Quand on a bossé un paquet d’années dans le jeu vidéo, on sait très bien que tout ce qui est valable, pertinent et mémorable finira toujours par nous revenir à la gueule sous forme de remake. Je croyais m’être habitué à voir les souvenirs repackagés mais là…

Fincher fait sa version de Millenium. The Girl with the Dragon Tatoo était sorti en 2009 et Dieu seul sait qu’il était grand temps d’en proposer une nouvelle version. A la réflexion, il est même presque trop tard pour ça, on se demande ce qu’il a pris autant de temps. Celui qu’il a fallu pour que Fincher se défende d’avoir vu la version suédoise histoire d’amener de nouvelles idées pour…

Non, je déconne, c’est le même fucking polar, mais en anglais.

En même temps un film avec des nazi et de la neige, ça peut pas faire de mal. J’en étais donc resté Millenium, à ce téléfilm momoche remonté en en trop long métrage. L’image de ce mec au regard béat contemplant l’arbre généalogique de la famille, l’objet de son enquête. “Mes deux frères sont membres du parti fasciste” dira aussi bien Sven-Bertil Taube que Christopher Plummer (Oscar du meilleur vieux de l’année dans un rôle de gay). Mec, un indice: follow the nazi trail…

Dans son fast-remake américain, le Nyqvist est remplacé par Daniel Craig ce qui permet à Fincher de caler quelques Ass-shots. Et d’après toutes mes amies, sans aucune exception, c’est le genre de détail qui peut te sauver un film.

Ainsi donc, il paraît que Fincher n’a pas regardé l’adaptation venue du norsk. Peut-être ? Finalement, qu’est ce qu’on s’en tape, l’important c’est de faire du bon cinéma, surtout quand on a payé des milliers de $$$ pour les droits. Mais il est vraiment étonnant de voir quasiment le même film, plan par plan, ass rape inclus. Toujours filmée de manière aussi frontale, la scène du viol laisse vraiment un goût affreux de récidive.

Un petit détail irritant: je n’ai pas lu le bouquin (pas intéressé du reste) mais le rôle de la fille en version US évolue de manière assez étrange. Elle n’est pas aidée par l’interminable fin non-elliptique qui développe le-moindre-petit-aspect-du-final, le seul passage vraiment supérieur dans la Version N°1. Rooney Mara devient quasiment omme un moineau tandis que Noomi Rapace ne cachait pas un seul instant qu’elle servait de Blomkvist. D’une killeuse badass cassée par la vie, goth bisexuelle un peu folle, elle devient loveuse. Mais peut-être que c’est ça, l’effet Daniel Craig ?

On voit parfaitement ce que Fincher a voulu faire ici et il a bien saisi ce qui était intéressant dans Girl with the Dragon Tatoo. Pas vraiment l’histoire mais ses personnages. Un peu comme le génial Zodiac, un des meilleurs films sur l’échec, ou Social Network, un film incroyable sur un génie qui échoue sentimentalement, des films où le sujet n’est jamais vraiment là où le croit. Son approche méticuleuse des personnages est généralement hypnotique, et c’est aidé par la musique entêtante. Et ça fonctionne plutôt bien ici.
Le cycle “un bon film sur deux” est presque rompu, mais hé, j’ai vu le même film (albeit en moins bon) il y a 2 ans. C’est visuellement super, la tension est palpable, mais quand je pense à tout ce blé qui aurait pu aller à un village d’Afrique…

Même mieux réalisé, il subit de plein fouet le syndrome du déjà vu. Mais si Melancholia version Bollywood venait à sortir cette année, je retire tout ce que j’ai dit sur les remakes.

 

Le mieux reste le trailer parodiques des Muppets. Le meilleur d’entre tous. Allez, encore un coup.


WOCKA