Attention, vingt premières minutes sublimes. Zéro dialogue, musiques à vrai dire “je ne sais plus”, et Daniel Day Lewis qui acte à mort le non-événement, fouillant inlassablement le sol hostile de l’ouest américain. Le plan où il rampe, solitaire, face au désert, m’en a filé pour mes thunes, merci Paul Thomas Anderson. Ensuite on rentre dans un cycle de la folie. Day la joue (la folie) face caméra, sur une zique assourdissante qui ferait passer une descente de valkyrie pour un pique nique à Paris Plage. Même quand il se passe fuckn’ rien, la sono est foutue à fond, à tel point que ça rappelle les boites de nuit assourdissantes où l’on aimerait bien discuter avec la fille à la bouche concupiscente accoudée au bar mais bon sang, pas moyen.

Maintenant que la perf’ (forcément brillante, check) de Day Lewis est entendue, il reste un film type « Rise and Fall », sauf que le fall ne vient pas. L’ascension implacable du magnat du pétrole accompagné par son môme inéluctable est bizarrement équilibrée : les scènes grandioses sont intercalées par d’autres totalement granguignolesque. Une discussion méga importante sur son enfance ou avec son môme sera contrebalancée par une où Day est ivre mort et gueule en faisant des contorsions du visage (au mieux) et des mouvements de bras zarbi comme lorsqu’il est à jeun. Impossible à savoir avec lui, he’s maaaad. Du coup, le résultat repose vraiment sur sa propre sensibilité à la hype, tant le film se pose sur un fil tendu entre profondeur et ridicule, que PTA ne se gène pas pour franchir consciemment lors d’une scène finale ubuesque, ce qui est con car elle suit elle même un climax freudien absolument sublimes. Bref, sensibilité à la hype ou alors aux testostérones du bogosse qui feront le reste. Hé, ça a pas mal marché pour Iron Man.