J’ai souvent dit du mal du cinéma comique français pour laisser passer l’occasion de parler des exploits de Michaël Youn. Deux pour le prix d’un. Syndrome Domenech, il se retrouve toujours un peu seul contre tous. En plus, il ne défend pas toujours très bien (remember sa lettre nulle aux critiques au moment de la sortie du mythique “Incontrôlable“). Tu googleras toi- même si t’es curieux. Et forcément, je le prends un peu en pitié, un peu comme Raymond (sauf que ce dernier m’a fait gagner de l’argent, lui).

Premier film, Coursier. Rarement un film n’a eu autant la gueule d’un film du dimanche soir que celui-là. Ceux qui ont repris ce créneau tant envié du film d’apparence inoffensif,  c’est Europacorp qui produit cette Yamakazerie en scooter. Attention, on nous a sorti le scénario N°2  sur les quatre disponible en stock. A partir de ce moment, tous les passages clefs seront en italique. A toi de remettre le film Europa à sa place.

Michael Youn est un coursier qui se faufile à toute vitesse à travers la ville. Un jour, au mauvais moment, au mauvais endroit, il se retrouve obligé de transporter un colis qu’il n’aurait pas dû choper. Il se fait alors poursuivre par des mafieux. Le chaos. Sa petite amie jalouse ne lui lâche pas la grappe, ce qui créera des situations cocasses quand il se retrouvera face à face avec la superbe pépé-agent secret, séquence quiproquo à la Labiche. Et à un moment, la police se fait humilier. Et puis à la fin, méga morale et tout rentre dans l’ordre, le couple est sauvé.

Dans Coursier, Youn est en mode Acteur robotique. Attention, ce n’est pas un mal, ça veut dire qu’il fait son taf, avec presque (et j’ai du mal à croire que je vais écrire ces mots) de la neutralité dans son jeu. Jimmy Jean-Louis -the Haitian from Heroes’ fame- en fait beaucoup plus alors que, comme dans Heroes, il ne dit pas grand chose.
Cachetonnage sur son moment de célébrité, tranquilou. Et y’a pas que lui, celle qui joue la meuf de Youn (vue dans tout ce qui brille, un film qui a reçu le label Zemmour) et surtout ce vietnamien non-identifié qui joue comme José Garçia. Après une enquête de police, il semblerait que le vietnamien susnommé soit issu du Djamel Comedy Club, ce qui donne un peu une idée du ton général.

L’embarcation, fragile, arrive tout juste à surnager au dessus du seul Airwolf que je lui octroie. En fait, sans être trop ambitieuse, il lui manque ce qui fait le charme des Taxis 1234, cette bêtise un peu crasse doublée d’un bon sens poujadiste façon JJBourdin du LoL. Produit de commande, note ad hoc.

Passons plutôt à Fatal, le 8 Mile version Ali G dont la paternité dans le spectacle total est évidente. Et quand tu as été un jour réveillé à 7h50 par le Morning Live par ces 3 hurluberlus, tu sais de quoi je parle. De la caricature de rap grande époque Skyrock, celle bien débile du début des années 2000. C’était rustique, mais y’avait du Know how dans l’entreprise, et une énergie folle. Sa meilleure période diront certains. Tu rigoles, mais quand on étudiera ces sketchs à la cinémathèque française ou au Centre Pompidou dans 40 ans, faudra pas faire l’étonné.

Mais tu me vois défendre ce film qui contient quand même 2 acteurs venus du fiasco Astérix aux Jeux Olympiques, Stéphane Rousseau et Jérôme le Banner, qui s’en sortent d’ailleurs pas mal tout les deux. C’est d’ailleurs la réussite du film : il soigne les rôles secondaires, ce que font les bonnes comédies US et brit. On ne tient pas encore l’Apatow français, hein, restons calme. Michael Youn s’applique, en particulier dans sa caricature du monde de la musique avec des parodies à pisser de rire de cagoles R’n’b marseillaises ou encore de Gaëtan, fusion improbable de plusieurs nouveaux chanteurs français.

Mais Fatal se permet 3 coups de génie que Kamui Robotics se devait de souligner. Dans la toute première minute du film, Fatal arrive à bord… d’une copie de Super Copter.

Oui, Airwolf ! Le genre détail qui a déjà sauvé des films nuls comme celui-là.

Inattaquable. Ensuite, il se permet de citer Terrence Mallick, “undemeilleursréalisateursaumonde” pour une séquence de… 3 secondes. De pleine communion avec la nature. 3 secondes, hé, c’est mieux que rien. Enfin, et (presque) aussi fort qu’Airwolf, Fatal balance des quotes de Rocky IV, le chef d’œuvre anti-communiste des années 80 dont il reprend de toute manière point par point la construction Rise and Fall. Avec un tel modèle, you can’t go wrong.

Priceless VF is priceless :


Même si tu ne parles pas la langue, normalement, tu dois pouvoir te rendre compte que le russe n’est pas une langue aussi synthétique que ça. Ecoute comment le mec abrège. D’ailleurs, j’adore le passage où il dit que c’est mieux que 20 millions de mecs, et le russe dit distinctement “c’est mieux que 20 millions de dollars”. J’imagine la barre de rire durant le tournage.

Voilà, pour la première fois, une note globale pour deux films.

Soit 1/5 + 2/5+Selection comme on dit dans la presse. Do the maths.