Dans la collection film glauque, Blood & Bones aurait décroché la pole position s’il ne sombrait pas dans un déluge affreux de violence. Tout repose en fait sur les épaules d’un acteur ô combien charismatique, Takeshi Kitano, dans le rôle d’un coréen qui part vivre au Japon il y a une bonne soixantaine d’année. Et pendant tout le film, il se donnera toutes les peines du monde à se montrer odieux. Dès sa première scène, il viole sa femme. Ce n’est que le début car pas mal d’autres suivront. Ils les tabassent aussi. Ses gosses aussi. Et puis d’autres gens. Il est ignoble avec ses employés aussi. La totale de la panoplie de raclure de bidet. Les bastons sont incroyablement violentes, pas dans le sens Ong Bakien du terme mais simplement parce que les coups sont portés, sans retenue. Assez inouï dans le genre. Ca n’a pas l’air d’être du cinéma tellement c’est réalisé cash et plein cadre. C’est justement là que ça cloche. La puissance de l’évocation, ne serait-ce que pour les viols, est bien plus puissantes que ces scènes affreuses répétés à chaque fois, façon Irréversible. Blood & Bones est un peu un Frères (ou plutôt le père) Karmasov sans but, sans réel propos si ce n’est sa violence caricaturale assommante, la saga d’un mec haïssable dont la vie traverse une des période politiquement les plus troubles de l’histoire du Japon.

(le layout de l’illustration (A4) m’est venue dans le metro, puis l’idée d’appliquer les couleurs directement dessus, sans changer, a fait son chemin entre deux stations)