Archive for July, 2009

Dragon Quest IX

(pas de spoiler)

United Red Army

On a du mal à croire, quand on voit le Japon d’aujourd’hui lénifié par l’industrie du loisir, qu’on puisse y trouver encore un activisme politique, encore moins du communisme. Cependant, la crise qui frappe de plein fouet le Japon a, semble-t-il, relancé une vague d’intérêt pour Marx et son Capital, comme si les réponses apportés par 60 années de capitalisme galopant post-WWII avaient laissé un manque. C’en est fini du « pas-de-politique » à œillères, les gens veulent savoir.

United Red Army, réalisé par Kôji Wakamatsu, un mec venu du ciné undergroup jap dit pink eiga, trace le portrait assez peu flatteur des factions communistes d’assaut. D’un côté, la Fraction Révolutionnaire de Gauche, F.R.G. De l’autre, la Faction Armée Rouge, la F.A.R. Mais rien à faire, ce biobic est tellement massif qu’il en devient limite insoutenable, et pas seulement pour la longueur.

Tout commence vraiment bien : montage d’archives sur fond de Jim O’Rourke (top!), avec un narrateur dans le coup, et les émeutes étudiantes qui passent à toute berzingue. Exceptionnel. Mais là, ce n’était que la première heure. On bascule après dans une mise en scène un peu drama jap commençant dans la gaudriole. Faut les voir, ces mecs qui dévalisent des commissariats comme des bouffons pour chopper deux, trois armes. La caméra les traite presque avec tendresse. Malgré les engueulades, les factions extrémistes s’unissent. Les révolutionnaires partent tous en camping d’entrainement dans les montagnes nippones. Alors que le décor se prête plutôt au tournage d’un épisode de sentaï, ils vont tous perdre les pédales et se forcer les uns les autres à faire leur autocritique. Ils se tabassent. Certains meurent sous les coups. Les autres tombent comme des mouches. Avant même l’intervention de la police, la prise d’assaut finale, il y a déjà eu une dizaine de morts.

Voilà en condensé 3 heures de film, rendu absolument intolérable par ses scènes de torture physique et psychologique. C’est un procédé assez intelligent déjà utilisé par les films ayant pour trait l’holocauste : les rendre absolument irregardable par le contenu ou la longueur, comme pour mettre en exergue l’impossibilité de montrer ni de raconter des choses horribles. Je ne suis pas persuadé que ce soit la meilleure des méthodes ici. Cinématographiquement, c’est insoutenable et malheureusement, on voit trop souvent la reconstitution carton pâte (même si les acteurs ressemblent vraiment aux révolutionnaires wanabee). Mais U.R.A pose de réelles questions sur un pays dont les habitants peuvent basculer d’un fascisme pur sucre à une conscience politique radicale.

Par contre, c’est sans doute une des meilleures radiographies jamais faite sur les otakus. Les révolutionnaires dont on fait le portrait aussi, ce sont des « marxiste no otaku ».

Transformers : Revenge of the Fallen

Michael Bay te regarde. Il sait ce que tu veux. Des explosions. Et de la nana qui court au ralenti. Bay ne ment pas, il ne joue pas avec les sentiments et Transformers 2 a l’assurance arrogante d’un Bad Boys 2 dont il a canalisé toutes les « qualités ».

Un film tiré d’une gamme de jouets, transformée en dessin animés. Il y aura forcément un rapport étrange à l’enfance, surtout avec Spielberg à la prod. Dans le premier bang, les Autobots jouaient à cache-cache dans une maison pavillonnaire, la même que E.T, du pur Spielb’80’s. Transformers 2 essaye de puiser dans toute les prods de Spielberg pour remplir les vides situées entre explosion A et explosion B. On sent même naitre une vraie dynamique Indy quand Sam (même acteur qu’Indy Jr) trouve son temple d’Egypte (le même rade que la dernière croisade), après une énigme digne de l’Arche perdue. Les petits robots se transforment en Gremlins et jouent à la mini-guerre façon Small Soldiers devant le regard éberlué de Kevin Dunn (même acteur que dans Small Soldiers, again). Et de l’humour, à ne plus savoir qu’en foutre.

Un, deux comic relief maxi, ça va encore. Mais Transformers 2 n’est pas un film coréen, qui essaye de trouver un équilibre. Ici, l’humour est agressif et remplissant. Sans lui, la machine tournerait encore parfaitement. Prenez Leo, le nouveau colloc’ de Sam dont le jeu n’est pas sans rappeler la finesse de legendary Jar Jar Binks. Il n’a absolument aucune utilité propre. Son rôle pourrait être kärcherisé, le film ne changerait pas d’un iota. Cet énergumène se partage la vedette tarte à la crème avec la famille de Sam (sa mère qui mange de la drogue à la fac, ça aussi houste), deux robots jumeaux qui parle wesh (les « Ghettobots » ?), les petits robots maléfiques dont le plus nouveau centriste d’entre eux se branle sur la jambe de Megan Fox, les couilles de Devastator et attention, un plan totalement gratuit sur deux chiens qui s’enfilent. Il ne manque plus que deux, trois chutes et on tient un nouveau genre, le Mecha-burlesque. Pour sauver ce merdier, arrive au milieu du film John Torturro qui joue encore plus over the top qu’avant. Il faut le voir, monter seul la pyramide de Guizé, face à des robots, à balancer des oneliners cultes. Not on my watch. Mais quand on se rend compte que c’est Jésus de Big Lebowski et son jeu cocaïné qui est la partie comique la plus réussie du film, on se dit qu’on est passé à coté d’un truc.

Dans ce merdier, le scénario n’a fait que reprendre que le schéma d’Indy IV (pas un bon exemple), c’est-à-dire aller d’un point A à un point B, de B à C, effaçant au passage toute notion de cohérence. Pour aller plus vite, les héros se téléportent. Avec une explosion hein, Magic Bay veille.

TF2 essaye de jouer au divertissement total, en misant à fond sur la comédie, la baston, la fable moraliste (les derniers plans, ouch) sans jamais réussir et parfois en passant à des années lumières de l’objectif escompté. Même ce qui était installé dans le premier film est sagouiné. Genre le chef des Autobots, Optimus Prime. Il n’est vraiment pas compliqué, Optimus. C’est un leader à la noblesse inégalable, un mélange de Roi Salomon et de Lionel Jospin (ou Abraham Lincoln, l’équivalent version states). Dans sa première scène, il abat froidement un Deceptican dont le seul crime était de… bah d’être là.

Son némésis Megatron, une fois revenu, a une scène absolument incroyable avec Starscream, complètement dans l’esprit TF G1. Et paf, plan suivant, il a un maitre (qui se reconnait grâce à sa barbe métallique) devant lequel il se prosterne. My master et tout le toutim. Le doctor Doom robotique qui s’écrase comme une lavette. TF2 n’arrive même pas assurer là-dessus et préfère devenir un néo Fast & Furious écrit avec de gros sabots comme Taxi 1234 (voitures, vroom, méchants caricaturaux, rap et bombasses, abonnement à Tunning&babes magazine).

Not on my watch.

Il n’y a pas des masses de circonstances atténuantes mais en cherchant bien, on en trouve un peu. Il y a un SR-71 Blackbird et à un moment un aspirateur Dyson se transforme en robot. Le mecha du quotidien qui fait kri kru kru kro, voilà une lueur d’espoir.

Sauvé par un Dyson donc: mais pas plus.