Hulk Hercules, le comics le plus fuck yeah de l’année. Hulk n’est plus qu’au cinéma (on admire le timing, bravo) du coup, la relève avec des poils au menton est là.

Le monde (i.e. les Etats Unis) a subi de plein fouet la guerre avec Hulk (résumé complet ici). Déguisé en Gladiator-bélix, il était revenu pour régler quelques comptes avec ceux qui avaient ordonné son exil. Sur Terre, il s’était trouvé quand même quelques soutiens. Hercules, héros des années bénies de la Marvel, fils de Zeus, gueule de bois olympien, mort empoisonné par sa femme puis revenu Dieu, rabelaisien, homme à femmes et des 12 travaux, brawler historique des Avengers et finalement barbu notoire a choisi le camp de son pote Hulk, convaincu de sa bonne foi. A ses côtés, le jeune prodige Amadeus Cho, personnage mineur apparu dans Amazing Fantasy V2 N°15, est devenu le sidekick ultime du dieu de l’Olympe. Alors que ce dernier minimalise sa stratégie générale (« je cogne des trucs, et ça tombe »), Cho, lui, fait parti du top tiers des génies de l’humanité. Il est numéro 7 du classement ATP des cerveaux aussi surement que Booba est N°10 dans sa team.

Après la débâcle World War Hulk et ses milliers de réfugiés, les quelques partisans de Hulk sont aussi désorganisés que les membres du Parti Socialiste après la dernière taule aux élections présidentielles. Hercules essaye de la jouer profil bas et se rend au Shield en compagnie de Cho. Ce dernier se voit proposer, malgré son jeune âge, d’aider l’organisation du rapatriement des réfugiés post WWH. Refus catégorique du mouflet, y voyant là une manière de le contrôler et surtout de l’utiliser comme une arme (le Shield est loin d’être clean ces derniers temps, voyez Civil War). Le dieu et son pote s’évadent. Malheureusement pour eux, dans l’autre camp se trouve Arès, le demi-frère fou d’Hercules. Et quand on parle de fou, c’est » vraiment » fou. Sa première action sera de récupérer un peu de sang dans l’Hydre de Lerne pour en foutre dans des balles, seules projectiles à même de pouvoir faire du ma à son frère. Arès n’est pas là pour discuter, tergiverser, Arès fait ce qu’il fait de moins pire : la guerre. Odieux psychopathe, il est le rival parfait pour Hercules qui tente de se casser alors que ça stratégie de base est en général de frapper des trucs. Un exemple de dialogue familial :

Du pur génie.

Mais pire qu’un fugitif, il y a un fugitif sans planète. Dans le cadre de Secret In vasion, syndical crossover de l’été (qui dure 8 mois, hein, chez Marvel c’est comme ça), Hercules va se retrouver à la tête d’une équipe un peu ouf de dieu de toutes religions confondues, justement surnommé la « God Squad » par Amadeus. Et histoire que ce soit bien grandiose comme il faut, ils vont affronter les dieux skrull en personne. Dans le monde Marvel, on se connait bien entre Dieux. On se bat depuis des millénaires, on baise parfois (ce qui change des animaux, surtout chez les divinités égyptiennes ou grecques, les salopards) et surtout on badine souvent ensemble, vu qu’en général ils sont encore plus immortels que Michel Drucker. Les V.I.P de ce « God Squad », c’est Atum, Ajak, Mikaboshi (qui ne s’exprime qu’en Haïku, superbe), Snowbird d’Alpha Flight. Volontaire contre son gré dans cette mission suicide, Hercules traine les pieds, gêné d’avoir à faire le chef. Attention, on y voit des extra-terrestres mourir, décapité à la mâchoire ! Oui !

Un dieu en haïku :

Et après il se bat avec des ours !

Ce qui fait le succès d’Hercules, c’est d’abord l’utilisation d’un héros devenu secondaire à la fin des années 80. Il a eu son heure de gloire, un story arc démentiel où il se fait foutre dans le coma mais depuis, walou. Greg Pak avait prouvé qu’il était un bon scénariste lors de ses précédentes prestations, le voilà couplé à Fred Van Lente, le génial auteur d’Action Philosophers, un comics d’action mettant en scène la vie de Spinoza, Descartes, Karl Marx et pas mal d’autres penseurs sexys, véritable héros d’action de la pensée. Grâce à ce spécialiste, on a le droit à des flashbacks assez fous de mythologie, explorant le passé tumultueux d’Hercules et des siens. Grace à Pak, cette version libérale des aventures divines se combine parfaitement avec les différentes contingences du monde Marvel d’aujourd’hui. C’est à ça qu’on reconnait un comics de « maker », de la trempe des Peter David : ils envisagent les événements dans l’angle qui collerait le mieux à leurs personnages. Sans jamais être out-of-character, Hercules n’a jamais été aussi pêchu, aussi tendu, aussi hip, aussi drôle qu’aujourd’hui. C’est le meilleur comics des années 80 d’aujourd’hui, du fun à l’état pur et un des meilleurs titres Marvel. Highly recommended !