait il y a longtemps chez Miya. A contrario, la mère est un véritable boulet : laide, moche, pleurnicharde, incapable, le fait qu’elle se fait capturer dans sa cuisine où elle passe sa journée résume bien ce qu’il y a à en penser. Et puis il y a un némesis savoureux, une vieille dame très proche du traditionnel Gargamel “Je vous aurai, mauuuuudits Schtroumpffffffffffs, gnéééééééééé”. Et puis une petite vieille en méchante, c’est pas vraiment dans l’air du temps de Tokyo qui cherche plutôt ses centenaires encore vivants. On n’atteint pas le bizarre au summum détenu par Ponyo qui rencontre une femme qui donne le sein à son gosse. A la place, on a Cécile Corbel en mode Joe Hisaishi celte. Des images song durant ton Ghibli, pas courant. Elles sont assez réussies et sans déconner, même sans paroles, c’est ce qui swingue le plus dans Arrietty. C’est couillu.
Un extrait : With you(あなたと共に)
Mais moralement, l’idée de trouver un héritier légitime à Miyazaki est un peu flippante. Voir une faction de copycats cuisiner à peu près la même sauce des années après sa mort, avec les mêmes jeunes filles découvrant la vie sur fond de paysages mélancoliques déjà vus, oauif. Dans Arrietty, Miya lui-même donne des instructions, clefs en main, comme aux derniers jours de Mitterrand. Arrietty, c’est un peu ça, de la ventriloquie, un exemple où la caricature de néo-nostalgie sent le film posthume avant l’heure. Please not.
Borrower Arrietty Final Trailer
Jul 6th 11:02
Com-Robot