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Note sur la suppression générale des partis politiques
Oct 8th
L’actualité mérite qu’on se replonge dans un texte assez fondamental (que j’ai lu cette année au hasard de diverses documentations) de Simone Weil (la philosophe, pas la femme politique), intitulé «Note sur la suppression générale des partis politiques ». Ecrit il y a plus de 50 ans, ce texte est un réquisitoire contre la démission de l’esprit individuel au profit d’un parti et de son modus operandi. Elle analyse avec une justesse rare l’idéologie de « cette discipline de parti », l’exacte antithèse du bon sens, l’avilissement de l’individu au profit d’une structure complexe.
Et pour finir, rions un peu. Le week-end dernier, François Hollande déclarait “La meilleure façon de faire la révolution, c’est de gagner les élections“.
la Marionnette et le Nain
Jul 21st
Attention, coup de cœur. Žižek est mon auteur de chevet depuis quelques mois et après avoir dilapidé tout ce qui ce fait en français, il va me falloir puiser dans ses écrits publiés aux USA. Žižek (avec double accents, oui) est un philosophe et psychanalyste slovène qui fut longtemps interdit de publication comme tous les esprits non communistes de ces régimes. Son travail puise principalement sa source sur la psychanalyse lacanienne, et l’a conduit à travailler sur des sujets aussi varié que la tolérance, la mondialisation, la réalité et l’identité. Penseur qu’on peut qualifier de gauche, il s’en prend au communisme, au socialisme européen tout autant qu’à l’antiaméricanisme primaire de ces 10 dernières années. Mais la spécialité du gonz, c’est les parallèles avec la culture populaire classique : Spielberg, Harry Potter, l’évangélisé Judas et Matrix (un des axes premiers de son bouquin « Bienvenue dans le désert du réel »). Mais son meilleur disponible est « la Marionnette et le Nain », une relecture du christianisme par le prisme de Lacan et de Hegel, iconoclaste pour peu qu’il reste quelque chose de subversif dans une réflexion profonde sur la religion qui va jusqu’à une métaphore de l’œuf Kinder. Le grand écart. En plus, certains passages sont vraiment désopilants. Rigoureux et pragmatique, athée mais ouvert, c’est, quoiqu’il en soit, un bien malin livre de philo moderne, très au dessus des gus français qu’on nous sert dans les Campus et autres émissions littéraires. Žižek, le compagnon idéal de vos vacances.
Sur l’amour et la mort
Jul 7th
Brillant.
Le quatrième de couv’ :
« Comment l’amour qui nous abêtit, et qui est potentiellement capable de faire de nous des brutes, peut-il être ressenti et désigné comme le bonheur suprême ? L’amour n’est-il qu’une maladie, et non la plus belle, mais la plus terrible qui soit ? Ou bien est-il un poison dont le dosage décide s’il est bénéfique ou dévastateur ? Au secours, Socrate, au secours ! » C’est bien l’amour et son funeste double, la mort, que l’auteur du Parfum a choisi d’embrasser ici dans un même mouvement d’humour et d’audace. L’essayiste en appelle à Goethe, Wagner ou Stendhal, compare les destins d’Orphée et de Jésus qui, tous deux, ont tenté de vaincre la mort au nom de l’amour. Mais c’est surtout le romancier que l’on retrouve avec bonheur dans ce bref essai, lui qui sait, mieux que personne, brosser en quelques lignes des saynètes cocasses et bouleversantes.
Süskind s’attaque par ce petit essai à un sujet sous un angle intelligent, la dualité de l’amour et de la mort, via des exemples canoniques ou sur quelques moments plus insignifiants de notre vie contemporaine. L’auteur ne cherche pas à délivrer une opinion personnelle, une banalité vue et revue dans le premier mag’ féminin, non. Pas le genre de la maison. Mais la patte Süskind (la meilleure chose qui soit arrivé d’Allemagne depuis Beethoven), c’est une écriture millimétrée, précise dans ses effets et enivrante. On ne peut que trouver cela trop court.
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